octobre 15, 2025

Tatouage – Une Vraie Veuve Noire

Titre Original : Iruzemi

De : Yasuzô Masumura

Avec Ayako Wakao, Akio Hasegawa, Gaku Yamamoto, Kei Sato

Année : 1966

Pays : Japon

Genre : Drame

Résumé :

La jeune Otsuya et son amant Shinsuke fuient la maison familiale pour vivre leur amour et trouvent refuge chez Gonji, un escroc qui se prétend être leur ami mais il les trahit. Il vend la jeune fille au tenancier d’une maison de geishas qui fait tatouer sur le dos d’Otsuya une araignée à tête humaine dans le but de briser sa volonté. Le contraire se produit et le tatouage métamorphose Otsuya. Elle devient une geisha sans scrupule et extermine les hommes qui ont fait son malheur. Manipulatrice et sanguinaire, elle semble possédée par l’araignée gravée sur sa peau…

Avis :

Important metteur en scène japonais qui fait partie de la nouvelle vague du cinéma japonais, Yasuzô Masumura est un réalisateur qui a eu une carrière impressionnante. Débutant en 1957 après des études en droit et en philosophie, il a réalisé pas moins de cinquante-sept films, en vingt-cinq ans de carrière, c’est dire l’envie de cinéma du monsieur.

Pour ma part, si je connais le cinéaste de nom et de réputation, je ne me suis encore jamais arrêté sur l’un de ses films. Difficile de choisir par où commencer avec une filmographie pareille. Certains se seraient arrêtés sur un synopsis, ou un acteur. De mon côté, c’est l’affiche de « Tatouage » qui m’a tapée dans l’œil, et j’ai très bien fait. Je ne sais pas encore ce que valent ses autres films, mais cette première incursion dans le cinéma de Yasuzô Masumura fut passionnante.

«  »Tatouage » se pose comme un chef-d’œuvre »

Tenu avec une restauration impeccable, « Tatouage« , c’est la vengeance d’une femme dans un monde d’hommes. Manipulations, déconvenues, emprises et drames sont au menu de l’histoire de cette femme victime de sa beauté. Très court, à peine une heure vingt, « Tatouage » se pose comme un chef-d’œuvre qui m’a totalement envoûté, et qui me donne désormais qu’une envie, découvrir les autres films de son réalisateur.

Dans un Japon féodal en mutation, Otsuya, jeune femme d’une beauté troublante et d’un rang bourgeois, fuit les conventions avec son amant, Shinsuke. Leur escapade romantique vire à la trahison : elle est livrée à une maison de plaisir où son corps devient une marchandise…

Magnifique. Je pensais bien que j’allais passer un bon moment devant ce vieux film japonais, mais j’étais très loin de me douter que la séance serait aussi passionnante dans ce qu’elle allait me raconter. Pourtant, lorsque je survole son synopsis, l’intrigue de « Tatouage« , je la connais déjà. Elle n’a rien de bien neuf et pourtant, je n’ai pas vu la petite heure et vingt-deux minutes que dure le film de Yasuzô Masumura.

« Tatouage« , c’est l’alliance de la beauté dans son intrigue, à la beauté dans son visuel, avec comme je le disais en préambule, une restauration purement extraordinaire. C’est bien simple, à aucun moment on pourrait croire que le film s’apprête à fêter ses soixante ans l’année prochaine. Ainsi, la photographie est au-delà du sublime. La caméra et la façon de filmer sont d’une grande élégance. Puis il y a le montage avec cette première scène prenante et intrigante en début de film, qui est en fait un flashback. L’idée est très intéressante dans le fait découvrir comment on arrive à cette scène, puis une fois-là, le film prolonge son histoire… Bref, c’est excellent d’un bout à l’autre dans ses idées de narrations.

«  »Tatouage » est aussi film étonnant dans la violence qu’il montre. »

Des idées qui sont d’autant plus au service d’une histoire passionnante. Une histoire plus profonde et torturée qu’elle ne le laisse paraître. Évidemment, avec cette histoire d’amour contrarié, Yasuzô Masumura questionne la société japonaise de cette époque. Il questionne l’amour, la différence des classes, et plus loin que ça, jusqu’où le désir de vengeance peut emporter quelqu’un. Mais là où le film se fait encore plus terrible, c’est qu’il est moins lisse qu’il ne le laisse penser. « Tatouage« , c’est aussi un film qui peut laisser libre d’interprétation son spectateur, avec cette idée de tatouage presque envoûté, posé de force sur le dos de cette femme. J’ai totalement été pris par les deux « versions » possibles de son histoire.

Deux idées, selon du côté duquel on se place, qui nous entraîne vers ce final de toute beauté. Un final tragique, logique et en même temps injuste, réjouissant et agaçant à la fois. D’ordinaire, réjouissant et agaçant n’ont rien faire dans la même phrase, dans le même sentiment partagé, mais ici, le personnage principal est si trouble et troublant, que les émotions se confondent. Un personnage qui est d’ailleurs incarné par l’excellente Ayako Wakao, actrice totalement envoûtante que je découvre avec un immense plaisir ici.

Avec ça, « Tatouage » est aussi film étonnant dans la violence qu’il montre. Si, de ce côté-là, le film a un peu vieilli, il n’en reste pas moins qu’il est sanglant, voire même un peu gore dans ses meurtres, et ou encore dans « les combats » pour tuer, qui sont bien souvent éprouvants, avec beaucoup de suspens à la clef.

Cette première incursion dans le cinéma de Yasuzô Masumura fut une expérience merveilleuse, avec un film qui a dépassé toutes mes attentes. Beau et cruel à la fois, terrible, tragique, plein de tensions et d’incertitudes quant à l’issue de son final, même si… Puis, il y a la beauté du film, et cette idée d’en déduire aussi ce que l’on veut… Bref, « Tatouage » m’a passionné d’un bout à l’autre !

Note : 18/20

Par Cinéted

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