septembre 26, 2025

Les Fourmis

Résumé :

Les Fourmis est un jeu de stratégie qui vous propose de suivre et de diriger une colonie de fourmis. Au-delà de l’aspect stratégique, l’exploration sera aussi au programme de ce titre atypique !

Avis :

S’il est courant de retrouver des adaptations littéraires dans le septième art, plusieurs romans ont aussi fait l’objet d’une transposition en jeu vidéo. On songe notamment à de grands classiques, comme les œuvres respectives de Jules Verne, H.P. Lovecraft, Arthur Conan Doyle, J.R.R. Tolkien. Afin de mettre en avant la qualité de la narration, on s’immisce bien souvent dans le jeu d’aventures. Dans le cadre de certaines histoires, il convient toutefois de faire preuve d’habileté, de talent et d’audace pour trouver le bon angle d’approche. C’est le cas avec Les Fourmis, dont le concept singulier semble difficilement transposable à un autre média.

Des romans à la sphère vidéoludique : l’odyssée des fourmis

En littérature, Les Fourmis a amorcé le succès et la carrière de Bernard Werber. Dans les années 1990, cette trilogie a fait date, tant elle se montrait originale et ambitieuse. Si elle n’était pas exempte de défauts, elle n’en demeure pas moins représentative de l’imaginaire débridé de son auteur. Celui-ci n’a pas son pareil pour dépeindre des péripéties à l’échelle microcosmique, sous le point de vue des hyménoptères. Cela sans oublier sa capacité à susciter l’empathie et emporter son lectorat dans un univers aussi familier qu’étranger.

Au sortir de cette odyssée, son œuvre a bénéficié d’une adaptation en bande dessinée. Puis, au début des années 2000, Microids s’est lancé dans le développement d’un jeu vidéo. Au vu de la teneur des romans, il paraît difficile de se projeter dans ce média. Pour autant, la stratégie est un registre qui demeure pertinent pour retranscrire les combats entre les différentes espèces. Ce genre vidéoludique dispose de mécaniques précises pour gérer les affrontements. Sorti en exclusivité sur PC, Les Fourmis s’était avéré une incursion convaincante, mais restreinte à un marché de niche.

Un environnement magnifique qui fourmille de détails

Plus de 20 ans après ce titre, Microids entame le développement d’un remake. Ce dernier n’a pas seulement l’ambition de proposer une refonte des graphismes, mais de repenser les mécanismes de gameplay et l’expérience générale. Avec une reproduction somptueuse d’un environnement forestier, la direction artistique relève de l’excellence. Au gré de l’exploration des lieux, on apprécie le soin apporté à la flore, aux particules et objets qui jonchent le sol. Cela sans oublier ces déchets issus du monde humain, comme un ballon ou une ligne de chemin de fer désaffectée.

Les Fourmis est un véritable émerveillement pour les rétines. En temps normal, cet aspect demeure secondaire, car l’élément technique est vieillissant au terme de quelques années. Ici, les moyens déployés constituent une débauche visuelle remarquable, tout en donnant vie à un monde inspiré et peu représenté dans de telles circonstances. On tient également compte de la variété des lieux, d’une découverte nocturne ou diurne. En ce sens, les effets de lumière sont tout aussi magnifiques. Bref, les développeurs de Tower Five proposent un rendu immersif, dont on ne se lasse guère.

Une approche accessible et bien pensée pour s’initier à un jeu de stratégie… sur console

Au sortir de ces considérations et cette première impression enthousiasmante, il se pose la question de la maniabilité et de l’accessibilité d’un jeu de stratégie pour les consoles. En règle générale, le genre est l’apanage du PC pour des raisons de praticité, eu égard à l’usage de la souris et du clavier. Force est de constater que Les Fourmis est un titre conçu pour la manette. Cela tient à une navigation fluide entre les menus, ainsi qu’à la réactivité et à la précision des commandes. Il est possible de contrôler ses factions, de les guider en divers endroits et de les faire s’affronter.

Si le potentiel global et les différentes fonctionnalités nécessitent un temps d’adaptation pour les maîtriser, tout est pensé pour diriger sa colonie ou son armée avec rigueur. On songe à la gestion des ressources ou au développement des factions par classe, sans oublier leur amélioration pour accroître le niveau de défense des nids ou encore la létalité des unités de combat. On peut aussi apprécier la possibilité d’acquérir des pouvoirs de soutien (santé, rage, peur…) et des informations sur les positions ennemies ; entre infiltration et espionnage pour ce dernier point.

L’art de la guerre par Werber

Avec Les Fourmis, l’approche stratégique comporte de nombreux facteurs d’importance. En filigrane, on peut évoquer le type de terrain, l’hygrométrie ou le taux d’ensoleillement. Cependant, ces éléments ne nécessitent pas d’interactions de la part du joueur. Ce dernier doit se concentrer sur l’économie de ses nids et leur protection. Il est également recommandé de créer une armée complémentaire, en mesure d’anticiper différentes situations. Celles-ci peuvent porter sur la défense d’une position ou une attaque généralisée, par exemple.

Qu’il s’agisse d’ouvrières, de guerrières ou d’autres unités, elles sont vulnérables à certaines catégories d’ennemis. À l’inverse, elles sont en mesure de générer plus de dégâts sur des groupes spécifiques. Il y a donc un véritable équilibre à adopter. En de nombreuses occasions, l’attaque demeure la meilleure défense. Attention toutefois à ne pas se laisser déborder ou se montrer trop téméraire, a fortiori avec une connaissance partielle du terrain, de sa topographie.

Des affrontements, mais pas seulement…

Afin de limiter la répétitivité des actions ou une approche similaire à chaque incursion, on distingue différentes catégories. Les missions stratégiques sont les plus longues, car elles constituent le cœur du jeu avec les précédents mécanismes évoqués. On les différencie des missions tactiques. Elles sont semblables, mais présentent des objectifs spécifiques avec des moyens et un contexte précis. Un temps imparti peut être imposé. Enfin, on retrouve aussi des chapitres qui s’écartent de la stratégie pure avec les missions de traversée et d’exploration.

Celles-ci permettent de mieux appréhender l’environnement tout en s’autorisant quelques déambulations pour apprécier la beauté des lieux. Cependant, certains déplacements sont aléatoires, voire maladroits, notamment sur des terrains accidentés ou jonchés de débris. La course de la fourmi n’est pas pertinente, mais essentielle pour découvrir des éléments en un temps limité. La mission « Pillage » en est un parfait exemple. Quant à la perspective du cadre, elle joue sur sa verticalité et son horizontalité, offrant une exploration poussée des moindres recoins.

Des fourmis dans les jambes au bout de quelques heures ?

Côté durée de vie, Les Fourmis propose un contenu généreux. La campagne solo se compose de cinq actes, répartis en 36 missions. Toutes ne sont pas à accomplir pour progresser. Il suffit d’en réussir trois à quatre par secteur pour avancer dans l’histoire. À noter que cette dernière reste en retrait et se contente de quelques dialogues entre les hyménoptères. Un aspect qui aurait gagné à être plus travaillé pour renforcer l’immersion. Au bas mot, il faut donc compter 15 à 20 heures pour boucler l’aventure.

Dans l’éventualité où l’on souhaite accomplir toutes les missions, on se situe autour d’une trentaine d’heures, voire davantage pour les complétistes. Sans être très difficiles ou insurmontables, certains passages peuvent s’avérer punitifs, surtout si l’on ne remplit pas les conditions requises à la réussite de la mission. L’échec peut survenir après une heure de jeu. Parmi les éléments collectibles, on retrouve la recherche des espèces animales, les phéromones mémoires, les scans d’objets, la quête des papillons monarques et celle des cassides dorées pour accroître le niveau d’exploration.

En conclusion…

Au final, Les Fourmis est un jeu de stratégie aussi surprenant qu’original. Si l’on pouvait s’attendre à un titre de niche en raison de son genre, il se révèle accessible et bien pensé pour une découverte à la manette. Les mécaniques de gameplay sont riches et complémentaires afin d’appréhender chaque situation selon la gestion des ressources et les compétences martiales des légions. Les affrontements nécessitent du sang froid et une bonne capacité d’adaptation pour anticiper une évolution du rapport de force.

On apprécie également la diversité des missions pour varier les plaisirs et ne pas se contenter de fournir un enchaînement de combats entre les colonies et leurs ennemis. Pour ne rien gâcher, la direction artistique vient magnifier l’environnement forestier. Végétation luxuriante, tunnels lugubres, plaines désertes, menace des inondations, proximité des infrastructures humaines… Chaque plan confère à l’admiration d’une reconstitution sans faille, presque photo-réaliste, d’un microcosme à la fois étonnant et fascinant. À l’image de son modèle littéraire, il en ressort une incursion singulière et audacieuse.

Note : 16/20

Par Dante

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