décembre 12, 2024

Les Cadors – Trop Lourd

De : Julien Guetta

Avec Jean-Paul Rouve, Grégoire Ludig, Michel Blanc, Marie Gillain

Année : 2023

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

L’histoire de deux frères que tout oppose. Antoine, marié, deux enfants, conducteur de bateaux, et Christian, célibataire, chômeur et bagarreur incorrigible. Mais quand Antoine le mari idéal se retrouve mêlé à une sale histoire, c’est Christian le mal aimé qui, même si on ne lui a rien demandé, débarque à Cherbourg pour voler à son secours. Les Cadors comme ils aimaient se surnommer dans leur enfance vont se redécouvrir au travers de cette histoire. Christian qui n’a rien à perdre, va alors défendre au péril de sa vie cette famille qu’il a toujours rêvé d’avoir sans jamais avoir eu le courage de la fonder.

Avis :

Diplômé de la Fémis, promotion 2009, Julien Guetta est un jeune réalisateur qui a traversé une grande partie des années 2010 à réaliser des courts-métrages. Entre temps, comme il a fait la Fémis en scénario, Julien Guetta collabore pour « Le petit locataire« , excellent premier film de Nadège Loiseau ou encore sur « Joueurs » de Marie Monge. Après cinq courts, Julien Guetta réalise son premier film en 2018, le sympathique « Roulez jeunesse« , un petit film qui s’était posé comme une bonne surprise.

Cinq ans plus tard, voici que Julien Guetta propose un deuxième film, et comme le premier fut une bonne surprise, je dois dire que j’attendais ce deuxième avec curiosité, d’autant plus que « Les cadors » s’inspire d’une histoire vraie. Se déroulant dans le milieu des dockers du côté de Cherbourg, tenu par des comédiens qu’on aime beaucoup, alliant comédie et drame, « Les cadors » n’arrivera pas à reproduire l’effet de surprise de « Roulez jeunesse« , car s’il tient une belle relation de frères, le nouveau film de Julien Guetta aura bien du mal à nous faire rire, tant le trait est poussif et il aura tout autant de mal à nous toucher, tant là encore, c’est poussif malgré, comme je le disais, une bonne relation de frangins.

« Julien Guetta a voulu mélanger comédie, drame et psychologie, mais la sauce a bien du mal à prendre. »

Antoine est marié et père de deux enfants. Antoine est docker, et il a bien du mal à finir les fins de mois, du coup, il vivote de petits trafics. Un matin, on lui annonce la mort de son père, un homme tyrannique et alcoolique qu’Antoine haïssait. Le jour de l’enterrement, Antoine voit revenir dans sa vie son frère Christian, un frangin qui est à l’opposé d’Antoine. Christian est bagarreur et il est toujours dans la merde. Ces deux frères que tout, absolument tout, oppose, vont réapprendre à se découvrir, après qu’Antoine se soit laissé embarquer dans une histoire trop grande pour lui.

Mince, après un premier film fort sympathique, Julien Guetta se plante avec ce second film, qui même s’il tient des éléments intéressants, aura bien du mal à fonctionner dans son ensemble.

« Les cadors« , c’est l’histoire de deux frères que tout oppose et qui vont s’entraider. Avec ce film, Julien Guetta a voulu mélanger comédie, drame et psychologie, mais la sauce a bien du mal à prendre, car le metteur en scène a franchement du mal à conjuguer ces genres, un fait étrange, car cette même conjugaison, il l’avait bien réussi avec son premier film.

Inspiré d’une histoire vraie, « Les cadors » (surnom que les deux personnages aiment à s’appeler depuis l’enfance), c’est une intrigue facile d’un côté, et assez brouillonne de l’autre.

« On se retrouve devant un film qui lasse, et devant lequel on reste dans l’attente qu’il prenne une décision. »

Film prévisible au possible, « Les cadors » est un film qui va rencontrer pas mal de soucis. D’un côté, l’intrigue de ce film est vraiment pauvre et tourne très vite en rond. Ici, les personnages sont embarqués dans une histoire trop grande pour eux, et le scénario ne s’embarrasse pas à complexifier le tout. Non, non, ici, tout est trop facile et surtout, l’on voit tout arriver à des kilomètres, car le récit n’a aucune nuance. Puis beaucoup de ces rebondissements et moments qui se veulent tendus sont très vite résolus. Des résolutions à la va-vite et qui peinent à convaincre. Des résolutions qui donnent la sensation d’être des rebondissements pour être des rebondissements, mais rien n’est vraiment écrit derrière pour nous faire croire à cette histoire.

Une histoire qui d’ailleurs ne sait pas vraiment ce qu’elle veut être, partagée entre une comédie qui très vite, avec le personnage de Christian notamment, va devenir lourde, et un drame, qui bien qu’il explore un bon sujet, les relations de famille et plus particulièrement les relations de frères, et jusqu’où on peut aller pour aider et soutenir son frangin (c’est d’ailleurs le seul sujet qui soit creusé dans le film), sur son ensemble, ce drame est bien souvent abîmé par la comédie qui désamorce toute cette histoire et les émotions qui auraient pu naître. Du coup, on se retrouve devant un film qui lasse, et devant lequel on reste dans l’attente qu’il prenne une décision pour soit nous éclater, soit nous toucher. Malheureusement ni l’un, ni l’autre arrivera.

« Non pas que les acteurs soient mauvais, mais l’écriture de leurs personnages est, soit inexistante, soit trop facile, soit bien trop lourde. »

On pourrait alors se raccrocher aux comédiens, car Julien Guetta a réuni un joli casting, entre Grégoire Ludig, Jean-Paul Rouve, Michel Blanc, Marie Gillain, mais là encore, on est déçu. Non pas que les acteurs soient mauvais, mais l’écriture de leurs personnages est, soit inexistante, soit trop facile, soit bien trop lourde. Sérieusement, le personnage de Jean-Paul Rouve est une caricature du cas social, et la trajectoire du personnage fait vraiment « film » et personnage pour être sincère et y croire, et c’est vraiment dommage, car Jean-Paul Rouve se donne, mais rien n’y fait, le personnage est lourdingue. Et bien souvent, c’est ce personnage qui abîme tout le drame que l’intrigue tente de faire exister. Idem pour le personnage tenu par Michel Blanc, qui est une sorte de mafieux, qui peine à convaincre, d’autant plus que tout est désamorcé et résolu à la va-vite à la fin du film.

Résultat des courses, « Les cadors » est une déception. Comédie lourde et drame qui manque d’émotion, Julien Guetta, avec cette histoire, a bien du mal à nous emporter, nous amuser et nous toucher. Pourtant, lorsqu’on regarde sur le papier, entre cette histoire, son sujet, la relation de frères, ou encore ces comédiens, « Les cadors » réunissait des ingrédients intéressants, qui laissaient espérer un chouette petit film, mais rien n’y aura fait, et ces « … cadors » se pose comme une comédie dramatique trop lourde et typiquement française. Dommage, vraiment dommage.

Note : 07/20

Par Cinéted

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