De : Stephen Susco
Avec Colin Woodell, Betty Gabriel, Rebecca Rittenhouse, Andrew Lees
Année : 2018
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Un jeune homme trouve un ordinateur portable et, innocemment, le ramène chez lui. Dans les dossiers, il déniche d’inquiétants fichiers cachés qu’il s’empresse de montrer à ses amis sur Skype. Sans le vouloir, tous se retrouvent dans les tréfonds du Dark Web et découvrent rapidement que quelqu’un les observe et que cet inconnu est prêt à tout pour récupérer son portable et protéger ses secrets.
Avis :
C’est en 2015 que le premier Unfriended voit le jour sur nos écrans de cinéma. Proposant une nouvelle expérience, avec une action se déroulant uniquement sur l’écran d’ordinateur du personnage principal, le film avait fait son petit effet, non pas pour sa qualité cinégique, mais par son concept novateur. Produit par Timur Bekmambetov, fasciné par les nouveaux moyens de communication, le cinéaste d’origine russe va remettre le couvert avec Searching- Portée Disparue (très bon film), puis la suite de Unfriended, sobrement intitulée Dark Web. Alors que le premier était, dans les faits, une purge insupportable portée par des acteurs qui surjouaient en permanence, cette suite va tenter de prendre un autre sujet pour distiller la peur dans nos iris. Exit donc les fantômes vengeurs à la pointe de la technologie, et bienvenue aux couloirs sombres du tréfond des internets. Mais est-ce mieux que le précédent opus ?
Tenant son concept dès le début, on rentre directement dans l’ordinateur d’un jeune homme, Matias, qui va discuter avec sa petite copine via Messenger. On apprend que sa dulcinée est sourde et muette, et qu’il a tenté de créer une application pour discuter avec elle, car il n’arrive pas à apprendre le langage des signes. Une petite tension règne sur leur couple, mais tout cela va vite être remplacé par des apparitions étranges sur l’écran du personnage central. En effet, il a acquis un nouvel ordinateur d’occasion, et il se retrouve avec toutes les communications Facebook du précédent acquéreur. Alors qu’il commence un jeu en ligne avec des amis via Skype, un homme nommé Charon commence à lui faire du chantage pour récupérer son ordinateur. La tension grimpe d’un cran lorsqu’un homme habillé en noir s’introduit chez sa petite amie et commence à menacer tout le monde.
Le pitch est déjà plus élaboré et intéressant que le précédent opus. Ici, point de fantastique, mais un hacker de génie qui souhaite récupérer son ordinateur, car il y a des données compromettantes à l’intérieur. On est dans quelque chose de plus terre à terre, et qui tient plus du thriller que de l’horreur fantastique. Cependant, on va vite se rendre compte des limites de ce concept. Ici, on aura droit à quelques conversations sur Facebook, une plongée dans un Dark Web qui ne sert pas à grand-chose, et surtout, une menace qui traine pour apparaître. Le film a beau ne pas être long, il traine la patte pour engager la vraie menace et mettre tout le monde en danger. Cela aurait pu servir à présenter les personnages, mais on reste dans quelque chose de plat et sans intérêt.
On a droit au couple lesbien, à l’artiste de la bande, à la grande gueule, au type intelligent et celui qui est fauché. Bref, rien de bien mirobolant, et les relations entre eux ne seront pas forcément les plus intéressantes. Si l’on a droit à l’amour fou entre les deux jeunes filles qui annoncent leurs fiançailles ou encore un type qui a un podcast complotiste, on reste avec des personnages lambdas, qui manquent cruellement de charisme. Difficile, dès lors, de se prendre d’affection pour eux. Pas même pour la jeune femme handicapée, qui ne peut entendre le danger, et reste presque en dehors du bordel, alors qu’elle est le centre des attentions. Il manque, comme pour le premier opus, des personnages forts, et des enjeux qui ont de l’impact.
D’ailleurs, ici, il est question de survie. Dans un premier temps, Matias doit faire venir sa copine sinon quoi, elle se fait tuer. Il va alors imaginer un stratagème pour alerter ses amis sans que le « tueur » soit averti. Le film joue alors avec les tribulations du réseau, dans l’espoir d’avoir un peu d’aide. Mais si l’on peut croire à un peu de tension, tout cela va vite devenir sans intérêt, lorsque ses amis vont aussi se faire tuer. La tension n’était déjà pas palpable à cause de personnages insignifiants, mais on touche le pompon lors des mises à mort qui n’ont aucun intérêt. On essaye de nous percuter avec des passages percutants, mais cela ne marche finalement pas. Et même si tout cela peut paraître réel, vu à travers des écrans de surveillance, on reste sur le bas-côté.
La faute, bien évidemment, aux personnages dont on se fout, mais aussi à cause de bad guys inexistants et d’effets éculés. Par exemple, lorsque l’une des jeunes femmes doit faire un choix entre sa mère, atteinte d’un cancer, et sa petite copine, on ne ressent rien. Aussi bien pour celle qui doit faire le choix que pour celles qui vont mourir. Le surjeu de l’actrice en rajoute une couche et enlève tout naturel à la séquence. Alors on aurait pu se rattraper sur le côté Snuff que le film tente d’aborder. Mais là encore, c’est très épars et ça manque d’intensité. On a droit à quelques extraits de filles qui se font « torturer » (on est loin d’un torture-porn), mais c’est bien tout. On reste constamment en surface et Stephen Susco n’arrive pas à aller plus loin que son concept de base.
Un concept qui tente de critiquer les réseaux sociaux et notre incapacité à être attiré par autre chose que le morbide. La profusion de logiciels (Messenger, Facebook, Twitter, Google, Skype, etc…) n’aide pas forcément à mieux se comprendre, ou à faire des recherches sur des choses intéressantes et intelligentes. D’ailleurs, le final est très explicite là-dessus, se croyant malin en mettant en avant un cliffhanger qui montre toute la monstruosité de l’être humain. On pourrait croire à un coup d’éclat et une façon de relancer le film, mais il n’en est rien, tant tout cela reste surfait et déjà vu des centaines de fois. Néanmoins, c’est toujours mieux que le précédent opus, critiquant alors l’être humain et son attirance pour le déviant.
Au final, Unfriended Dark Web reste un thriller horrifique qui n’arrive pas à utiliser correctement son concept. Un concept qui trouve tout son intérêt dans Searching – Portée Disparue, mais pas ici, car l’enquête manque d’impact et d’intérêt. De plus, les différents thèmes abordés sont survolés, ne trouvant aucun écho dans les réactions des personnages, ou dans l’utilisation maline des différents logiciels mis sous la main. On reste alors dans un film-concept qui ne dépasse jamais son statut et qui manque cruellement d’épaisseur, ou tout simplement de cinéma. Ici, point de beau plan, point de recherche de mise en scène, juste du voyeurisme mal placé et un survolage du Snuff. Triste.
Note : 06/20
Par AqME