avril 19, 2024

Maze of Sothoth – Soul Demise

Avis :

Si Lovecraft était vivant, quelle sorte de musique serait-il susceptible d’écouter ? C’est une question que l’on peut se poser tant l’univers de l’écrivain appelle à l’horreur, l’espace, le noir et une propension pour les ambiances glauques et dérangeantes. Pour certains groupes, le célèbre scribe est une source inépuisable de chansons et de thématiques. Entre l’horreur frontale face aux grands anciens ou encore les moments plus éthérés et fantomatiques, il y a de quoi faire, mais le problème, c’est qu’il semble très complexe de donner une image et un son à des histoires faites de créatures indescriptibles. Et bien souvent, c’est le Death ou le Black qui s’inspire de Lovecraft. Pourquoi ? Certainement à cause des bestioles horribles, ou encore des thèmes dérangeants qu’aborde l’écrivain, notamment sur la religion et le fanatisme, mais est-ce bien un genre adapté à ces histoires ? A titre personnel, je ne pense pas, puisque chaque nouvelle de l’auteur propose une ambiance très sombre, mais délétère et hormis le black atmosphérique, les autres genres sont trop brutaux, trop binaires. Ce pourrait être le cas de Maze of Sothoth, un groupe de Brutal Death qui se rapproche du Grindcore avec son premier album, Soul Demise. Ayant une approche très virulente sur fond de Lovecraft, le groupe déborde d’énergie et essaye de faire une proposition correcte, même si on peut rester dubitatif sur certains choix.

Le skeud débute avec une introduction qui ne laisse aucun doute sur leur inspiration, puisque c’est Cthulhu’s Calling qui ouvre la marche, reprenant le titre d’une des nouvelles les plus connus de l’auteur. Cette ouverture un peu cosmique annonce une certaine lourdeur et veut créer une ambiance apocalyptique qui n’est pas pour déplaire. Cela sera confirmé par Lies et son début complètement fou qui va à une vitesse hallucinante. Il est très clair que Maze of Sothoth ne fait pas dans la dentelle et balance la sauce très rapidement. Cela se ressent étonnement lorsque le chanteur comment à lancer ses borborygmes, trouvant une voix profonde et caverneuse, permettant au groupe de se lâcher au niveau des riffs et notamment de la batterie qui excelle dans la double pédale et les moments bien bourrinasses. Cependant, cette vitesse n’entache pourtant pas une certaine mélodie de se dégager des morceaux et notamment de ce titre. Le groupe montre une énergie débordante et une volonté de coller au maximum à une ambiance violente et délétère. On retrouve donc des riffs ultra violents dans tous les titres comme Seed of Hatred, qui démarre dans un bruit assourdissant et presque inaudible avant de redescendre pour pouvoir caler un petit refrain qui reste tout de même extrêmement bruyant. Le principal reproche que l’on pourrait faire au groupe finalement, c’est qu’il reste ancré dans un genre très calibré et qu’ils ont du mal à en sortir, proposant un premier album réussi, mais assez redondant à la longue.

Fort heureusement pour eux, certains titres arrivent à sortir de la masse, notamment grâce à des variations de rythme et des moments qui s’éloignent volontairement du Brutal Death ou même du Grindcore. On peut donc citer The Dark Passenger et son début plus accessible malgré une suite qui part rapidement en eau de boudin ou encore Multiple Eyes et son introduction qui fait plutôt Death assez basique, sans jamais aller trop dans le brutal et la rapidité à outrance. On peut aussi évoquer le très bon At the Moutain of Madness qui demeure très musical et part simplement en vrille lorsque le chanteur commence à lâcher ses vocalises peut-être trop profonde et qui gâche un peu les mélodies des titres. Et c’est là le principal défaut de cet album, c’est la présence d’un chanteur qui a un excellent growl, mais qui l’utilise à outrance et qui n’arrive pas à se faire entendre. C’est soit trop présent, et cela gâche la musique, soit pas assez et on se retrouve face à des titres assez répétitifs. Alors oui, il y a des moments plus posés, comme sur le titre précédemment évoqué, lorsque l’on a droit à un joli solo de gratte, mais c’est assez rare et il faut vraiment accrocher au Brutal Death Metal pour être complètement conquis. Enfin, et c’est peut-être sur ce point que le groupe devra faire un effort par la suite, c’est que l’ambiance n’est pas assez poussée. On aura une rupture avec Azzaihg’Nimehc, qui est un morceau d’un peu plus d’une minute imposant une atmosphère lugubre et presque spatiale, collant parfaitement à Lovecraft et son univers, mais pour le reste, c’est un peu trop bourrin et pas suffisamment fin pour imposer une atmosphère chère à l’écrivain.

Au final, Soul Demise, le premier album de Maze of Sothoth, est une semi-réussite. Le groupe est encore jeune et il propose tout de même un album d’une qualité technique irréprochable. Le seul problème, c’est que le Brutal Death est un genre très particulier, très difficile d’accès et qui laisse peu de place à l’expression des guitares, se voulant rapide et destructeur. Cet album est donc à l’image de ce genre, virulent, très violent, techniquement parfait, mais qui souffre d’une redondance fatigante et d’une thématique (Lovecraft) qui ne colle pas vraiment à ce genre.

  1. Cthulhu’s Calling
  2. Lies
  3. Seed of Hatred
  4. Multiple Eyes
  5. The Outside
  6. The Dark Passenger
  7. At the Mountain of Madness
  8. Blind
  9. Azzaihg’Nimehc
  10. Divine Sacrifice

Note : 12/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=albfadcAvtg[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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