avril 23, 2024

P!nk – Hurts 2B Human

Avis :

Dans le monde des chanteuses américaines à voix, P!nk fait un peu office d’électron libre. Déjà parce qu’elle essaye, à chaque album, de s’éloigner d’un carcan pop trop surfait, mais aussi parce qu’elle est parfois estampillée « rock », ce qui fait pouffer les amateurs de guitare. Mais depuis les années 2000, P!nk cartonne et enchaine les collaborations et les récompenses. Aujourd’hui, elle cumule tout de même près de 60 millions d’albums vendus et 75 millions de singles, ce qui est énorme. Et même si l’on n’aime pas la pop, on connait forcément des morceaux de la demoiselle, que ce soit Get the Party Started ou Family Portrait. Jouant constamment sur la joie et la mélancolie, P!nk est une artiste complète qui tente des trucs à chaque album. Hurts 2B Human, son dernier en date, n’échappe pas à la règle, même s’il se fait sans surprise.

Le début est assez surprenant avec Hustle. On a droit à une guitare sèche qui scande un bon rythme, quelques sifflements et une bonne ambiance générale. La chanteuse se régale et même si elle offre un morceau assez court et sans poil de cul qui dépasse, ça reste sympathique. Les choses vont se corser par la suite avec (Hey Why) Miss You Sometime. Sortez l’autotune et l’arrangement électro dégueulasse, on plonge dans une pop insupportable, interchangeable avec n’importe quel autre « tube » moderne. Le refrain renoue avec une gratte sèche, mais ça ne suffira pas, le mal est fait.  Ce yoyo entre moment intéressant et morceau taillé pour la radio sera le plus grand mal de cet album, qui ne trouve pas du tout d’équilibre dans ce qu’il propose. On sent que la chanteuse veut aller voir ailleurs, mais elle se fait rattraper par les exigences des studios.

Walk me Home, le premier hit choisi pour vendre l’album, recèle bien des arguments pour lui, avec sa rythmique qui monte crescendo, ses airs un peu folks et son refrain fédérateur. Cependant, on est encore dans un moule calibré qui ne sort jamais de ses limites pour offrir un truc un peu plus fou. Et c’est dommage car l’artiste a du talent et possède une aura lui permettant de faire autre chose que cette soupe. Le côté punk de P!nk a vraiment foutu le camp avec le succès. Et que dire de My Attic, une ballade insupportable où la chanteuse raconte ses anecdotes passées en ressassant ce qu’elle a dans son grenier. On joue sur la corde sensible pour faire pleurer les midinettes et les ménagères de plus de quarante ans, mais globalement, c’est du déjà entendu des centaines de fois.

Au rayon des poisons mous du gland, on peut aussi compter sur 90 Days, avec un type qui utilise un autotune poussé au maximum, pour offrir un truc imbuvable et interminable. Cela rejoint des titres sans intérêt qui se veulent importants dans le message, mais qui ne sont que des successions d’inepties pour plaire au plus grand nombre. Rien de sulfureux dans Courage, qui pourrait être chanté par Christina Aguilera ou n’importe quelle autre chanteuse avec un peu de coffre. C’est décevant et consensuel au possible. Et cela se recoupe avec Love me Anyway avec un Chris Stapleton qui force sa voix gave, au point de faire croire qu’il est sur les chiottes, ou encore Circle Game et The Last Song of Your Life. Bref, du sirop de sucre qui en devient écœurant au bout de seulement deux écoutes.

A côté de cela, on retrouvera des titres calibrés pour les charts et la radio, avec ce qu’il faut d’arrangements électros et de rythmiques pré-enregistrées transposables à n’importe qui. Can we Pretend est une purge proprement insupportable, où la chanteuse enfile les perles sans jamais rien réinventer, avec en prime un refrain qui donne envie de sauter par la fenêtre d’une voiture lancée en pleine vitesse sur l’autoroute. On peut aussi citer Happy, qui oscille entre le côté pop acidulé et la mélancolie avec des paroles personnelles, où la chanteuse estime qu’elle a peur d’être heureuse… Le truc le plus inintéressant en termes de sujet…

Au final, Hurts 2B Human, le dernier effort de P!nk, souffle le chaud et le froid, mais on aura toujours tendance à rester sur les partitions qui ne nous réchauffent pas. Si le début est prometteur et que l’on peut entendre certains échos au côté punk de la chanteuse, on va vite se rendre compte qu’elle succombe aux cloches du mercantile et des volontés de sa maison de disques pour offrir un truc consensuel et sans aucune surprise. De la pop morte-née qui s’oublie très vite, et se consomme comme un fast-food trop gras et sans goût.

  • Hustle
  • (Hey Why) Miss You Sometime
  • Walk me Home
  • My Attic
  • 90 Days
  • Hurts 2B Human
  • Can we Pretend
  • Courage
  • Happy
  • We Could Have it All
  • Love me Anyway
  • Circle Game
  • The Last Song of Your Life

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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