De : Denis Imbert
Avec Victoria Bedos, François Berléand, Chantal Lauby, Jonathan Cohen
Année : 2016
Pays : France
Genre : Comédie
Résumé :
A presque 30 ans, Victoire la petite dernière de la célèbre famille Bonhomme, l’éternelle enfant sage de la tribu, décide enfin de s’émanciper en découvrant l’alcool, le sexe, et… sa voix. Grâce à Banjo, un chanteur de bar et d’Elvis, elle va réussir à prendre son envol en chantant l’amour avec pudeur et le sexe sans tabou, et entraîne sa mère avec elle au grand dam de son père et de son frère.
Avis :
Parfois, le cinéma français offre des comédies qui valent vraiment le coup. En règle générale, il faut s’éloigner du tout-venant et des casting luxueux, pour se lancer dans la découverte de films indépendants, plus ouverts à la création et à la prise de risque. En ce sens, malgré un choix de comédiens qui aurait dû nous mettre la puce à l’oreille, Vicky cochait presque toutes les cases de la bonne surprise. Un premier film pour Denis Imbert, un scénario de tranche de vie un peu dissolue, et une distribution relativement timide. Malgré ça, on va vite voir que le naufrage était quasiment téléphoné, la faute à un égo démesuré, propre à la famille Bedos, où ici, on va suivre une partie de la vie de la fille, qui vit dans l’ombre de son père et de son frère et qui tente par tous les moyens de s’affirmer.
Ecrit en partie par Victoria Bedos (avec Denis Imbert), joué principalement par Victoria Bedos, sur sa famille et sa vie à l’aube de ses trente ans, Vicky est un film nombriliste qui baigne dans un monde déconnecté de la réalité, où les bourgeois se côtoient sans trop se mélanger. On va donc suivre une jeune femme qui tente de s’affirmer en s’éloignant de ce milieu, faisant la découverte de son corps, s’émancipant de son père qui est un peu trop castrateur, et jouant alors dans un groupe de punk rock (mais toujours aux relents bobo parisiens, faut pas déconner non plus, elle est loin la 8.6 et la crête). On assiste alors à quelques mésaventures, des embrouilles familiales et un happy end qui frôle le nauséeux, car il ne faudrait surtout pas donner une mauvaise image de la famille (même si le mal est fait, n’est-ce pas Nicolas).
« Tout ça sent l’égotrip sans une once de gêne… »
Bref, vous l’aurez compris en quelques lignes seulement, Vicky est un très mauvais film, qui souffre bien évidemment de l’égo démesuré de la personne derrière l’écriture, qui souffre tellement du syndrome de la fille (et sœur pour le coup) de qu’elle essaye par tous les moyens de truster le devant la scène. L’humour est souvent malaisant, traitant de manière volubile des sujets qui auraient pu être intéressants, mais surtout, on se retrouve face à des personnages qui sont tout bonnement insupportables. Victoria ressemble à une enfant capricieuse qui ne fait pas ce qui lui plait, mais plutôt ce qui peut faire rager son père. Quant à ce dernier, il est égocentrique au possible, égoïste, et ne se rend compte de ce qu’il perd qu’au dernier moment. On peut aussi évoquer le frère, égoïste et stupide au possible, ou encore la mère, qui subit tout ça.
Outre des personnages antipathiques, on retrouvera des seconds rôles peu attachants, du chanteur d’Elvis à quelques coups d’un soir, ou encore le barman sympathique qui veut se faire la mère. On peut aussi compter sur un humour pataud et complètement à côté de la plaque, qui veut parfois épouser le côté « auteur » de l’ensemble (la scène quand elle jouit pour la première fois, au secours !) mais n’arrive jamais à en saisir l’essence. Puis il faut aussi compter sur une musique indigente, sorte de mélange entre Rock mainstream et Punk rose bonbon où les paroles s’axent principalement sur le cul, le sexe et l’émancipation féminine. De vraies paroles, puisqu’il s’agit vraiment du groupe de l’actrice, où les rimes pauvres se succèdent avec aisance pour livrer des textes indigents. Et tout ça sent l’égotrip sans une once de gêne…
« Le film oublie aussi sa portée sociétale, restant coincé dans son monde bobo parisien. »
Néanmoins, malgré tout le mal que l’on peut en dire, il y avait pourtant matière à faire quelque chose de bien, ou tout du moins avec des sujets intéressants, qui en sont qu’effleurés ici. En premier lieu, il y a cette volonté de sortir de l’ombre de ce père et de ce frère, en trouvant sa propre voie. Ici, c’est le thème principal, mais il est noyé dans des élucubrations grotesques et un égocentrisme dégoulinant. Ensuite, on peut voir l’opposition qu’il y a dans le monde de la culture, entre celle des bourgeois, avec les grandes pièces de théâtre, les grands classiques, et quelque chose de plus populaire, comme les groupes de rock/punk qui jouent dans les bars. Malheureusement, cette guéguerre trouve une résolution trop facile, imposant un happy end mièvre. Le film oublie aussi sa portée sociétale, restant coincé dans son monde bobo parisien.
Au final, Vicky est un très mauvais film qui souffre de l’égocentrisme de son autrice, qui veut raconter sa vie, tout en embellissant le tout. Jamais drôle, souvent mal joué, baignant dans une mise en scène sans une once d’identité et souffrant d’un scénario inintéressant au possible, on peut dire que le premier film de Denis Imbert est une vilaine farce à destination des bobos qui, peut-être, se reconnaîtront dans ce portrait lisse au possible, nombriliste et oubliant volontairement de traiter à fond des sujets sociétaux qui auraient été bien plus intéressants.
Note : 04/20
Par AqME