
Avis :
Formé en 2011, Wytch Hazel est un groupe qui peut surprendre de prime abord. En effet, un peu comme l’effet Greta Van Fleet à qui l’on reproche de singer Led Zeppelin, Wytch Hazel peut évoquer un semblant de Black Sabbath, mais en lorgnant un côté plus lumineux. Leur musique est relativement particulière car elle peut paraître désuète, old school voire parfois kitsch, et pourtant, c’est un véritable festival depuis leur premier album, sorti en 2016. Le groupe se fait rapidement remarquer et signe alors chez Bad Omen Records afin d’avoir plus de budget. Et de facto, le groupe va gagner en assurance, et assumer un peu plus ses mélodies très 70/80 au fur et à mesure des albums. Des efforts qui sortent de manière quasi régulière, à peu près tous les deux ans. Et c’est au tour de Lamentations de faire son apparition, cinquième album du groupe.
Dans son écoute globale, le groupe n’a pas changé son fusil d’épaule. Il délivre toujours des musiques qui évoquent le Heavy et le Doom des années 70/80, se voulant plus doux que ce que nous proposent des groupes actuels, tout en y apportant une bonne dose de nouveautés, ou tout du moins quelques éléments qui font l’identité propre de la formation britannique. Leur son est unique, et c’est sans doute pour cela que ça marche. Car on ne va pas se le cacher, ce cinquième effort studio est encore une fois une réussite, un album facile d’accès, technique par bien des aspects, et doté d’un addictif propre à la formation. D’ailleurs, dès le premier morceau, il sera difficile de ne pas hocher la tête en rythme. I Lament est une belle entrée en matière, avec énergie et fougue, jouant sur un riff qui fonctionne dans n’importe quelle condition.
Run the Race aura un côté plus chevaleresque dans sa rythmique, avec une basse qui tabasse bien en arrière-plan, puis une guitare qui joue une belle cavalcade pour ne pas faire baisser le rythme. Il en résulte un morceau très prenant, presque dansant, qui reste un long moment en tête. Et c’est cette capacité de fournir des titres qui peuvent sembler kitsch mais qui donnent la patate qui fait la force de la formation anglaise. The Citadel sera un morceau plus particulier. Déjà il dépasse les cinq minutes et possède surtout une aura plus médiévale, presque folk sur son introduction à la guitare sèche. Lorsque les grattes électriques sont de sortie, alors le titre prend une autre ampleur, avec une montée crescendo vers quelque chose de plus épique. Le groupe surprend alors par sa maîtrise et sa capacité à construire des refrains qui restent en tête.

Et puis techniquement, c’est irréprochable, avec quelques petits solos qui passent bien. Elements aura un côté plus réjouissant, presque festif et jovial dans sa mélodie. Même lorsque le solo intervient, on a une furieuse envie de danser, ou au moins de bouger la tête en rythme, avec le sourire aux lèvres. Après cela, The Demon Within peut paraître un peu fade, voire redondant, mais il reste un titre fort plaisant, qui rentre parfaitement dans le moule instauré par le groupe. Mais Racing Forwards passe par-là, et il va lui aussi tout emporter sur son passage. La mélodie est parfaite, il se dégage une petite mélancolie de l’ensemble qui touche. La batterie martiale permet aussi de bien ressentir le groove du titre, et c’est une véritable réussite. Et il sera difficile de passer outre le chant qui fait penser à du Myles Kennedy, avec un peu plus de sobriété.
Elixir sera un interlude instrumental folklorique qui nous ramènera au Moyen-Âge, puis Woven va venir dynamiter un peu l’album, avec une rythmique qui s’emballe un peu plus (merci la ligne de basse), lorgnant alors vers un Heavy presque classique, mais avec une certaine classe. Heavy Load viendra alors se poser un petit peu, tout en posant des sonorités qui feront très médiévales, tout en gardant cet aspect moderne que l’on retrouve dans un chant mélodieux et vraiment plaisant. Il se dégage de ce morceau une jolie douceur qui fait du bien. Enfin, pour clôturer leur album, Wytch Hazel propose Healing Power, et c’est un excellent morceau. Le titre se révèle construit à la perfection, il y a une technique de dingue dans les solos, et il est difficile de passer outre un refrain catchy. Bref, une fin parfaite pour relancer la machine.
Au final, ce cinquième album de Wytch Hazel, Lamentations, est encore une franche réussite, et la preuve que l’on peut faire des sons qui évoquent des époques révolues avec panache et innovation. Les britanniques délivrent une galette qui n’ennuie jamais, dont toutes les mélodies restent en tête un long moment, tout en mettant en avant une belle technique, avec des solos imposants. Bref, ce cinquième album assoit un peu plus le groupe comme un pilier du genre, et il est dommage qu’il ne soit pas plus mis en avant.
- I Lament
- Run the Race
- The Citadel
- Elements
- The Demon Within
- Racing Forwards
- Elixir
- Woven
- Heavy Load
- Healing Power
Note : 18/20
Par AqME