
Avis :
La scène métal est encore et toujours trustée par des groupes composés quasiment essentiellement d’hommes. Et pourtant, ce ne sont pas les femmes qui manquent dans ce milieu, avec de nombreuses chanteuses (que l’on a souvent cantonnées au métal symphonique), mais aussi des musiciennes de talent. Aujourd’hui, les mœurs ont tendance à changer, avec des femmes qui s’assument de plus en plus, et qui bénéficient, à forte raison, d’une mise en avant plus prégnante. D’ailleurs, certains festivals ont bien décidé de faire des scènes qu’avec des femmes, ou tout du moins avec des groupes qui ont des femmes en leur line-up. Burning Witches est un groupe suisse qui s’est formé en 2015 autour de cinq nanas animées par la même passion, le Heavy Métal. La reconnaissance fut assez rapide, puisque dès le deuxième album, elles signent chez Nuclear blast, un très gros label leur assurant une belle visibilité.
2019 marque un léger changement chez le groupe, avec le remplacement de la chanteuse d’origine, puis 2023 marque un gros tournant pour la formation, avec deux évènements. En premier lieu, Burning Witches quitte le label Nuclear Blast pour partir chez Napalm Records. Puis l’une des guitaristes quittent le groupe, et est remplacée par Courtney Cox, guitariste émérite américaine. Cela va permettre à la formation de proposer des albums plus denses, mais surtout plus nerveux. Aujourd’hui, les suissesses proposent Inquisition, leur sixième effort studio (en dix ans de temps, c’est énorme), et sans doute celui qui est le plus énervé et qui embrasse pleinement ses racines Heavy. Tout débute alors avec une introduction, Sanguini Hominum, qui épouse le côté religieux de la chose, et instaurant une ambiance assez pesante, mais qui fera forte impression. Cela laissera alors de la puissance à Soul Eater lors de son commencement.
Alors, étrangement, il s’agit peut-être du morceau le plus faible de l’album, bien que les riffs soient puissants et la rythmique bien enjouée. Cependant, le chant est très stéréotypé, et l’ensemble manque cruellement d’originalité. En fait, malgré les prouesses techniques, on a l’impression d’écouter un truc un peu kitsch. Heureusement, pour la suite, le groupe va assurer, même s’il restera dans des carcans Heavy très classiques. Par exemple, Shame saura nous enflammer, comme sur la pochette, et cela malgré un refrain un peu faiblard. Mais le tout est sauvé par un solo dantesque, et surtout, des riffs profonds et agressifs comme on les aime. On sent quand même que l’arrivée de Courtney Cox a été bénéfique pour le groupe. The Spell of the Skull sera l’un des représentants des titres plus construits et plus complexes, avec une véritable ambiance. Le morceau est solide et puissant.

Inquisition, titre éponyme de l’album, ira encore plus loin dans le délire, avec une véritable introduction bien épaisse, et une rythmique qui ne faiblira jamais. L’ensemble est rondement mené, avec une technique irréprochable, et une vraie envie de faire bouger les nuques. Si ça peut paraître classique, notamment avec un chant qui joue des trémolos, il en ressort tout de même une sacrée belle énergie. Energie que l’on retrouve avec High Priestess of the Night qui s’avère être un titre très ludique et accessible. Le refrain marche parfaitement malgré son manque de rondeur, mais globalement, on prend un pied pas possible face à ce titre. D’ailleurs, il parait presque plus lumineux que les autres titres, en tous les cas, bien plus dansant. Quant à Burn in Hell, on sera un peu plus dubitatif. Le titre est bon et rapide, mais il lui manque une petite identité.
Presque comme un passage obligé, Release Me sera la ballade de l’album, et force est de constater que c’est un excellent moment. Les suissesses proposent un morceau stéréotypé, voire cliché, mais qui fonctionne à merveille, et nous touche au plus profond. Derrière ça, la puissance revient avec le très efficace In for the Kill, un titre qui donne le ton d’entrée, avec un déboîtage en règle de notre nuque. Et le refrain catchy en diable viendra complaire l’un des meilleurs titres de l’album. In the Eye of the Storm essaiera de rivaliser, mais se sera difficile, et cela malgré un bon moment passé. Là aussi, il manque un petit truc en plus pour le rendre vraiment inoubliable. Mirror, Mirror viendra nous mettre un dernier coup de parpaing avant une conclusion qui forme une boucle avec l’introduction via Malus Maga qui pourrait tout à fait être le début d’un autre morceau.
Au final, Inquisition, le dernier album des Burning Witches, est un très bon effort. Porté par un Heavy solide et puissant, le groupe délivre une galette de qualité, qui vise l’essentiel sans jamais se perdre en cours de route. On pourrait lui reprocher d’être trop classique et de ne pas prendre trop de risque, mais à bien des égards, on prend un plaisir monstre à écouter cette galette, sans en subir le moindre ennui, et c’est plutôt bon signe.
- Sanguini Hominum
- Soul Eater
- Shame
- The Spell of the Skull
- Inquisition
- High Priestess of the Night
- Burn in Hell
- Release Me
- In for the Kill
- In the Eye of the Storm
- Mirror, Mirror
- Malus Maga
Note : 15/20
Par AqME