mars 29, 2024

Cet Eté-là

De : Eric Lartigau

Avec Rose Pou Pellicer, Juliette Havelange, Marina Foïs, Gael Garcia Bernal

Année : 2023

Pays : France

Genre : Drame, Comédie

Résumé :

Dune a 11 ans. Depuis toujours, chaque été, elle traverse la France avec ses parents pour passer les vacances dans leur vieille maison des Landes. Là-bas, Mathilde, 9 ans, l’attend de pied ferme. Une amitié sans failles. Mais cet été-là ne sera pas un été de plus. L’année dernière, Dune et ses parents ne sont pas venus. On ne lui a pas dit pourquoi mais elle sent que quelque chose a changé. Sa mère si distante, les disputes des parents, Mathilde qui tarde à grandir, l’odeur des pins entêtante, le sable qui n’est plus si doux, les films d’horreur ridicules, les amours des grands ados du coin, tout met Dune en alerte. Elle veut comprendre, savoir. Cet été-là Dune va grandir.

Avis :

Eric Lartigau est un cinéaste français qui s’est bâti une jolie réputation. Commençant dans la comédie et le pastiche avec notamment « Mais qui a tué Paméla Rose ?« , le réalisateur a su se construire la filmographie d’un bel artisan de cinéma avec des films comme « Prête-moi ta main » ou « L’homme qui voulait vivre sa vie« . Puis au cours des années 2010, il y a eu « La famille Bélier » comédie dramatique qui révélera Louane Emera et derrière ça, qui sera le plus gros succès en salle de son réalisateur puisqu’il va attirer presque sept millions cinq cent mille spectateurs. Après ce succès fou, Eric Lartigau va prendre son temps pour revenir. Six ans après, il revient en 2020 avec « #jesuislà« , film avec Alain Chabat qui se fait un voyage existentiel en Corée du Sud, et le film se pose comme une déception.

Trois ans pile après ce film, Eric Lartigau revient avec une comédie dramatique qui se pose sur le papier comme un film de vacances qui avait tout l’air d’être solaire. Enfin ça, c’était sur le papier, car sur l’écran, le nouveau film d’Eric Lartigau a bien du mal à convaincre, offrant une intrigue brouillonne et creuse. Une intrigue qui tourne en rond, pour un dénouement qui nous laisse sur notre faim, avec un traditionnel « – Tout ça pour ça … » qui arrive en tête. Loin des émotions de « La famille Bélier« , loin de la comédie de « Prête-moi ta main » ou encore « Un ticket pour l’espace« , « Cet été-là » se pose comme une succession d’idées, bonnes ou mauvaises, et en plus de nous ennuyer, le film a du mal à se faire comprendre… Bref, comme je le disais, une belle déception.

«  »Cet été-là » est un film bancal, inégal, et qui laisse une sensation de faux. »

Dune, onze ans, vient passer ses vacances dans la vieille maison de famille dans les Landes. Là, Dune revoit chaque année sa copine Mathilde. Cet été-là a un goût étrange, car il y a quelque chose qui a changé, comme une distance qui s’est installée et tout a l’air lié à cet endroit. D’ailleurs, pourquoi l’année dernière, la famille n’est pas venue ? On n’a rien dit à Dune, juste, on n’est pas venu, et depuis, beaucoup de choses ont changé, notamment du côté de ses parents qui se disputent de plus en plus. Entre la plage, les films d’horreur, les amours des grands, cet été-là, Dune va grandir d’un coup.

Septième film pour Eric Lartigau, « Cet été-là » est un long-métrage qui m’a laissé le cul entre deux chaises, partagé entre certains passages qui sont joliment amenés, avec cette idée du passage de l’enfance à l’adolescence, mais face à cela, « Cet été-là » est un film bancal, inégal, et qui laisse une sensation de faux. Une sensation d’être un film d’auteur, qui se prend bien au sérieux, voulant absolument mettre du drame dans son intrigue, mais il le fait tard et mal, ce qui fait que le résultat résonne comme un brouillon d’idées.

« Eric Lartigau injecte beaucoup trop d’éléments dans son récit, qui ont tendance à alourdir le tout. »

« Cet été-là » se pose sur le papier comme le traditionnel film d’été, avec tous les passages importants que le genre aime bien aborder. Ici, cet été qui s’annonce pour la petite Dune a un goût différent, car on lui cache des choses et on ne lui parle pas. Bien sûr, la gamine est loin d’être naïve et entre les discussions avec sa copine, elle va enquêter (sans vraiment le savoir d’ailleurs) sur les choses qui ont changé et pourquoi elles ont changé. Dans les grandes lignes, le nouveau film d’Eric Lartigau tire quelques ficelles intéressantes, voire même amusantes, comme les discussions autour de la sexualité vue par ces petits personnages. C’est drôle et touchant de naïveté. Tout comme l’idée d’explorer la famille qui se fissure petit à petit, avec une mère qui droit affronter un événement, et un père qui essaie comme il le peut de sauver les fondations.

Mais voilà, derrière ça, Eric Lartigau injecte beaucoup trop d’éléments dans son récit, qui ont tendance à alourdir le tout, et même lui donne des allures floues. Certains éléments même arriveront de manière totalement gratuite et ils vont avoir bien du mal à convaincre… Le jeune homme qui habite sur une maison au milieu d’un lac, la scène de la noyade, les allers-retours du père, la bagarre sur la plage, la scène du sanglier… Ces éléments, et d’autres encore, laissent le sentiment d’être là pour être un rebondissement, mais c’est très souvent mal amené, ça a du mal à s’imbriquer dans l’intrigue générale. Intrigue générale qui d’ailleurs a bien du mal à convaincre aussi. Pour grossir le trait, on pourrait caricaturer et dire que cette intrigue se résume à savoir « Pourquoi Marina Foïs fait la gueule … », et lorsqu’on aura la réponse, cette dernière a là encore du mal à convaincre, car elle arrive presque par hasard, et c’est bien dommage, car cette idée et ce sujet auraient pu grandement enrichir le personnage, mais ça arrive trop tard.

« Dans son rythme, ce n’est pas ça, l’ensemble traînant en longueur et plus loin encore, il y a quelque chose qui résonne comme faux. »

On ajoutera à cela que si du côté des adultes, le film est plutôt bien tenu, notamment avec Gaël Garcia Bernal, Marina Foïs (même si elle fait la gueule) et Ángela Molina ou encore Chiara Mastroianni, du côté des plus jeunes, c’est bien plus compliqué. Si la jeune Juliette Havelange qui incarne Mathilde, la copine, est excellente, on ne pourra pas en dire autant de la petite Rose Pou Pellicer sur qui repose une grande partie du film. La petite fille a un jeu très mécanique et dicté. Ce sentiment s’étend aussi sur les ados ou jeunes adultes du film (Hugo Fernandes et Adèle Wismes).

Du côté de la mise en scène, si le film est joliment filmé, nous réservant beaucoup de beaux plans et un petit moment d’évasion dans les Landes, dans son rythme, ce n’est pas ça, l’ensemble traînant en longueur et plus loin encore, il y a quelque chose qui résonne comme faux, comme si, et j’y reviens, Eric Lartigau voulait faire du film d’auteur pour faire du film d’auteur. D’ailleurs, pour souvenir, cette idée d’auteur, le réalisateur incruste beaucoup d’images filmées par son personnage principal, qui est armé en tout temps d’une caméra, et ça a bien du mal à fonctionner et convaincre.

« Cet été-là« , malgré quelques éléments qui sonnent sympathiques et intéressants, est un film qui malheureusement se pose comme une déception. L’intrigue manque de sincérité, et surtout, elle est trop lourde, et survole beaucoup de ce qu’elle propose. Ainsi, l’ennui s’installe, et derrière ça, plus le film s’aventure dans ses idées et ses rebondissements, et plus il se fait flou, et l’on a bien du mal à comprendre où le réalisateur veut en venir. Dommage, en espérant que le suivant soit enfin un joli retour pour Eric Lartigau, car là, ça fait quand même deux déceptions d’affilée.

Note : 08/20

Par Cinéted

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