novembre 15, 2025

Ennemi D’État – Sécurité ou Liberté?

Titre Original : Enemy of the State

De : Tony Scott

Avec Will Smith, Gene Hackman, Jon Voigt, Regina King

Année : 1998

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Espionnage

Résumé :

Robert Clayton Dean, avocat engagé depuis ses débuts dans une lutte acharnée contre la mafia, rencontre fortuitement un ami d’enfance, témoin malgré lui d’un meurtre politique, ce qui plonge aussitôt l’avocat dans un engrenage infernal. Il devient ainsi le dernier possesseur de la seule preuve existante du crime commis par Thomas Reynolds, le directeur de la NSA, l’organisation gouvernementale la plus secrète et la plus puissante des Etats-Unis, envers un député. Reynolds va déployer toutes ses ressources pour neutraliser et discréditer Dean.

Avis :

Parmi les cinéastes qui ont compté dans le monde du thriller et de l’action, il y avait Tony Scott. Le petit frère de Ridley Scott a décidé de mettre fin à ses jours en 2012, à l’âge de 68 ans, et il fut une grande perte pour le septième art. Il faut dire que des films comme Top Gun, Le Dernier Samaritain ou encore USS Alabama ont marqué le cinéma, du moins dans un certain genre, puisque le metteur en scène avait une réelle appétence pour le thriller d’espionnage, ou le film d’action nerveux. Sa dernière réalisation parle pour lui, avec Unstoppable et son train de marchandise inarrêtable. Bref, la filmographie de Tony Scott est riche, et certains films restent encore aujourd’hui comme des valeurs sûres qui, lorsqu’on les regarde aujourd’hui, fonctionnent toujours aussi bien. C’est le cas par exemple d’Ennemi d’Etat avec Will Smith et Gene Hackman.

Le début du film pose le cadre de l’intrigue. On y voit un sénateur qui veut jouer avec son chien au bord d’un lac, et il se fait alpaguer par le directeur de la NSA, qui veut le forcer à signer un amendement permettant d’espionner les gens 24h/24. Ce dernier refuse, prônant la liberté de chacun, et le directeur demande alors à ses agents de tuer le sénateur et de faire passer ça pour une crise cardiaque. D’entrée de jeu, Tony Scott pose le thème principal de son film, à savoir la liberté de chacun ou une sécurité exacerbée pour le soi-disant bien commun. Le contexte est donc mis en place, cernant rapidement les méchants, à savoir des agents du gouvernement qui s’octroient des droits pour faire passer en force des lois qui les arrangent. Cependant, ces méchants ne voient pas qu’ils font le mal.

« la mise en scène de Tony Scott brille par son élégance et sa nervosité. »

En effet, la grande force du film c’est que malgré des meurtres, ce directeur de la NSA met en avant la nécessité de surveiller tout le monde pour éviter des attentats, et ainsi protéger son pays. Il ne se rend pas compte du mal qu’il fait, et pour lui, une victime collatérale vaut bien des milliers de vies sauvées lors d’une explosion. Le film fait donc réfléchir à un thème universel qui, aujourd’hui encore, se révèle d’actualité. Afin de bien démontrer jusqu’à quelle dérive peut aller un gouvernement, le film met en avant Robert Dean, un avocat qui lutte contre la mafia, et qui va se trouver bien malgré dans cette affaire, récupérant inopinément la vidéo témoin du meurtre du sénateur. Il entre alors dans un engrenage qui va le forcer à fuir et à trouver de l’aide en la présence d’en ancien membre de la NSA.

C’est à partir de là que la mise en scène de Tony Scott brille par son élégance et sa nervosité. Afin de bien appuyer son propos autour de l’espionnage et la surveillance à l’extrême, le réalisateur joue avec les plans de satellites, de drones, ou encore de caméras qui se trouvent à chaque coin de rue. Le film devient nerveux lorsqu’il faut pourchasser quelqu’un, jouant avec des types qui regardent des écrans, et des plans virevoltants qui font de rue en rue. C’est très malin et cela permet d’éviter l’ennui, au sein d’une intrigue qui demeure tout de même assez conventionnelle. Disons que l’on sait comment tout cela va finir, et qui va s’en sortir. Quand tu mets en avant un casting composé de Gene Hackman et Will Smith, tu te doutes bien de la fin du film. Et encore plus avec Jon Voigt en grand méchant.

« Le seul bémol concernerait le méchant de l’histoire »

Cependant, la grande force du film réside aussi dans ses personnages, qui sont tous attachants, et possèdent un véritable background. Avant de partir dans sa chasse à l’homme, le film prend le temps de nous présenter Robert Dean, au sein de son métier, dans lequel il se livre corps et âme, mais aussi au sein de sa famille, en étant un père aimant et drôle, ainsi qu’un mari qui a eu des torts, mais qui fait tout pour les réparer. Il en va de même avec le personnage campé par Gene Hackman, un vieux fou un peu complotiste, mais qui fait cela pour une bonne raison, et qui nous touche dans son combat. Le seul bémol concernerait le méchant de l’histoire, qui n’a pas vraiment de raison de vouloir faire passer cette loi, sinon un délire mégalo de pouvoir surveiller tout le monde.

Au final, Ennemi d’Etat reste aujourd’hui un film très solide, qui a totalement sa place dans la filmographie de Tony Scott. Encore d’actualité aujourd’hui sur son thème autour de la sécurité et de la liberté individuelle, le film est tenu par une mise en scène exemplaire qui utilise tout le champ des possibles autour de la vidéosurveillance pour mieux nous impliquer dans cette chasse à l’homme moderne. De plus, le casting est impérial, avec des acteurs investis dans leur rôle respectif, campant alors des personnages empathiques et ayant un réel vécu. Bref, un excellent film, et peut-être l’un des meilleurs de son réalisateur.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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