mai 8, 2024

Iggy Pop – Every Loser

Avis :

Qui aurait pu prédire le retour d’Iggy Pop à un rock nerveux, plus proche de ses jeunes années avec The Stooges que celles plus récentes, où l’artiste semblait s’être assagi. Car depuis ses détours vers la chanson française, ou encore le Jazz mâtiné de Spoken Word de Free (2019), on aurait pu se dire qu’à près de 76 ans, l’iguane n’avait plus la fougue d’antan et voulait se reposer à Miami, sa ville d’adoption. Sauf que voilà, il rencontre Andrew Watt, qui est un fan absolu et qui a déjà bossé sur le dernier album d’Ozzy Osbourne. La magie opère alors, et c’est entouré de cadors du genre qu’Iggy Pop va sauter le pas et offrir un retour aux sources, avec, malgré tout, quelques moments plus doux. Forme de synthèse de sa carrière, ce vieux briscard arrive encore à nous surprendre et à reprendre ses élans punks.

L’album débute d’ailleurs tambours battants avec Frenzy. On plonge dans un Hard Rock nerveux, dans lequel le chanteur met les points sur les I en annonçant très clairement qu’il est de retour avec une phrase d’accroche pour le moins… équivoque. Dès le départ, on sent que l’iguane est de retour et qu’il ne va rien lâcher. En même temps, il bosse bien entouré avec Chad Smith aux fûts et Duff McKagan à la basse en ce qui concerne les musiciens les plus redondants, mais on aura aussi les participations de Travis Baker, Dave Navarro ou encore un certain Taylor Hawkins (paix à son âme). Forcément, avec tout ce petit monde autour de lui, pas question de se reposer sur ses lauriers et de proposer un truc mollasson et sans véritable âme (oui, Free a été une grosse déception). Et c’est assez drôle de voir combien les titres nerveux sont omniprésents.

Modern Day Rip Off a tous les atours d’un bon Hard Rock des années 80, avec son riff incisif, son clavier discret mais qui ajoute une nappe de plus et son aspect presque punk dans les couplets. Un excellent titre qui donne immédiatement envie de sauter dans la fosse (chose que ne fait plus l’iguane, et on comprend pourquoi, à 76 ans). En abordant Neo Punk, le chanteur revient à ses premiers amours avec un humour débordant, riant lui-même de sa farce. En effet, dans ce titre, il raconte qu’il n’a pas besoin de chanter, il lui suffit de publier pour être connu et entendu. Et c’est vraiment bien fichu, à un tel point que c’est dur d’imaginer l’âge de ce bandit. Puis avec All the Way Down, Iggy Pop continue son petit bonhomme de chemin avec un Rock puissant et bien senti qui donne envie de hocher la tête.

Néanmoins, au milieu de toute cette énergie qui nous emporte à chaque fois, on va retrouver des morceaux moins véloces, mais qui mettent en avant d’autres facettes du chanteur. Strung Out Johnny, qui fait référence aux dangers de la drogue, fait immédiatement penser au style Grunge, dont beaucoup de groupes vénèrent Iggy Pop. Le rythme est plus lent, mais on ressent toute la puissance vocale, marquée par les années, de l’iguane. New Atlantis se pose comme la première ballade de l’album, parlant de Miami, de sa beauté, tout en n’oubliant pas son côté factice, et c’est là que l’on va prendre toute l’ampleur de cette voix grave et envoûtante. Quant à Morning Show, il s’agira du titre le plus émouvant de l’album, arrivant à nous remuer avec une production splendide. On y trouvera même un petit côté Johnny Cage qui n’est pas pour nous déplaire.

Quand on parlait de synthèse de tout ce qu’a fait Iggy Pop auparavant, cela rejoint aussi ses derniers efforts, car on retrouve quelques éléments de Spoken Words, notamment en introduction de titre, mais aussi sur deux interludes, The News for Andy et son aspect jazzy, et My Animus Interlude qui vient poser une légère pause avant de conclure avec The Regency, dernier doigt d’honneur du chanteur à une royauté en dehors des réalités. Et quel bonheur de reprendre en chœur « Fuck the Regency ». Et en parlant des paroles, Iggy Pop fait preuve d’analyse assez pertinente de notre société, évoquant dans diverses chansons le réchauffement climatique, la vie des riches, ou encore la vacuité de la vie à Hollywood avec Comments. Il est assez satisfaisant de voir que ce retour aux sources se fait aussi avec intelligence et finesse.

Au final, Every Loser, le dernier album en date d’Iggy Pop, est une vraie bouffée d’air frais dans sa discographie et un réel plaisir d’écoute pour nous. Revenant à ses premiers amours, alliant un Rock nerveux avec des élans Punk, mais aussi des moments plus doux et touchants, on peut dire que l’iguane nous fait un beau cadeau, maîtrisé du début à la fin, avec un lien-up de rêve. Bref, on oublie volontiers l’album précédent pour se plonger avec allégresse dans cette seconde jeunesse, pleine de fougue et de rébellion.

  • Frenzy
  • Strung Out Johnny
  • New Atlantis
  • Modern Day Rip Off
  • Morning Show
  • The News for Andy
  • Neo Punk
  • All the Way Down
  • Comments
  • My Animus Interlude
  • The Regency

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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