avril 24, 2024

Sweet Tooth Saison 1 – Petite Sucrerie

D’Après une Idée de : Jim Mickle et Beth Schwartz

Avec Christian Convery, Nonso Anozie, Adeel Akhtar, Aliza Vellani

Pays : Etats-Unis

Nombre d’Episodes : 8

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Plusieurs années après les mutations provoquées par le « Grand Effondrement », un hybride mi-garçon, mi-cerf se lie d’amitié, contre toute attente, avec un marginal solitaire. Ensemble, ils s’engagent dans une aventure extraordinaire à travers une planète ravagée – et dangereuse – en se demandant si la notion de foyer a encore un sens.

Avis :

Publié à partir de 2009, Sweet Tooth est un comic book du grand Jeff Lemire. Succès littéraire et dystopie tendre et violente, l’histoire va taper dans l’œil d’un certain Robert Downey Jr. qui va vouloir produire une adaptation pour Hulu. Quelques années sont passées, et la série va passer chez Netflix, qui alors mettre les bouchées doubles pour mettre sur pied l’adaptation du comic. Pandémie dans le vrai monde, pandémie dans la série, on peut dire que la plateforme de streaming a eu le nez fin pour sortir la première saison et nous confronter à des problèmes similaires, tout en jetant un regard acerbe sur l’être humain. Petite pépite de douceur dans un monde en perdition, Sweet Tooth va charmer par son road trip, par les découvertes de cet enfant hybride, mais aussi pour son univers qui n’oublie jamais sa dichotomie, entre beauté du monde et horreur de l’homme.

Un virus frappe l’humanité et décime une bonne partie de la population. Dans le même temps, les bébés qui naissent sont des êtres hybrides, mi-humain, mi-animal. Dans cette grande panique, Gus, un enfant mi-garçon, mi-cerf, s’enfuit dans les bois avec son père. Gus grandit alors dans la forêt et a interdiction de sortir d’un périmètre de sécurité. On apprend que dehors, les derniers hommes mènent une guerre contre les enfants hybrides, qu’ils tiennent pour responsable de la pandémie. Lorsque son père meurt, Gus n’a d’autres choix que de fuir sa forêt dans l’espoir de retrouver sa mère. Road trip, dystopie vue à travers les yeux d’un petit garçon qui découvre le monde, Sweet Tooth va constamment jouer sur deux tableaux. Celui de la naïveté et de la tendresse, et celui de la violence et de la folie des hommes. Il va alors résider dans cette série une atmosphère particulière, inédite.

Dans son scénario, il n’y a rien de vraiment original, tout du moins dans le déroulement des évènements. Gus va s’allier avec un homme mutique et en quête de rédemption, qui va se prendre d’affection pour l’hybride. A deux, ils partent vers le Colorado et vont devoir affronter la folie des hommes et les résidus d’un virus encore inconnu. Si quelques flashbacks viendront agrémenter les différents backgrounds des personnages, notamment celui de Jepp (l’homme qui accompagne Gus), la narration n’a rien d’exceptionnel. On navigue entre diverses destinées qui vont forcément s’entrecroiser à la fin. En faisant ainsi, la série assure un bon travail sur les personnages, leur offrant des moments de tension et des choix à faire. Aussi bien chez les gentils que chez les méchants, puisque personne n’est laissé de côté. D’ailleurs, les personnages sont un point fort de la série, notamment dans leurs interactions.

Gus est un enfant qui découvre le monde. Il peut paraître pénible au début, mais il est en accord avec son écriture. Oui, il est naïf et s’émerveille de tout, mais il est comme un nouveau-né qui découvre l’univers autour de lui. S’il ne donne pas sa confiance si facilement, il va tout de même créer des liens intenses avec un homme qui cache un lourd secret, Jepp. Cet homme est très touchant dans son évolution. Tout d’abord mutique et agacé par l’enfant, il va se rendre compte qu’il lui donne un but dans la vie, et surtout un moyen de se racheter. Son écriture est tendre, et même si tout reste assez stéréotypé, on ne peut que ressentir de l’empathie pour ce personnage.

Même Ours, une jeune femme rencontrée en chemin, malgré un côté agaçant, va devenir douce au fil des épisodes et comprendre qu’elle faisait une erreur en combattant tous les hommes. Elle voit en Jepp que les personnes peuvent changer et leurs interactions ne vont faire que grandir au fur et à mesure. On retrouvera aussi un médecin très doux, aimant, mais prêt à tout pour soigner sa femme. Il va découvrir des expérimentations horribles auprès des enfants hybrides, et il va se poser des questions éthiques importantes. A contrario, on va aussi croiser une femme qui va créer un sanctuaire pour les hybrides. Elle trouve dans cette pandémie une nouvelle raison de vivre et un but dans une vie terne de bureau. Tous ces personnages vont bien évidemment converger vers un même lieu.

Tout comme le méchant de la série, un militaire qui veut se voir en grand sauveur de l’humanité et qui fait preuve d’une cruauté sans faille. Autant dans son design que dans sa façon de faire, l’homme dégage un charisme à toute épreuve et s’impose comme un méchant intéressant, auquel il ne manque qu’un léger background pour comprendre sa nature. Chose que l’on espère voir dans la prochaine saison. La petite chose qui manque un peu à la série serait des personnages secondaires plus appuyés, ou plus forts. Les quelques rencontres sont sympathiques mais relèvent de l’anecdotique, comme cette famille cloîtrée dans un restaurant. D’autres manquent aussi de précision, comme cette petite fille hybride, mi-fillette mi-cochon, qui mène une troupe d’autres enfants hybrides. Ce sont des petites choses qui, on l’espère, seront développées dans la prochaine saison.

Enfin, ce qui est vraiment très bon dans cette série, c’est sa direction artistique. Si on voit certains fonds verts, on sent que le maximum a été fait pour tourner dans des décors réels. Et c’est beau. La série arrive à donner un aspect chaleureux à cette pandémie, offrant des plans larges superbes et quelques éléments qui viendront titiller notre rétine. Lorsque nous accompagnons Gus dans son voyage, il y a quelque chose de solaire qui se dégage et c’est très agréable. A contrario, la série arrive bien à changer de ton dans les fulgurances violentes. Lorsque l’on aborde le segment du médecin, dans son quartier, les tonalités grises donnent un sentiment d’insécurité et de méfiance. Une méfiance qui se retrouve dans l’attitude des voisins, espionnant toujours son prochain pour voir s’il n’est pas malade. Cette dichotomie, on la retrouve aussi dans les thèmes abordés.

En effet, Sweet Tooth ne se contente pas d’aligner un road trip et quelques personnages en plus. Ici, on va pointer du doigt l’humanité et sa bêtise crasse. Malgré sa tendresse, malgré sa positivité véhiculée par Gus, la série traite de thèmes assez durs. En vrac, on peut citer la cruauté de l’être humain, prêt à tuer n’importe qui pour survivre. La rédemption, la difficulté d’accepter la différence, la délation, la méfiance ou encore le complotisme. Des thèmes qui sont dans l’air du temps et qui peuvent nous transmettre une certaine angoisse. On reste assez proche de notre monde, ou de ce qu’il pourrait devenir et il y a une certaine clairvoyance dans cette série. Fort heureusement, son fond est délicat, démontrant que le futur est dans les mains de nos enfants, qu’ils soient hybrides ou non, effaçant les différences pour se tenir par la main.

Au final, Sweet Tooth est une très agréable réussite. La série aborde la dystopie d’une manière inédite et très douce, laissant le temps à ses personnages d’évoluer et de grandir dans un monde différent et promis à un avenir laissé aux enfants. Avec ses fulgurances violentes et sa folie assumée des hommes, Sweet Tooth n’écarte jamais le vrai danger, l’humanité et les adultes, n’oubliant jamais d’être mesurée dans ses thématiques, délaissant tout manichéisme. Bref, une série à conseiller qui va bénéficier d’une seconde saison, et c’est une bonne nouvelle.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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