mars 28, 2024

L’Etrange Cas Deborah Logan

Titre Original : The Taking of Deborah Logan

De: Adam Robitel

Avec Jill Larson, Anne Ramsay, Michelle Ang, Ryan Cutrona

Année : 2014

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Pour sa thèse consacrée à Alzheimer, Mia Medina filme Deborah Logan, atteinte de la maladie, ainsi que sa fille qui s’occupe d’elle. Très vite, d’étranges événements se produisent : Deborah se réveille la nuit et procède à d’étranges rites. Petit à petit, l’équipe en vient à se demander si Alzheimer est vraiment responsable de ces événements ou si un esprit maléfique n’en serait pas la cause.

Avis :

Le found-footage n’est pas un procédé nouveau mais il a eu son heure de gloire durant les années 2000 et 2010, notamment à cause de succès incroyables comme Paranormal Activity par exemple. Cependant, si à la base, l’intention d’utiliser ce procédé était de faire entrer le spectateur dans une sorte de documentaire fictif pour être au plus près de l’action, au fur et à mesure de son utilisation, le found-footage est devenu un moyen rentable de faire des films d’horreur. Des films qui ne tiendront pas la route et qui ne seront que des bobines opportunistes pour soutirer de l’argent à moindre coût aux spectateurs crédules ou à la recherche de sensations fortes. Du moins, c’est bien souvent le cas et la majorité des films tournés caméra à l’épaule sont soit des navets imbuvables, soit des films illisibles où la moindre action entraine un vil sentiment vomitif. Mais on trouve des choses intéressantes avec cette manière de filmer comme le film policier End of Watch de David Ayer ou encore The Bay de Barry Levinson, et même si c’est rare, le bon documenteur existe. La preuve aussi avec cet Etrange Cas Deborah Logan.

Le film ne ment pas sur sa marchandise et n’essaye pas, dès le départ, de nous vendre son film comme une récolte de cassettes vidéo ou encore issu de faits réels. Nous assistons à une jeune femme qui veut faire un film de fin d’étude pour son doctorat en médecine et veut montrer les méfaits de la maladie d’Alzheimer sur la personne atteinte mais aussi sur les proches. Le film s’octroie même le droit de diffuser des passages documentaires sur la progression de la maladie afin de rendre ce film, qui oscille au départ entre documentaire et diction, plus crédible. On est assez loin d’un film putassier qui surfe sur une vague et qui veut surprendre le spectateur en lui balançant une énième histoire tirée de faits réels. Cependant, on peut reprocher une chose au film, c’est qu’au bout d’un moment, on ne croit plus trop à cette histoire de maladie et de film portant sur l’évolution de celle-ci. Rapidement, les plans inutiles sur le personnel en charge se multiplient, on filme absolument tout et il y a même des coupures assez surprenantes, qui ne peuvent exister sans montage. Et quand on connait la finalité du métrage, il y a forcément quelqu’un qui a dû se charger de monter cela, mais rien ne justifie vraiment le found-footage. Si le départ est donc intéressant pour cette manière de filmer, ce ne sera pas le cas de la fin.

Mais le film se révèle très efficace dans sa manière d’amener la peur. D’entrée de jeu, l’actrice Jill Larson est glaçante et semble cacher un lourd secret. Tout son travail autour de son physique rachitique ou encore de ses regards vraiment mauvais, montre l’implication de l’actrice et cette volonté de mettre mal à l’aise le spectateur. Les coups de folie sont brutaux, les quelques éléments gores sont sympathiques, mais surtout, il y a une ambiance malsaine qui se dégage du film. Certains passages dans le noir sont très efficaces et la présence fantomatique de cette femme d’âge mûr dans n’importe quelle pièce fait que l’on se prend au jeu et que l’on frémit plus d’une fois durant le visionnage. Par contre, il y a là aussi de menus défauts dans les effets de peur. Nous n’échapperons pas aux sempiternels jumps scare à grands coups de bruit inutiles, de portes qui claquent ou d’objets qui tombent, et parfois, si cela n’est pas prévisible, c’est juste pour surprendre et on commence à être rodé à ce genre de chose. Et puis il y a quelque chose d’assez agaçant dans ce film, c’est que dès que la bonne femme se réveille, personne n’est capable d’allumer la lumière et tout le monde sort une lampe de poche…

Mais ne boudons pas notre plaisir, car L’Etrange Cas Deborah Logan s’avère efficace et assez court pour ne pas ennuyer. D’autant plus que les moments de tension sont nombreux et que l’actrice Jill Larson est vraiment incroyable dans ce rôle. Cependant, on peut se poser quelques questions autour du scénario. Le film bascule d’une étude sur la maladie d’Alzheimer à un cas visible de possession, avec une légende urbaine à la clé. C’est très marqué dans le film, le spectateur repère rapidement de quoi il est question, mais pas l’équipe de tournage, qui reste pour aider la fille de la famille à gérer sa mère alors que tout dégénère. C’est assez peu probable et parfois, on frise le ridicule dans certaines actions. Mais peut-on blâmer cette envie de passer d’un film plus ou moins sérieux à du bis qui s’assume et qui va jusqu’au bout de son concept, notamment sur la fin, avec une transformation impressionnante et tout simplement dérangeante ? Doit-on vraiment dire que le film est raté parce qu’il essaye d’aborder une légende urbaine, délaissant son sujet principal ? Non, parce que ça reste bien fait, cela donne de la tension au film et surtout un intérêt à voir cette femme qui perd complètement la boule. L’Etrange Cas Deborah Logan n’a rien d’un film opportuniste et même s’il a des défauts, il s’avère honnête dans sa démarche.

Au final, L’Etrange Cas Deborah Logan fait partie de ces found-footage particulièrement réussis qui arrivent à allier une mise en scène intéressante, laissant planer une atmosphère bien glauque, avec une histoire prenante qui tente de prendre le spectateur à revers. Sans être une véritable révolution, le film fonctionne, fait peur par moments, installe une ambiance malsaine et la prestation de l’actrice principale est tout simplement incroyable. Il est dommage que la fin soit si vite expédiée et que certains jumps scares soient mal utilisés, ne servant à rien au sein de l’histoire. Bref, si ce n’est pas le film d’horreur du siècle, on peut comprendre pourquoi Adam Robitel a été pris pour faire Insidious La Dernière Clé, qui sera lui, un petit échec.

Note : 14/20

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AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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