décembre 9, 2024

L’Associé du Diable

Titre Original : The Devil’s Advocate

De : Taylor Hackford

Avec Al Pacino, Keanu Reeves, Charlize Theron, Jeffrey Jones

Année : 1998

Pays : Etats-Unis

Genre : Fantastique

Résumé :

Kevin Lomax, jeune et brillant avocat de Floride, va perdre ses illusions quand un grand cabinet de New York va l’approcher et lui confier des affaires. Le patron, Milton, s’intéresse à lui et lui confie les plus gros dossiers.

Avis :

On ne va pas se leurrer plus longtemps, le thriller fantastique est un genre qui est en perdition totale. De nos jours, soit on fait un vrai thriller relativement terre à terre, soit on fait un film fantastique avec quelques éléments qui font peur, mais pas plus. Durant les années 90, les deux genres étaient en réelle ébullition, à un tel point que la fusion des deux genres fut presque logique, offrant des films assez étranges, hybrides, mais qui ont su garder une certaine patte graphique. Si Le Témoin du Mal de Gregory Hoblit mettant en avant une enquête policière avec un tueur psychopathe capable de se transférer de corps en corps, avec L’Associé du Diable, c’est un tout autre film qui se joue devant nos yeux, puisqu’il s’agit d’un thriller juridique qui va partir en eau de boudin. Pourquoi mettre en corrélation ces deux films ? Parce qu’ils datent tous les deux de la même époque et qu’ils sont tous les deux de dignes représentants du thriller fantastique comme on en fait plus maintenant. Reste à savoir maintenant s’ils n’ont pas trop vieilli et notamment le film de Taylor Hackford, sur lequel on revient ici.

L’Associé du Diable est un film assez intéressant car il mélange deux genres sans jamais les citer, du moins pas le fantastique. Si celui qui aime à regarder les jaquettes va rapidement faire le rapprochement entre le diable, donc le côté fantastique, avec l’aspect juridique de la chose, le film va tenter de brouiller les pistes, tout en distillant quelques indices de-ci de-là. La mise en scène de Taylor Hackford est assez maline car elle va progressivement basculer vers une obscurité en même temps que le personnage principal va sombrer dans une espèce d’indécence, une recherche éperdue de la victoire à n’importe quel prix. Ce basculement se fait donc au gré du récit, mais aussi avec une mise en scène intelligente qui va saturer les ombres petit à petit, pour ne plus qu’être un pandémonium infernal sur la fin. On regrettera cependant une absence de plans vraiment iconiques et une absence de mouvement de caméra assez intéressant. Le film est assez statique et parmi ses défauts, on peut noter que le métrage est assez long par moments, n’arrivant jamais à vraiment passionner durant les différents jugements qu’il y a. Fort heureusement, ce n’est pas le sujet principal du film et cela ne sert qu’à montrer le talent du personnage principal à sauver des pourritures, mais globalement, il y a des moments où on s’ennuie ferme.

Cependant, le film va rapidement se rattraper grâce à son fond. Le film est très intelligent sur les différents messages qu’il veut passer. Et en premier lieu, le plus important demeure la vanité de l’Homme et cette faculté qu’il a à ne jamais vouloir perdre, quitte à prendre la défense de personnes complètement pourries. Dès le premier jugement, le ton est donné et le film ne va y aller avec le dos de la cuillère, montrant un cabinet d’avocat qui est prêt à protéger n’importe qui en échange de quelques sommes importantes. Cette vanité, ce besoin de se montrer et de bouffer les autres est un vrai problème au sein du film, montrant un personnage qui se monte la tête et qui va délaisser sa femme jusqu’à un point de non-retour. L’autre thématique importante de ce film, c’est cette volonté de montrer que la justice n’est pas impartiale. L’argent joue un rôle clé, tout comme le choix des jurés, et pour le coup, c’est là que L’Associé du Diable frappe un grand coup, mettant en avant des dérives répugnantes, comme la corruption de certains juges ou la falsification de certains documents. Le film n’y va pas mollement et montre à quel point il est facile de jouer avec les codes de la loi et de sauver des criminels tout en inculpant des innocents. Ces deux thématiques sont accompagnés de plusieurs sous-textes comme la folie, la religion, le pouvoir des femmes grâce à leur physique ou encore le sexe.

Mais L’Associé du Diable ne serait pas si bien sans la prestation habitée d’Al Pacino. L’acteur, qui y incarne Satan, est tout simplement incroyable dans ce rôle. On sent qu’il prend un malin plaisir à torturer cette pauvre Charlize Theron qui joue les ingénues ou encore Keanu Reeves, complètement déboussolé par cette volonté de gagner à tout prix et de devenir un véritable cador du barreau. Mais ils sont tous éclipsés par Al Pacino, qui va d’ailleurs bénéficier d’une séquence magistrale à la fin, avec un long monologue qui résume parfaitement l’être humain, son ignorance, sa vanité et comment il est facilement manipulable avec notamment la loi et la justice. Taylor Hackford pointe du doigt des problèmes réels tout en faisant un film fantastique qui pourrait s’apparenter à une confession dans un purgatoire. Alors bien évidemment, il reste des effets spéciaux qui ont vieilli et des fonds verts qui se voient comme le nez au milieu de la figure, mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce film qui respire la fin des années 90.

Au final, L’Associé du Diable est un film qui fonctionne toujours aujourd’hui. Malgré un rythme assez lancinant et une mise en scène qui manque vraiment de génie, le film se suit sans trop problème et vaut véritablement le coup pour deux choses : son fond et la prestation folle d’Al Pacino. Il en ressort alors un film qui vieillit bien (malgré les effets spéciaux dégueulasses), qui tient la route sur son propos par rapport à l’humanité et qui rappelle ces heures agréables où le thriller côtoyait avec joie le fantastique, et parfois l’horreur.

Note : 15/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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