Avis :
Fondé en 1993 à Oslo, Dimmu Borgir s’est rapidement imposé comme un nouveau fer de lance du Black Métal scandinave. Avec des albums comme For All Tid ou encore Stormblast, le groupe, tournant autour du chanteur Shagrath et du guitariste Silenoz, fait sensation et devient un incontournable. Malheureusement, cela ne durera qu’un temps, le groupe faisant face à des divergences dans les caractères et projets de chacun, et Dimmu Borgir aura du mal à tenir la route, jusqu’en 2010, où malgré un line-up stable, va prendre une petite pause. Prenant un retard de dingue, annoncé pour une sortie en 2014, Eonian se fera attendre encore quatre années, le groupe n’arrivant pas à se regrouper suffisamment pour enregistrer. C’est en 2018 que ce dixième album voit le jour, et il est raccord avec l’opus précédent. Moins virulent, plus orchestral, Dimmu Borgir prend de l’âge et acquiert une certaine sagesse.
Et cela s’entend dès le premier titre, The Unveiling. Le démarrage est très étonnant pour du Dimmu Borgir, puisqu’on pense à un Métal Industriel, qui va partir ensuite sur les traces du Black. Mais un Black très accessible, qui mise beaucoup sur l’ambiance, avec ce qu’il faut de chœurs et d’ampleur pour rendre l’ensemble très symphonique. C’est à la fois lugubre et aérien, plongeant dans un délire macabre plutôt délicieux. Ici, même le chanteur se met en retrait par rapport à la mélodie, ne s’employant plus à beugler comme au début. Interdimensional Summit viendra confirmer cet état de fait, Dimmu Borgir lorgne de plus en plus vers l’orchestral et l’épique. Le morceau fait parler les violons et les chœurs fédérateurs, pour ensuite arriver à un refrain qui la part belle au lyrisme et à un côté très grandiloquent. En fait, c’est tout simplement beau.
Avec Aetheric, le groupe renoue un peu avec son passé et ses fulgurances Black, même si on reste dans quelque chose qui se rapproche un peu plus d’un Death mélo. La voix de Shagrath est plus présente, plus prégnante, mais cela n’entache absolument pas le résultat de ce long morceau qui prouve la grande forme de la formation. On sera plus surpris par Council of Wolves and Snakes, qui joue beaucoup sur son ambiance malsaine et sur des sonorités étonnantes. Encore une fois, le changement de style par le groupe se fait vraiment ressentir ici, jouant vraiment sur l’ambiance plus que sur l’énergie ou la violence. On se retrouve face à un titre chamanique très agréable et qui peaufine vraiment bien son atmosphère. Un titre idéal pour les fêtes d’Halloween par exemple. Avec The Empyrean Phoenix, la formation continue son exploration lyrique et dantesque et livre un gros morceau.
Ici, le groupe fait parler la poudre dans l’orchestration, avec une production de mammouth, des chœurs immenses et surtout, une volonté de plonger à corps perdu dans un lyrisme épique assez incroyable. Même le solo de gratte a quelque chose de grandiose, alors qu’il reste très simple. Lightbringer, quant à lui, s’appuie énormément sur son introduction répétitive pour fournir un riff qui rentre immédiatement en tête. Le groupe le sait, il tient là un riff imparable et il en use et abuse, pour notre plus grand bonheur. Mais le plus grand coup de la formation reste I am Sovereign, un long morceau épique en diable, qui va tout dévaster sur son terrain. Il s’agit-là d’un titre synthétique du « nouveau » Dimmu Borgir, avec ce qu’il faut de symphonique, mais gardant toujours en tête ce côté Black grandiloquent et parfois un peu grand-guignol.
Archaic Correspondence est un titre assez classique dans sa démarche, et qui ne sort du lot que grâce à un son répétitif, celui d’un clavier aérien qui fait penser à des gouttes d’eau tombant sur des lamelles de xylophone. On reste dans un délire Black accessible, même si ici, la violence sera encore plus forte et appuyée. Alpha Aeon Omega fait partie de ces titres qui ont une certaine épaisseur. Le démarrage évoque un film de Fantasy et gardera cette grandiloquence jusqu’à la fin. Les puristes de Black détesteront certainement, car c’est là que l’on voit que le groupe s’est assagi et essaye de sortir de son carcan « satanique » et tente d’offrir autre chose. Enfin, Rite of Passage, morceau uniquement instrumental, restera dans ce registre pour clôturer de la plus belle des façons cet album qui risque d’en décevoir plus d’un.
Au final, Eonian, le dernier effort en date de Dimmu Borgir, qui aura mis huit ans avant de voir le jour, est une grande réussite. Sortant de son côté Black pour fournir un album plus épique et plus lyrique, les norvégiens délivrent une galette qui a du sens et qui étonne par sa maîtrise technique au niveau de l’orchestration. A la fois violent et doux, beau et grandiose, ce dernier effort pose Dimmu Borgir comme un grand groupe qui essaye d’évoluer, malgré les difficultés et les projets de chacun. Reste à savoir quand un autre album va voir le jour…
- The Unveiling
- Interdimensional Summit
- Aetheric
- Council of Wolves and Snakes
- The Empyrean Phoenix
- Lightbringer
- I am Sovereign
- Archaic Correpondence
- Alpha Aeon Omega
- Rite of Passage
Note : 17/20
Par AqME