juin 13, 2025

USS Alabama – Guerre Froide en Eaux Troubles

Titre Original : Crimson Tide

De : Tony Scott

Avec Denzel Washington, Gene Hackman, Viggo Mortensen, George Dzundza

Année : 1995

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Drame

Résumé :

Une bande de nationalistes russes s’empare d’une base de lancement de missiles nucléaires stratégiques et menace le reste du monde. « L’USS Alabama », le sous-marin nucléaire le plus puissant des Etats-Unis, reçoit l’ordre de partir vers les côtes russes. Un premier ordre est envoyé à l’état-major du submersible lui intimant l’ordre de bombarder la Russie, lorsque arrive un second message indéchiffrable.

Avis :

Parmi tous les réalisateurs spécialisés dans le film d’action, Tony Scott tient une place particulière. Déjà parce qu’il a eu un destin funeste en décidant de mettre à ses jours en 2012, mais aussi parce qu’il possède une filmographie de qualité, avec des films qui ont marqué des générations, aussi bien chez les spectateurs que chez d’autres cinéastes. Des longs-métrages comme Top Gun, Jours de Tonnerre ou encore Le Dernier Samaritain sont autant d’exemples qui parcourent sa carrière sur plusieurs décennies. Durant les années 90, le réalisateur est très prolifique, proposant pas moins de sept films, et au milieu réside USS Alabama, une histoire de sous-marin nucléaire dans un contexte de guerre froide où la Russie est plus menaçante que jamais. Considérée comme l’une de ses meilleures œuvres, le film offre un duel au somment entre Denzel Washington et Gene Hackman.

Histoire de bien poser son contexte, USS Alabama débute avec une mise au point « historique ». On y retrouve un journaliste de CNN, se trouvant sur le porte-avions Foch, qui raconte qu’un dissident russe essaye de faire un putsch contre le gouvernement, et a fait main basse sur une armée, ainsi que sur des silos de missiles nucléaire. Ce dissident menace ouvertement les Etats-Unis, et même s’il n’a pas les codes d’activation de ces missiles, il représente un danger suffisant pour que le sous-marin Alabama soit envoyé sur place. Tony Scott s’inspire donc de la guerre froide pour mettre en avant une montée en tension dangereuse pour toute l’humanité. A la suite de cela, on va aller dans une famille, durant l’anniversaire d’une petite fille, où l’on comprend vite que le père travaille dans l’armée, et il est appelé pour devenir le second dans ledit sous-marin.

« le film va jouer les rapports de force entre ces deux hommes. »

Comme bien souvent, le réalisateur essaye d’insérer quelques éléments touchants à son histoire, notamment en montrant rapidement ce père de famille aimant, qui va devoir se séparer de sa femme et de ses enfants pendant un certain temps, au sein d’une situation dont il n’est pas sûr de revenir vivant. Le problème, c’est qu’ici, c’est fait très rapidement, et même si on voit que l’homme est profondément humaniste (chose qui sera creusée au fil des discussions durant le film), on ne sent pas l’empathie nous envahir. Pour cela, il faudra attendre la rencontre avec le capitaine du vaisseau, un type qui semble agréable, mais qui est un gros con, imbu de sa personne, bourrin de nature, et qui ne supporte pas qu’on lui tienne tête. Forcément, le film va jouer les rapports de force entre ces deux hommes. Une confrontation inévitable qui sera un miroir de la situation sur terre.

Très vite, le film va mettre en avant deux tempéraments différents. Si le personnage interprété par Denzel Washington est mesuré et réfléchi, celui campé par Gene Hackman est plus virulent, plus sec, n’hésitant pas à mettre son équipage en situation de crise pour quelques exercices d’attaque. On se rend compte que les deux hommes vont se mettre sur la gueule, et que cela ne sera que le reflet de ce qui se passe en Russie. Le film joue sur cette dichotomie, montrant deux camps qui s’opposent alors qu’ils font partie du même pays, de la même nation, et qu’ils représentent juste deux façons différentes de voir les choses. Dans son script, le film est assez malin pour ne pas en faire des caisses, et nous laisser voir les choses telles qu’elles sont. Et cela met en avant aussi les tensions qui peuvent régner dans un lieu clos tel qu’un sous-marin.

« on notera aussi un récit sur le rapport à l’autorité »

Bien évidemment, on notera aussi un récit sur le rapport à l’autorité, et savoir si l’on doit obéir aveuglement à des ordres qui peuvent sembler incomplets, voire incohérents. La grosse dispute viendra avec un ordre incomplet à cause d’une coupure de communication, et les interprétations seront différentes, entre un humaniste et un guerrier. Encore une fois, c’est très intéressant de mettre en tension un intellectuel et un bourrin, qui ont tous les deux des raisons d’agir en fonction de leurs idéaux et de leurs traits de caractère. De plus, cela est servi avec une mise en scène dynamique, alors même que l’on évolue dans un lieu exigu. Tony Scott avait un talent de dingue pour mettre de l’action et de la tension dans des endroits qui ne sont pas forcément faits pour ça. Et les prestations de Gene Hackman et Denzel Washington sont très bonnes, offrant un vrai duel.

Seulement, tout le film n’est pas parfait. En premier lieu, on peut lui reprocher un aspect trop répétitif. Si on sent la tension entre les deux hommes, et des équipes qui se déchirent en fonction de leur point de vue, on n’aura pas cela avec les confrontations entre sous-marins. Le cinéaste met en avant deux scènes de combats sous-marins, et on retrouvera des séquences qui se répètent, altérant alors l’aspect tendu de l’affrontement. De plus, on n’aura jamais vraiment peur pour l’équipage, la faute à une présentation trop sommaire des personnages secondaires. Malgré un casting zinzin (Viggo Mortensen, George Dzundza, James Gandolfini), les protagonistes manquent de consistance et d’interactions avec les deux personnages principaux. Et de ce fait, on ne ressent aucune empathie pour eux, même dans les moments de tension, ou de sacrifice. C’est dommage, et cela donne un sentiment de ventre mou.

Au final, USS Alabama est un film réussi, c’est indéniable. Son écriture miroir qui démontre que dans chaque pays, il y a des idées qui s’opposent et qui peuvent prendre la forme d’un putsch militaire, est excellente, et le long-métrage est porté par deux acteurs de talent dont la dualité est palpable. Néanmoins, on ne peut lui retirer quelques scories, à l’image de personnages secondaires dispensables, un manque d’empathie, et un rythme qui s’essouffle lorsqu’il faut aborder les batailles sous-marines. Bref, il s’agit-là d’un film très intéressant, bien mis en scène, mais qui n’est pas le meilleur de Tony Scott.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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