avril 27, 2024

The Reef

De : Andrew Traucki

Avec Damian Walshe-Howling, Adrienne Pickering, Zoe Naylor, Gyton Grantley

Année : 2010

Pays : Australie

Genre : Horreur

Résumé :

Eté 2010. Australie. Cinq amis partent en croisière pour des vacances de rêve. Mais lorsqu’ils font naufrage, le rêve vire au cauchemar : dans l’eau rôde une terrible menace…

Avis :

Parmi tous les animaux mangeurs d’hommes, le requin a une place de choix dans le septième art. Il faut dire que depuis Les Dents de la Mer de Steven Spielberg, les squales ont envahi les écrans, et il y en a pour tous les goûts. Cependant, les bons films se comptent sur les doigts d’une main, et encore pire s’ils ont plusieurs têtes ou des attributs étranges. Parmi les films recommandables, The Reef peut prétendre à être dans le haut du panier. Long-métrage australien signé Andrew Traucki, spécialiste des films d’horreur animaliers minimalistes, The Reef s’inspire d’une histoire vraie, celle de cinq naufragés qui décident de regagner la terre ferme à la nage, mais qui vont être pris à partie par un grand requin blanc. Jouant plus sur la suggestion que sur l’horreur gore et frontale, on peut dire que, globalement, la tension monte bien.

Le début du film présente les cinq personnages que l’on va rapidement suivre. On y retrouve un couple, Matt et Suzie, qui retrouve leur meilleur ami, en la présence de Luke, et les amoureux sont accompagnés de la sœur de Matt, Kate, qui a eu une amourette avec Luke. Tout ce petit monde va aller dans le bateau de Warren pour explorer un petit îlot désert afin de passer du bon temps. Mais la marée descend vite, le bateau subit une avarie et se retourne. Tout le monde hormis Warren décide de partir à la nage, car le bateau risque de couler. Bien entendu, les choses vont se compliquer quand un vilain requin s’en mêle. Cependant, son arrivée se fait un peu attendre, car le réalisateur et scénariste le sait, il faut créer des personnages attachants pour créer de l’empathie.

« Sans en faire des caisses, il va réussir à créer une tension permanente. »

Et en un sens, c’est plutôt pas mal. Certes, on reste dans un carcan réduit, où tout un chacun est « normal » et partage des histoires sommaires. Matt et Suzie sont follement amoureux, Kate renoue des liens affectifs avec Luke et Warren demeure un joker sacrifiable qui n’a pas vraiment besoin de background. En mettant en scène des personnes lambdas, Andrew Traucki aurait pu s’exposer à un ennui poli, et à quelque part, c’est un peu ce qu’il se passe. Même si on craint pour ces gens, qui pourraient être nous, ils manquent un peu d’épaisseur et de caractéristiques. Ici, seul Luke s’érige un peu en héros et en leader du groupe, les autres restant vraiment en retrait. D’un côté, cela empêche des prises de tête pénibles au sein du groupe, mais il manque au film un côté plus travaillé, du moins dans ses personnages.

Car pour ce qui est du reste, c’est vraiment intéressant. Ayant déjà fait ses preuves avec Black Water, où un crocodile planqué dans la vase boulottait des touristes, Andrew Traucki récidive, mais cette fois-ci en pleine mer, en jouant sur la vision réduite des humains sous l’eau. Sans en faire des caisses, il va réussir à créer une tension permanente, alors même qu’il ne se passe pas grand-chose. Cela grâce à des éléments éparses comme un cadavre flottant de tortue, ou des mouvements à la surface de l’eau. L’élément n’est pas naturel pour l’humain, qui ne peut s’échapper des mâchoires du requin, fuselé comme une torpille. Les attaques sporadiques font alors leurs effets, et jouent sur les comportements des personnages, qui vont devoir trouver des artifices pour s’en tirer. Des artifices vains, qui vont demander une certaine répétition dans les actions (se mettre un masque et regarder sous l’eau).

« Le requin est réel, et de ce fait, sa menace se fait plus réelle. »

Mais en faisant ainsi, le réalisateur joue sur l’immensité de l’océan et la peur du vide. Plusieurs fois on va ressentir de l’angoisse en regardant ce bleu profond qui ne donne sur rien. On sera alors rassuré de trouver un petit monticule rochaux, même s’il va être perclus de coquillages coupants. De plus, Andrew Traucki réussit à ne pas utiliser d’images de synthèse. Le requin est réel, et de ce fait, sa menace se fait plus réelle. On est bien loin des amas de pixels de certaines productions qui n’arrivent pas à utiliser de bons vieux gadgets par fainéantise. Ici, on sent la volonté du cinéaste de faire quelque chose de prégnant, afin que l’on ressente les attaques et les morsures. Si le film vogue doucement vers ses treize ans, il n’a pas pris une ride au niveau des effets spéciaux, tout simplement parce qu’il y en a très peu.

Au final, The Reef est un film de requin qui a presque tout compris au genre. Plutôt que de mettre en scène une grosse bête improbable, plutôt que d’utiliser des effets numériques, et plutôt que de jouer sur une surenchère de gore, Andrew Traucki fait le choix du minimalisme et de l’invisible pour créer de la tension, et gérer son horreur. Si on peut regretter des personnages trop simples, et quelques répétitions dans les actions, force est de constater que l’angoisse est bien présente, que la menace semble bien réelle, et que l’on ne peut qu’être « étouffé » pour ce grand vide rempli d’eau. Bref, un film de requin largement conseillable.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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