septembre 26, 2025

Pris au Piège – Aronofsky Change avec Brio de Registre

Titre Original : Caught Stealing

De : Darren Aronofsky

Avec Austin Butler, Zoë Kravitz, Regina King, Matt Smith

Année : 2025

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Comédie

Résumé :

Hank Thompson a été un joueur de baseball prodige au lycée, mais désormais il ne peut plus jouer. À part ça, tout va bien. Il sort avec une fille géniale, il est barman la nuit dans un bar miteux à New York, et son équipe préférée, donnée perdante, est en train de réaliser une improbable remontée vers le titre. Quand Russ, son voisin punk lui demande de s’occuper de son chat pendant quelques jours, Hank ignore qu’il va se retrouver pris au milieu d’une bande hétéroclite de redoutables gangsters. Les voilà tous après Hank, et lui ne sait même pas pourquoi. En tentant d’échapper à leurs griffes, Hank doit mobiliser toute son énergie et rester en vie assez longtemps pour comprendre.

Avis :

Après avoir enchaîné deux films très sombres, « Mother! » en 2017 et « The Whale » en 2023, Darren Aronofsky avait envie de quelque chose de plus frais, de plus fun, de plus divertissant. Et comme il le dit lui-même, quand il est tombé sur le script de Charlie Huston, cette histoire tenait pile le fun et le déjanté dont il avait envie. Plus encore, dont il avait besoin. Puis derrière ça, en plus d’offrir un divertissement déglingué, « Pris au piège » a une intrigue qui se passe dans l’East Village, quartier où le réalisateur a passé une partie de son adolescence, ce qui forcément fait vibrer son film de manière plus personnelle.

J’adore le cinéma de Darren Aronofsky. Depuis qu’ado, je me suis pris une claque devant « Requiem for a Dream« , j’attends chacun de ses films comme l’un des cadeaux de mon année. Dans une certaine mesure, le cinéma de Darren Aronofsky a construit le cinéphile que je suis aujourd’hui. Mais après la décennie incroyable avec des films comme « Black Swan » et surtout « Mother!« , film qui n’a pas fini de m’obséder, je dois dire que voir Darren Aronofsky partir sur un film de gangsters, j’étais pour le moins dubitatif. Puis le film est passé en avant-première. J’y suis allé et le premier sentiment qui me vient à la sortie de la salle, c’est « Mais quel pied ! » Si j’étais vulgaire, je dirais même « Quel putain de pied » !

«  »Quel putain de pied » ! »

À New York, Hank Thompson n’est plus que l’ombre de lui-même. Ancien joueur de baseball qui avait tout pour être une star, sa carrière et son rêve se sont arrêtés net. Aujourd’hui, il noie son quotidien entre petits boulots minables et alcool bon marché. Sa vie bascule le jour où un voisin lui confie son chat à garder. Rien d’extraordinaire, croit-il… mais dès le lendemain, Hank a de la visite, et bientôt, il se retrouve entraîné malgré lui dans un foutoir inimaginable.

Le cinéma est toujours capable d’offrir les plus belles surprises, et voir un auteur comme Darren Aronofsky dynamiter le genre, c’est plus que réjouissant. Comme je le disais, je n’étais pas plus convaincu que cela lorsque le projet est tombé. Je dois dire que le film de gangsters, ce n’est pas le genre qui me fait le plus vibrer, et même si je ne doutais pas que cette séance aurait de quoi m’offrir des séquences sympathiques, j’étais très loin de me douter que j’allais trouver un film aussi jouissif. Bordélique, voire chaotique, emballé dans un fun, c’est ce qui ressort de cette séance pas comme les autres.

Pourtant, lorsqu’on regarde de près le scénario, on ne peut pas dire que « Pris au piège » soit d’une originalité incroyable. Le film nous raconte l’histoire d’un looser pris dans un engrenage malgré lui. Au milieu de gangs rivaux qui cherchent la même chose, le personnage principal va devoir lutter pour sa survie et comprendre ce qui se passe, pour déjouer le tout et s’en sortir indemne ou presque… Bref, rien que l’on n’ait déjà vu. Mais voilà, avec Darren Aronofsky à la barre, « Pris au piège » bascule dans une autre dimension.

« Le scénario est hyper malin et surtout, il se fait imprévisible »

Le scénario est hyper malin et surtout, il se fait imprévisible, car il est tenu par une sorte de folie générale. Si jusque-là, Darren Aronofsky a toujours fait des films sérieux, des drames prenants, ici, on a l’impression d’avoir un enfant qui s’éclate, avec des courses-poursuites dingues, des quiproquos qui n’arrêtent pas, des bastons délirantes, des idées de mise en scène qui débordent de tous les côtés. Une envie de surprendre et de s’amuser en permanence. L’absurde convoque le génial, le trépidant. Le chaos général fait sourire, et les rebondissements, même les plus improbables, nous tiennent en alerte jusqu’à ce final. Un final que l’on voit arriver de loin, mais qui reste terrible lorsqu’il se produit.

Puis avec ça, derrière les délires et le fun, « Pris au piège » est un film qui tient de bons sujets. L’intrigue aborde le poids de ses actes, le fait d’assumer ses responsabilités. Il y a aussi le poids du passé et, plus métaphorique, « Pris au piège » est une déclaration d’amour au New York de la fin du siècle dernier. La ville en elle-même est un véritable personnage plein de reliefs. Et enfin, il y a ce personnage de looser magnifique. Ce personnage qui va se trouver, ou se retrouver, malgré lui. Ce bordel terrible, c’est presque une psychothérapie à laquelle on assiste avec beaucoup de délices.

Bref, si l’on ajoute à ça un casting qui s’éclate autant que son réalisateur avec des personnages très hauts en couleurs, on peut aisément dire que le nouveau film de Darren Aronofsky est une réussite de tous les instants. C’est drôle. C’est dynamique. Ça ne s’arrête jamais. Et s’il a bien un côté déjà-vu, le réalisateur arrive sans mal à dynamiter le tout, pour offrir un spectacle régressif, qui m’a tout simplement fait triper du début à la fin. « Pris au piège » n’est peut-être pas le meilleur film de Darren Aronofsky, mais il est assurément son plus cool.

Note : 17/20

Par Cinéted

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