avril 20, 2024

La Crime

De : Philippe Labro

Avec Claude Brasseur, Gabrielle Lazure, Jean-Claude Brialy, Robert Hirsch

Année : 1983

Pays : France

Genre : Policier

Résumé :

Un célèbre avocat d’affaires est abattu en plein Palais de justice. Le commissaire Griffon, véritable tête brûlée de la Brigade criminelle, est chargé de l’enquête, placé sous la surveillance d’un ancien collègue et rival, Jean-François Rambert, de la police des polices. Avec l’aide d’une séduisante journaliste, Griffon devra enquêter dans les hautes sphères de l’Etat et se battre pour mettre à jour un complot impliquant un ministre et un puissant homme d’affaires.

Avis :

Très grand Monsieur, Philippe Labro est de ceux qu’on qualifie de touche à tout. Journaliste, écrivain, homme de radio, homme de télé, parolier, auteur de chansons, scénariste, producteur, il est l’un de ceux qui ont lancé la chaîne C8 et bien sûr, et c’est ce qui va nous intéresser, il est aussi réalisateur. Un réalisateur qui a assez peu tourné, puisque il a tourné sept films sur seize ans et il n’a plus pris une caméra depuis 1984.

Avant dernier film de Philippe Labro, « La crime » a trouvé un très beau succès au moment de sa sortie en salle. Quelque peu oublié aujourd’hui, avec l’annonce du décès de l’immense Claude Brasseur, j’ai eu l’envie de découvrir, ou redécouvrir certains des films dans lesquels le comédien s’est illustré. Mais je n’avais pas l’envie de voir ceux qu’on aurait envie de citer d’emblée quand on pense à Claude Brasseur (« Un éléphant ça trompe énormément« , « La Boum« , « Camping« , « Légitime Défense« ), non, j’avais envie de partir autre part et j’ai donc cherché ce que j’avais chez moi et direct, j’ai pensé à cette  » … crime« . Quoi de mieux qu’un petit polar pour habiller une soirée ? Et je ne me suis pris pas trompé, car s’il faut bien dire que le film de Philippe Labro a pris un petit coup de vieux, il demeure encore un redoutable polar, efficace comme il le faut, et bourré d’idées de mise en scène, et ça, dès son excellente scène d’ouverture.

Palais de Justice de Paris, un matin comme un autre. Deux gendarmes font irruption dans le bureau de Maître D’Alins et l’abattent froidement. Une enquête est ouverte pour résoudre ce meurtre et c’est le commissaire Martin Griffon qui en est en charge. Griffon est un électron libre et pour le « canaliser », on lui met au-dessus de lui un contrôleur. Très vite, Griffon va découvrir que cette exécution touche les hautes sphères de l’administration française.

Envie d’un bon polar rétro ? Alors « La crime » a de quoi vous servir. Polar pur et dur, « La crime » est le genre de film que le temps a abîmé et en même temps, qui lui a donné un charme certain, une saveur qui s’échappe des années 80, qui fait que personnellement, je suis presque d’emblée tombé sous son charme.

Ave ce film, Philippe Labro fait dans le très classique du point de vue de son intrigue. On ne peut pas dire que « La crime » soit habillé d’un scénario incroyable. Le tout est assez convenu, dans le sens où pas mal d’éléments vont être prévisibles, et au-delà de ça, il y aurait même certains traits de caractère des personnages qui seront presque des clichés inévitables de ce genre de film. Il faudra aussi noter quelques petites incohérences dans son scénario qui nous feront tiquer sur l’instant. Mais qu’importe, car face à tout cela, Philippe Labro nous entraîne dans un film prenant, intriguant et surtout très efficace.

« La crime » est efficace de par sa mise en scène. Philippe Labro livre là un polar lent et très sombre, qui ne cesse d’offrir de bonnes idées de réalisation. Plusieurs scènes vont marquer les esprits. L’ouverture, un passage à tabac, une traque dans les rues de Paris, la scène de l’ascenseur (surtout la scène de l’ascenseur qui est un petit chef-d’œuvre à elle toute seule), puis évidemment le double final, un suicide excellent, brutal et violent. Labro mène ici sa barque d’une main de maître, ne laissant jamais retomber son ambiance, sa tension et son côté très libre, presque « je m’en foutiste » de certains personnages.

L’autre point génial de ce film, c’est d’un côté les comédiens et de l’autre les répliques que le film tient et balance avec beaucoup d’irrespect. Ainsi, Claude Brasseur tient le rôle d’un flic accro à la bière, aigri au possible, qui balance des punchlines à tout bout de champ et alors que le rôle est quelque peu cliché et qu’il aurait pu facilement être désagréable, le personnage a ses failles et arrive sans mal à se faire touchant. À ses côtés et derrière lui, Philippe Labro a réuni une pléiade de comédiens. Ainsi, on trouvera Gabrielle Lazure en journaliste tenace, Jean-Claude Brialy en contrôleur, Jean-Louis Trintignant en ministre des transports, et la merveilleuse et magnifique Dayle Haddon en prostituée de luxe.

« La crime » fut donc la bonne surprise de ma soirée. Philippe Labro livre ici un bon polar noir, qui est tenu par un grand Claude Brasseur, et au-delà de ça, qui est aussi et surtout parcouru d’idées et d’excellentes scènes qui marquent les esprits. Prenant, intriguant tout en étant assez convenu et classique, Philippe Labro étonne. Puis ce côté rétro des années 80, qui offre de petit coup de vieux et du charme… Bref, j’ai vraiment beaucoup apprécié ce petit film, qui mérite amplement qu’on le découvre.

Note : 16/20

Par Cinéted

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