avril 23, 2024

Periphery – Periphery IV – Hail Stan

Avis :

Il y a parfois des choix qui s’avèrent plus payants que d’autres pour se faire connaître dans le milieu de la musique. Si de nombreux groupes et artistes essayent de vendre leurs démos à de gros labels, ou tentent l’expérience des premières parties dans l’espoir de se faire repérer, d’autres utilisent les outils disponibles sur internet. C’est le cas de Misha Mansoor, guitariste fan absolu de Messhuggah, qui va proposer ses compositions sur des forums, et va connaître une notoriété de plus en plus grandissante. Il fonde alors Periphery après plusieurs essais de chanteurs, et arrive à créer l’évènement sans aucune promotion, avec notamment un premier album éponyme qui sortira en 2010 chez Sumerian et Roadrunner Records. Depuis, le groupe a su évoluer, mélangeant des genres très distincts pour se faire une identité particulière entre Prog, Djent, Death et parfois des inclusions électros.

Hail Stan est le sixième album du groupe, mais il est le quatrième de la « saga » des Periphery. Commencée en 2010 avec le premier album, Misha Mansoor fera une pause le temps de deux albums concept en 2015 avec Juggernaut, avant de revenir sur cette série. Restant fidèle à sa volonté de faire un métal qui oscille entre les genres, ce sixième effort va être l’occasion de plonger dans une ambiance particulière, où les essais sont payants. Afin de bien poser son style très progressif, Periphery balance Reptile dès le départ, un long morceau qui dépasse allègrement les quinze minutes. Et on va y entendre tout ce qui définit le groupe, avec des riffs de gratte très lourds, un chant qui permute souvent entre growl, chant crié et chant clair, et des phases qui alternent entre violence et moments plus aériens.

Le groupe montre non seulement un savoir-faire unique, mais il démontre toutes ses qualités techniques. On aura droit à de jolis solos, et on pourra même se raccrocher à une sorte de refrain, ou tout du moins de phrase répétée qui reste en tête, nous donnant envie de chanter avec Spencer Sotelo. D’ailleurs, le chanteur possède un organe de grand malade, arrivant à de la puissance dans toutes les tonalités qu’il explore. Il est impressionnant. Par la suite, avec Blood Eagle, le groupe revient à quelque chose de plus « pur », dans le sens où on aura un gros Djent bien sale, où les riffs sont lourds, puissants, et scandés en rythme. C’est percutant, violent, mais ça reste dans une belle maîtrise pour ne pas sombrer dans une violence sans intérêt. On aura toujours des moments plus doux pour ne pas nous perdre.

Seul CHVRCH BVRNER ira un poil trop loin dans la violence, avec parfois un manque de finesse. Cela se traduit par un monstre de virulence, qui parfois perd en efficacité, malgré quelques moments en « rap » qui sont bienvenus. Mais le groupe de nous rattraper avec Garden in the Bones, qui va s’appuyer sur un mix des genres, notamment avec des couplets qui peuvent faire écho à un Métal alternatif à tendance Punk californien. L’ensemble marche bien, et c’est très étonnant. Ce morceau montre toutes les capacités du groupe à proposer des choses nouvelles, en faisant des mélanges qui sont vraiment malins. Même le break en sonorités électros, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, est finalement intelligent. Et la formation de nous surprendre encore avec It’s Only Smiles, qui pourrait se voir comme un titre purement Rock alternatif.

Après ce passage calme qui fait écho aux débuts des Fall Out Boy par exemple (avec des riffs plus agressifs tout de même), le groupe revient à ses premiers amours avec Follow Your Ghost. Ici, on revient à du Djent/Métal prog pure souche, qui balance la sauce avec du blast sans trop se perdre dans de la douceur. Les couplets sont criés, les riffs sont lents et lourds (presque comme du Doom) et le titre est clairement là pour nous fracasser le crâne. Il intervient juste avant Crush, qui pourrait se voir uniquement comme un titre électro bien sombre, et qui rentre parfaitement dans le délire de l’album. C’est produit avec force et la montée crescendo fonctionne à plein régime. Sentient Glow sera un titre plus classique, mais rapide et nerveux qui fera bouger les foules, alors que Satellites prouvera la maniabilité du groupe à changer de registre.

Au final, Periphery IV – Hail Stan, le sixième album de la formation américaine, est une véritable réussite sur tous les plans. Jouant constamment avec les codes du Prog, du Djent, mais aussi du Death ou de l’Alternatif, le groupe propose un voyage à la fois puissant, malin, complexe et complet. On ne peut que s’incliner sur les performances vocales du chanteur, et les compositions longues et alambiquées de Misha Mansoor, qui prouve non seulement de l’ouverture d’esprit du groupe, mais aussi de toutes les références savamment digérées pour sortir un genre quasi nouveau.

  • Reptile
  • Blood Eagle
  • CHVRCH BVRNER
  • Garden in the Bones
  • It’s Only Smiles
  • Follow Your Ghost
  • Crush
  • Sentient Glow
  • Satellites

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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