septembre 26, 2025

Ashen – Chimera

Avis :

Proposer un premier album, pour un jeune groupe, est toujours une étape à la fois cruciale et délicate. En effet, il faut conquérir un public et trouver sa propre identité, s’affranchissant de certains codes, tout en restant dans des sentiers un peu balisés pour ne pas perdre tout le monde d’entrée de jeu. Et cela est encore plus vrai dans le Metalcore, genre hyper codifié, qui fait les beaux jours de groupes plutôt anglo-saxons ou américains. Ashen est un jeune groupe parisien qui a réussi à faire parler de lui à travers quelques titres, mais surtout des prestations scéniques qui furent bien accueillies et médiatisées. Après quelques singles, le groupe sort alors Chimera, son premier effort studio, qui arpente les chemins du Metalcore, mais pas que, puisque son chanteur possède aussi un univers plus rock, donnant alors à l’ensemble une hybridation bienvenue.

Jouant beaucoup sur son ambiance, et sur une imagerie à la fois futuriste et protéiforme, le groupe va s’amuser avec les émotions et l’énergie. Le premier morceau est une introduction, et c’est relativement surprenant. You Were Always Here se veut assez pesant dans son atmosphère, voire inquiétant, mais proposant alors des gazouillis d’oiseaux sur sa finalité. On peut presque y faire un parallèle avec la pochette, le début mettant en scène l’ouverture de cette drôle de combinaison, la naissance de cette créature qui est alors « pourchassée » par des êtres qui semblent maléfiques, puis la porte de sortie qui mène à l’extérieur, exprimant alors une sorte de liberté. C’est alors que déboule Meet Again, qui n’est pas le meilleur morceau de l’album, qui est même assez différent du reste, se faisant presque « mainstream » et mercantile. Le groupe y injecte pourtant une chose importante : de l’émotion.

On pourrait reprocher une voix pitchée, et une surproduction qui colle à la peau du Metalcore moderne, mais l’ensemble fonctionne à merveille. Le refrain est ultra catchy et la mélodie se révèle efficace. Le groupe pose ses tripes sur la table, et donne envie d’en savoir un peu plus. C’est alors que déboule Chimera, qui sera une vraie claque puissante. Ici, Ashen renoue avec un Metalcore qui frappe fort et qui ne fait pas dans la dentelle. Les passages presque en rap sont assez satisfaisants, et le tout possède une réelle cohérence. Bien entendu, le groupe français a des références, et visiblement, Bring me the Horizon n’est pas très loin, car cela se ressent très vite sur Crystal Tears. Il est compliqué de ne pas y voir la patte d’un certain Oly Sykes, aussi bien dans la construction du titre, que dans sa modernité, ou encore certaines sonorités.

Est-ce un tort ? Pas vraiment, puisque les français arrivent à trouver une identité propre à travers d’autres morceaux, ou tout du moins à travers l’album en lui-même. On émettra tout de même quelques réserves sur le titre Oblivion. S’il sort des sentiers battus et s’avère très différent de ce que l’on attend, nous sortant de notre zone de confort, on est tout de même sur quelque chose d’assez mollasson, et qui sera difficile à défendre sur scène. Pensé en deux temps, il était logique d’avoir un petit interlude pile au milieu du skeud. Chimera’s Theme joue sur sa double identité entre noirceur et relative promesse de liberté. Puis Cover me Red balance alors la sauce, pour devenir le titre le plus virulent de l’album. Ici, aucune concession n’est faite, ça va droit au but, et c’est clairement là pour nous faire du mal.

Le résultat est à la hauteur de nos espérances et prouve de quoi est capable le groupe. Plus étonnant, Altering pourrait presque se poser comme un deuxième interlude qui met an avant les qualités vocales de son chanteur. C’est beau, c’est étrange, mais surtout, cela permet de donner plus de densité à Desire, un titre plus complexe que les autres, mais qui bénéficie d’un bon gros riff, avant de fournir un couplet plus moderne. Sacrifice sera alors un énorme coup de sape avec l’aide de Ten56., groupe de Deathcore qui n’est pas là pour rigoler. Clone of a Clone joue encore sur différents tableaux, avec une tendresse dans certains passages, puis une virulence vocale dans les couplets qui dénote avec le reste. Si sur album, c’est très intéressant, il est difficile de voir cela sur scène. Enfin, Living in Reverse clôture l’album de façon étonnante, se faisant plus doux.

Au final, Chimera, le premier album d’Ashen, est un effort surprenant à plus d’un titre. Estampillé Metalcore, le groupe est bien plus que ça, et délivre une galette complète et complexe qui ne cesse d’étonner, dans le bon sens du terme. Loin de tout ce que le genre peut proposer à longueur de semaine, les français tentent de briser les lignes et d’offrir quelque chose de plus neuf, de plus vrai, et donc de réellement novateur. En bref, l’album est réussi, et il est clair qu’Ashen est un groupe à suivre de très près, tout comme il n’est guère étonnant de voir que leur première tournée est quasi sold out de partout.

  • You Were Always Here
  • Meet Again
  • Chimera
  • Crystal Tears
  • Oblivion
  • Chimera’s Theme
  • Cover in Red
  • Altering
  • Desire
  • Sacrifice feat Ten56.
  • Clone of a Clone
  • Living in Reverse

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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