avril 25, 2024

Oxymorya – Save Your Mind

Avis :

C’est une phrase que l’on doit écrire à chaque chronique sur un album métal français, mais oui, il existe dans nos contrées des groupes talentueux, et ils ne sont malheureusement pas mis en avant dans les grands médias, ce qui leur confère une situation précaire. Comment percer quand on est mis au rebut par la sphère culturelle de son propre pays ? Retrouve-t-on cela en Allemagne ? Dans les pays scandinaves ? Ou même outre-Atlantique ? la réponse semble assez évidente, et c’est bien dommage, car on est censé être le pays de l’ouverture d’esprit et de la richesse culturelle. Oxymorya est un groupe qui vient de Franche-Comté et qui a payé cher les absences de publicité, mais aussi la crise du Covid, qui aura eu raison de la formation, formée en 2018 sous ce nom, et disparu à peine trois ans plus tard.

Save Your Mind est donc le seul et unique album du groupe, sorti de façon indépendante en 2019. S’organisant autour d’un Métal qui se veut Symphonique, les français visent tout de même au-delà, avec un choix audacieux, mettre deux chanteuses, l’une plutôt lyrique et l’autre qui va prendre des airs de bonhomme pour lâcher quelques bons growls. Dès le départ, avec Welcome to Earth, on ressent tout le potentiel de la formation. Les riffs sont rugueux, le rythme est savamment dosé et surtout, il y a un bel échange entre les deux chants et cette envie de faire à la fois du sympho et de l’alternatif, voire du Death. Bon, d’accord, un Death gentillet, mais qui a le mérite d’être bien fichu et de donner une bonne patate à l’ensemble. Le seul défaut de ce titre est peut-être la voix claire de la chanteuse lyrique, qui est très nasillarde.

The Cave part sur les mêmes bases, tout en n’étant pas dans la redite. On retrouve un échange parcimonieux entre le growl et le chant plus lyrique (d’ailleurs, si le chant clair revient sur les refrains, il reste plus discret dans l’ensemble du titre), et surtout, les breaks sont parfaitement réalisés. Le groupe trouve un bon équilibre entre des passages virulents, presque proche du Black, et des moments plus aériens, à l’image de ce clavier qui vient adoucir refrain et fin de morceau. A ce titre, la production est impeccable, montrant que l’on peut aussi faire grandiloquent dans le métal français. Remember sera du même acabit, mais on y retrouve de nouveaux éléments, comme un joli blast à la batterie, et une rupture de ton bien dark qui donne un nouvel allant pour le titre.

In the Long Run… We are All Dead se veut encore plus sombre, et il va permettre à la chanteuse lyrique d’encore plus pousser, offrant alors une belle ampleur à l’ensemble. Encore une fois, l’aspect épique est bien retranscrit et on va être surpris par cette production quasi-parfaite. On aura même un break électro, qui peut laisser un peu sur le carreau, mais qui aborde une autre facette du groupe, qui lorgne sur ce moment-là un petit Métal Indus des familles. Arcadia, qui est une référence à l’ancien nom du groupe (qu’il utilisera de 2015 à 2018) est un titre charnière dans l’album, puisqu’il est une synthèse de tout ce que le groupe sait faire. C’est doux au départ, ça s’énerve progressivement, et il y a une sensation de complétude qui fait plaisir à entendre. C’est aussi là que l’on entendra les prouesses techniques des guitaristes.

C’est en abordant Divina Machina que l’on va aussi percuter que le groupe est ouvert à d’autres styles. Plus court, plus méchant et presque axé autour d’un métal alternatif virulent, Oxymorya s’essaye à un titre puissant et relativement intéressant. Puis Behind the Door laisse plus d’espace aux grattes, qui viendront parfaire une introduction géniale, avant de lâcher les vannes pour quelque chose de plus mainstream mais finalement de très addictif. The Great Apocalypse se veut un gros titre puissant et épique, et c’est ce qu’il va être. Le seul petit défaut que l’on peut lui trouver, c’est son refrain un peu trop nasillard et son absence de moment réellement marquant. Enfin, This is the End (titre malheureusement évocateur pour le groupe) démarre au quart de tour, pour nous percuter fort. Bref, un dernier coup de collier qui donne forcément envie d’y retourner.

Au final, Save Your Mind, le seul album d’Oxymorya, est une belle réussite et on ne peut que regretter la mort du groupe. Il réside une réelle envie de bien faire, d’alterner les genres et de proposer un métal autrement, d’autant plus dans nos contrées. L’album est complet, n’ennuie jamais et démontre aussi une production presque sans faille, qui fait étalage d’un sacré savoir-faire. Encore une fois, comment ne pas être attristé par le sort du groupe ? Bref, on conseille fortement.

  • Welcome to Earth
  • The Cave
  • Remember
  • In the Long Road… We are All Dead
  • Arcadia
  • Divina Machina
  • Behind the Door
  • The Great Apocalypse
  • This is the End

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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