septembre 26, 2025

Medal of Honor

Résumé :

Medal of Honor sur Playstation 3 est un FPS se déroulant an Afghanistan. Délaissant la Seconde Guerre mondiale, cet épisode s’inspire d’un conflit moderne et met en scène les opérations du Tier 1, une troupe d’élite de l’armée américaine

Avis :

Dans le domaine vidéoludique, le FPS est un genre très concurrentiel où il est difficile de s’imposer. On a tôt fait de résumer ce registre à quelques grandes franchises, comme Battlefield ou Call of Duty. Au début des années 2010, cette dernière connaît un succès croissant et s’affranchit du contexte de la Seconde Guerre mondiale, alors en perte de vitesse. Ce changement survient dès 2007 avec Call of Duty : Modern Warfare. En revanche, la saga Medal of Honor, mètre étalon du FPS dès l’ère de la PlayStation première du nom, stagne et réitère une formule dont l’intérêt s’amoindrit. Medal of Honor : Airborne marque le point d’orgue de ce lent déclin. Aussi, le présent titre amorce un virage forcé plus qu’une réelle évolution.

Du sang et des larmes

Pour autant, le choix des développeurs n’est pas pour déplaire. Il présente même une part de risques non négligeable, au regard du conflit abordé. À l’époque, la guerre d’Afghanistan fait encore rage et suscite de nombreuses polémiques, autant pour son casus belli que pour sa gestion. Si certaines œuvres n’hésitent pas à dénoncer des faits spécifiques ou la légitimité d’une guerre, d’autres restent dans un discours lisse, sinon obséquieux ou patriotique.

Sans en arriver à de tels extrêmes, Medal of Honor laisse perplexe quant à ses intentions. D’un côté, on sent une volonté de sensibiliser son public, de lui faire prendre conscience des enjeux géopolitiques qui en découlent. D’un autre, la scénarisation demeure policée, au point de ne jamais bousculer le bien-fondé ou la nécessité du combat. On assiste donc à une vision très manichéenne, sans nuance. On relègue le camp opposé à l’ennemi ultime, sans se soucier des factions amies ou des civils.

Une bête de guerre ?

En cela, Medal of Honor avance des ambitions basiques, bien éloignées du caractère précurseur des premiers opus. On a davantage l’impression qu’il suit la tendance initiée par ses concurrents que par une volonté à insuffler une nouvelle dynamique à la franchise. Le fait d’apporter un discours sage et sans grande conséquence sur la réalité tend à confirmer cet a priori. Pour autant, le rythme emporté et la narration soignée permettent de parfaire l’illusion.

On n’assiste donc pas à un brûlot politique ou un titre engagé, mais à une incursion qui prône le divertissement spectaculaire, sans une réflexion poussée. En cela, l’approche demeure similaire à un blockbuster hollywoodien. On n’y distingue aucune remise en question, mais une efficacité indéniable en matière d’immersion et d’action. Les confrontations sont dynamiques et intenses. Bien que Medal of Honor ne sorte pas des sentiers battus, il remplit son office sur ce postulat.

De timides initiatives pour varier l’approche des missions

Au cours de la campagne solo, on peut apprécier un minimum de variété dans le cadre. Ce dernier demeure bien exploité pour s’insinuer dans les grottes, les montagnes ou les villages. Bien que l’ensemble soit linéaire, plusieurs approches sont envisageables. La configuration est également pensée pour le multijoueur. Là encore, il n’y a rien d’innovant ou d’éléments stratégiques notables, mais le level design reste maîtrisé.

Les développeurs ne sont donc pas en manque d’inspiration pour diversifier la teneur des missions dans un pays unique et néanmoins vaste. Les enjeux montent crescendo. On a même droit à des mécanismes de gameplay qui viennent contrebalancer le classicisme de la prise en main. Cela vaut pour les appuis aériens et l’utilisation d’un arsenal dévastateur. En revanche, la phase en hélicoptère demeure ratée, eu égard à l’incapacité à piloter l’appareil et à une visée approximative des cibles.

La victoire est-elle assurée en territoire ennemi ?

Si le jeu ne présente pas de difficultés particulières, la progression ne se fait pas sans heurts. Il n’est pas rare d’assister à de nombreux bugs de collision et des effets sonores coupés de manière fortuite. Le déclenchement des scripts annihile toute spontanéité. Au passage, ceux-ci s’avèrent salvateurs pour flouer l’efficacité d’intervention des alliés, comme celle des ennemis. Tout comme certains éléments du décor, ceux-ci peuvent surgir au dernier moment, quitte à subir quelques dégâts avant de se mettre à couvert.

L’aspect technique reste assez perfectible. Dans une certaine mesure, cela vaut aussi pour la réalisation. Certes, on a droit à moult explosions et fusillades. Pour autant, le schéma d’exposition reste le même et rend l’action prévisible. Les séquences intermédiaires se cantonnent à des briefings austères qui n’ont d’autres intérêts que de présenter les objectifs de missions et d’offrir un contexte aux péripéties de l’équipe Tier 1. On peut aussi déplorer un manque de caractérisation notable sur les protagonistes.

L’art de la guerre éclair

Côté durée de vie, il faut se contenter de six à sept heures de jeu pour boucler la dizaine de missions de la campagne solo. Parmi les différents modes de difficulté (trois, au total), Tier 1 permet de rehausser le challenge avec une limite de temps et des performances à atteindre. La rejouabilité est toutefois minime pour persévérer dans une aventure qui dévoile vite son contenu. Cela vaut autant pour le déblocage des objectifs que pour la teneur de l’intrigue elle-même.

En ce qui concerne le multijoueur, on reste dans une approche conventionnelle, sans fulgurance ni surprise. Les modes s’avèrent sympathiques, sous réserve d’une escouade de joueurs ayant le sens de l’honneur. Avec un titre prédéterminé, on le serait à moins, si l’on occultait les affres du jeu en ligne et la frustration découlant de comportements toxiques ou de tricheurs patentés. Bref, les amateurs y trouveront sans doute leur compte. Les autres s’en désintéresseront bien vite.

En conclusion…

Au final, Medal of Honor s’insinue dans les conflits contemporains avec un sentiment mitigé. Bien que contraint et forcé par l’évolution du marché, on apprécie ce changement de registre, même si les développeurs initiaux avaient décidé d’ancrer « définitivement » leur franchise dans la Seconde Guerre mondiale. Si la guerre d’Afghanistan apporte un potentiel évident pour entrer en corrélation avec l’actualité géopolitique de la période de sortie, le discours prône la rectitude politique. À aucun moment, on ne s’extirpe des propos officiels ou du point de vue occidental.

L’ensemble a beau se montrer nerveux, la réalisation manque de panache. La faute à des intermèdes peu percutants, ainsi qu’à des scripts abrupts et mal intégrés à l’aventure. La campagne solo se conclut assez vite et se termine sans vraiment marquer les esprits. Tout juste peut-on apprécier le caractère distrayant de l’entreprise, sans y entrevoir d’autres intentions. Alors que les premiers jeux s’avançaient comme des références, Medal of Honor peine à se forger une nouvelle identité. Il en est réduit à emprunter les mécanismes de Call of Duty et Battlefield, sans y apporter sa signature.

Note : 13/20

Par Dante

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