
Titre Original : The Reef : Stalked
De : Andrew Traucki
Avec Teressa Liane, Tim Ross, Ann Truong, Kate Lister
Année : 2022
Pays : Australie
Genre : Horreur
Résumé :
Traumatisée par le meurtre de sa sœur, Nic part se ressourcer avec deux amies sur une île isolée du Pacifique. Alors que les 3 femmes, en quête de quiétude et de liberté, partent pour une expédition de kayak et de plongée, un énorme requin blanc va les prendre en chasse. Pour survivre à la traque incessante du monstre tueur, Nic devra faire face à ses peurs et affronter le terrible prédateur.
Avis :
Le survival animalier est un sous-genre de l’horreur qui n’est pas facile à manier. Si on peut trouver une pléthore de bestioles dangereuses pour l’homme, il n’est pas si évident de créer de la tension en mettant en scène des crocodiles, des requins ou encore des insectes dégueulasses. Pourtant, Andrew Traucki, réalisateur australien, ne jure que par ça. On le découvre en 2007 avec Black Water, un film de crocodile intimiste, qui balaye son petit budget en rendant sa menace quasi invisible, et en jouant constamment sur une bête qui se cache dans des eaux saumâtres. Le succès est présent, et il enchaîne alors en 2010 avec The Reef, où cette fois-ci, un requin s’attaque à une embarcation perdue au milieu de l’océan. Là aussi, le résultat fut intéressant, notamment grâce à une belle gestion des personnages et de la tension.

Malheureusement pour le réalisateur (et pour nous), les choses ne vont pas aller en s’améliorant. Le cinéaste décide de mettre en scène The Jungle, en 2013, et ce film de jaguar pas commode va être un flop complet. Et il semblerait que Andrew Traucki ait eu du mal à s’en remettre, puisqu’il va disparaître des radars pendant sept ans. On retrouve alors son nom en 2020 sur Black Water Abyss, ou le retour du crocodile australien, dans une grotte. Le film est inintéressant au possible, et on sent une grosse fatigue de la part du réalisateur. Les choses ne s’arrangeront pas avec The Reef 2 – Traquées, encore une suite, mais cette fois-ci côté requin, où l’on va suivre quatre femmes qui se retrouvent piégées sur leur kayak, en pleine mer. Relativement bien shooté, le film souffre néanmoins de personnages malingres et d’une intrigue qui tient sur un post-it…
« les personnages sont tout bonnement catastrophiques »
Le film débute avec une bande de quatre amies qui vont surfer. L’une d’entre elles est récupérer par son petit ami, mais on sent une grosse tension entre les deux. Quelques heures après, la sœur de celle qui est partie avec son amoureux reçoit un appel, et en arrivant sur place, elle découvre que ce dernier a tué sa sœur dans un excès de colère. Après un court générique, on se retrouve quelques temps plus tard, où les filles se regroupent avec une nouvelle venue, et décident de partir en kayak sur une île paradisiaque. Malheureusement pour elles, un requin décide de les prendre en chasse. Elles vont alors devoir lutter pour leur survie. Et si le minimalisme du premier était surprenant et bon, ici, c’est tout le contraire qui va se passer. La faute à plusieurs facteurs que semble avoir oublié le réalisateur.
En premier lieu, il ne suffit pas de mettre en avant de belles images et des lieux paradisiaques pour rendre un long-métrage bon. Oui, c’est bien shooté, et c’est globalement propre (même si on sent quelques fonds verts par moments), mais les personnages sont tout bonnement catastrophiques. C’est-à-dire qu’hormis la sœur de la défunte, qui voit le requin comme le prédateur qui a tué sa sœur, les autres filles n’ont strictement aucun background. On ne sait rien d’elles, qui elles sont, ce qu’elles font là, sinon que ce sont des fans de pêche. C’est bien maigre pour créer ne serait-ce qu’un soupçon d’empathie. Mais en plus de cela, elles ne font rien pour se rendre attachantes. Certaines s’engueulent, d’autres essayent de faire preuve de courage pour on ne sait quelle raison, et le tout résonne comme creux et sans aucun intérêt.
« Le scénario est tellement vide »
De plus, en termes d’action et de moments de frousse, on repassera. Les attaques du requin sont très timides. Il n’intervient qu’une paire de fois, et tous les meurtres se déroulent hors champ, avec du sang qui vient teinter l’eau. Une maigre consolation, avec en prime un body count qui ne s’élève qu’à trois morts sur toute la longueur du film. Et il ne suffit pas de buter un enfant pour rendre l’ensemble sulfureux. Car oui, une fois que les filles sont dans l’eau, elles arrivent à rejoindre une île, sur laquelle se trouve deux femmes et deux enfants, et l’un des deux meurt, alors que l’autre se fait croquer la jambe. Le film s’emploie alors à nous faire croire que les trois femmes restantes vont repartir dans l’autre sens pour appeler de l’aide. Et donc faire face une nouvelle fois à un requin retors.
Le scénario est tellement vide qu’il est obligé de faire repartir les filles pour allonger sa durée, et tenter une approche plus psychologique, notamment quand celle qui a le plus gros trauma décide alors de plonger pour tuer le requin. C’est d’une faiblesse écrasante, et ça n’apporte rien à l’histoire, ou encore à la tension, qui était déjà au plus bas. Puis on se doute bien de la fin du film, qui occulte totalement les sentiments contradictoires que l’on peut avoir après la perte accidentelle d’un proche, louvoyant un happy end attendu et sans aucune surprise. Mais c’est finalement dans la ligne de mire du cinéaste, qui ne surprend plus personne, et se prend les pieds dans le tapis en se caricaturant sans cesse, faisant de son minimalisme un effet prout.

Au final, The Reef 2 – Traquées est un mauvais film, qui n’arrive jamais à surprendre, ni même à intéresser. Andrew Traucki se fourvoie complètement autour d’un script qui doit tenir en trois lignes, avec des personnages féminins sans reliefs, et un thème sur le courage qui manque d’inventivité. Alors oui, c’est bien filmé, et on peut trouver la corrélation entre le squale et le prédateur humain intéressante, mais globalement, on retournera se baigner sans problème dans la mer après avoir vu ce film…
Note : 06/20
Par AqME