avril 19, 2024

Opeth – In Cauda Venenum

Avis :

Rares sont les groupes qui ont une carrure comme Opeth. Fondé à la fin des années 80, le groupe officie tout d’abord dans un Death progressif qui faisait la part belle au growl, avant d’aller de plus en plus vers un Métal Progressif plus calme, mais tout aussi alambiqué. Malgré des changements de line-up et des albums qui mettent de plus en plus de temps à sortir, les suédois sont toujours là et occupent une place particulière dans les fans de musique extrême. C’est bien simple, même si on pourrait croire à du métal à écouter pendant sa tisane, ils restent les piliers du genre et peuvent un peu tout se permettre. In Cauda Venenum intervient trois ans après Sorceress, qui marquait déjà bien le virage clivant de la formation de Stockholm. Ne reniant jamais cet effort et persistant dans un genre opulent, le groupe séduit une fois de plus.

Après une longue introduction qui vient ajouter une tonalité assez lugubre à l’ensemble (Garden of Earthly Delights), le groupe dégaine Dignity qui va taper fort dès le début. On sera même surpris par cette débauche d’énergie et d’atmosphère assez gothique. Les claviers donnent une épaisseur inattendue à l’ensemble, et les grattes viennent terminer un beau travail. Complexe dans sa construction sans pour autant nous perdre, Opeth reste fidèle à lui-même dans un titre complet, dense, et qui laisse même quelques places à du word spoken en fond. Un gimmick que l’on retrouvera sur diverses pistes, renforçant alors un côté fictif à l’œuvre en question. A l’image du début de Heart in Hand, qui enchaine avec un gros riff bien gras, faisant écho à Immigrant Song de Led Zeppelin, avec un peu plus de saturation. Tout cela sent bon la cohérence.

Délaissant le chant crié ou le growl, le groupe préfère laisser libre cours à son chanteur et à sa voix naturelle. Qui s’accorde parfaitement aux riffs et à l’ambiance voulue. Heart in Hand en est un parfait exemple, avec des passages lourds, mais qui n’ont pas besoin de plus pour donner envie de bouger la tête. De plus, le groupe propose un morceau long et complexe, mais qui possède de vrais moments forts et puissants. La technique des musiciens est tout bonnement impressionnantes, comme à chaque album. Next of Kin en est encore un autre exemple, à la fois complexe et accessible, avec de vrais moments de bravoure dedans. C’est tellement riche que plusieurs écoutes sont nécessaires pour en saisir toutes les subtilités. Lovelorn Crime sera, par contre, un titre plus calme et plus posé, qui permettra alors au chanteur d’approfondir son chant et d’ouvrir l’album vers une ambiance lumineuse.

Mais Charlatan viendra mettre un petit coup de pied dans la fourmilière. Démarrant sur les chapeaux de roues, le morceau va être une grosse savate dans la tronche et ne va jamais baisser en intensité, renouant aussi avec des passages éthérés assez angoissants. Une vraie réussite, pour un titre moins long que les autres, mais plus lourd et plus percutant. Universal Truth reviendra sur des sentiers plus longs et plus difficile à appréhender. Les passages puissants côtoient les plages instrumentales longues et oniriques, pour un résultat à la fois déroutant, mais d’une richesse rare. On peut néanmoins se poser la question de son efficacité sur scène. Quant à The Garroter, on est clairement sur un Dark Jazz qui s’octroie des fulgurances hispaniques dans son introduction. Là encore, on peut se poser la question : est-ce bien du métal que j’écoute ? Eh bien oui !

Opeth ne cède jamais à la facilité, et ce n’est pas parce que le batteur à des balais à la place des baguettes que nous faisons face à un titre moins métal que le reste. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’ambiance bien sombre et angoissante fait le taf et oppresse plus qu’autre chose. Un tour de force de la part du groupe, notamment pour un morceau calme et assez redondant dans sa structure. Continuum viendra nous rappeler à la puissance de la formation et à sa faculté à tout jouer, même lorsqu’il s’agit de frapper fort. Puis All Things Will Pass vient conclure l’album dans une cohérence parfaite, avec un long moment à la fois aérien et puissant, résumé complet d’un groupe qui ne fait que monter dans les tours à chaque album, quitte à se mettre à dos les fans de la première heure.

Au final, In Cauda Venenum, le treizième album d’Opeth, est une belle réussite. Bien entendu, il faut accepter de tomber sur un Métal assez calme, qui peut avoir des moments puissants, tout comme les plages éthérées ont beaucoup d’importance. Ne sombrant jamais dans la démonstration, ou dans l’excès de confiance, les suédois offrent un effort cohérent de bout en bout, collant même à l’artwork de la jaquette, où technique rime avec plaisir d’écoute et savoir-faire impressionnant. Bref, Opeth est toujours là pour surprendre, et c’est un vrai plaisir.

  • Garden of Earthly Delights
  • Dignity
  • Heart in Hand
  • Next of Kin
  • Lovelorn Crime
  • Charlatan
  • Universal Truth
  • The Garroter
  • Continuum
  • All Things Will Pass

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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