Avis :
En règle générale, quand on se lance dans un projet de Power Métal, c’est qu’on a les reins solides et du soutien. En effet, il s’agit du sous-genre le plus grandiloquent dans le métal, et il faut donc de gros musicos ainsi qu’une orchestration pour donner de l’ampleur aux titres. D’ailleurs, les plus grands groupes de ce genre, notamment européens (coucou Rhapsody of Fire), ont beaucoup de membres et s’amusent même à faire des enregistrements avec des orchestres symphoniques. Sauf Ominous Glory. Originaire des environs de Philadelphie, fondé en 2001, le groupe ne va rentrer en studio que tardivement pour sortir son tout premier album début 2021. Ainsi donc, c’est après des années de galère que les américains arrivent à sortir leur première galette avec The Elven Dream. Et quel morceau !
La première chose qui frappe quand on regarde l’effort, c’est son énorme générosité. On le sait, les albums de Power durent généralement longtemps, avec de grosses pistes bien longues, mais là, on en a pour notre argent. Quinze pistes pour une heure vingt de plaisir, c’est rare de nos jours, et cette générosité s’avère payante. Car oui, on sait qu’il ne faut pas confondre quantité et qualité, mais là, on est clairement les deux. Mais voyons ça de plus près.
Après une introduction des plus sympathiques, March of the Elf King, on rentre dans le vif du sujet avec Eternal Destiny. Et on va vite se rendre compte de la qualité du groupe. La production est gargantuesque. Malgré ses petits moyens et sa toute petite notoriété, le groupe peut faire la nique à de grands noms qui se sont raccrochés à un certain classicisme. Ici, le mot est grandiloquence et générosité. Le titre est mené tambour battant. Il ne s’arrête jamais. Entre des riffs surpuissants et rapides, on aura droit à de superbes élans vocaux et un solo dantesque parfaitement maîtrisé. Même les nappes de clavier donnent une réelle identité à Ominous Glory.
Avec The Elven Dream, on commence plus doucement, avec une jolie flûte, quelques murmures féminins et on se croit en plein jeu de rôle. L’entrée en matière est assez classique, mais rapidement le groupe joue des coudes et délivre un chant rageur avec des riffs bien catchy et une envie de rendre l’ensemble guerrier comme il faut. Bref, malgré un côté un peu déjà-vu, on est dans le haut du panier. Après ces deux gros morceaux qui dépassent les six et sept minutes chacun, le groupe va fournir une paire de titres plus simples, plus courts, plus concis, mais tout aussi efficaces. Oraekja (Erick the Viking) est fédérateur en diable et donne une furieuse envie d’en découdre dans les contrées glacées scandinaves. Wayfaring Journeymen donne du cœur et de la chaleur à l’ensemble. Le titre est enjoué, le chant est superbe, et encore une fois, la production force le respect.
Fait très étonnant pour un jeune groupe, on retrouvera en milieu d’album un titre totalement instrumental. Si la chose n’est pas rare dans le Power, dans un premier album, c’est plutôt couillu. D’autant plus quand le morceau est tout simplement sublime. Car après un Julianna (Queen of the Dark Star) un poil décevant, on retrouve une belle sensibilité et un sens inné du spectacle et de la narration. Oui, au-delà de l’aspect technique parfaitement réussi de l’album, The Elven Dream raconte une histoire. On y retrouve des elfes, des démons, des gentils, des méchants, c’est épique et ça tient une cohérence entre l’univers traité et le style Power qui est l’idéal. L’utilisation d’instruments plus atypiques comme le violon donne du cachet au titre, et plus globalement à l’album.
Bien évidemment, après cet interlude (qui dépasse les trois minutes, tout de même), on aura droit à notre lot de partitions épiques et de morceaux qui donnent envie d’enfiler son armure et de partir guerroyer. The Kingdom of Light est tout simplement épique, tandis que The Ice Demons of Ragnarok sera plus sombre et plus lourd. Forgotten Alliances jouera sur une corde plus sensible, avec une orchestration plus intimiste qui permet de faire une petite pause au sein de l’album. Love Knows no Distance est une jolie ballade qui profitera d’un chant féminin du plus bel effet. Et Echoes in Time aurait un côté Thrash assumé et qui va dépoter sévère. Bref, on a une palette d’émotions et de sensations qui fait vraiment plaisir et qui démontre toute la générosité du groupe.
Au final, The Elven Dream, le premier album d’Ominous Glory, est une magnifique réussite. Indépendant, sans label, construit avec abnégation et courage, le résultat est tout simplement bluffant. Les américains fournissent un travail gargantuesque qui sent la passion à plein nez. Dans un contexte où le Power a tendance à s’écouter et a du mal à se recycler, Ominous Glory vient mettre un joli coup de pied dans la fourmilière et s’impose, on l’espère, comme un futur grand groupe qui a des choses à raconter. Bref, c’est tout simplement formidable.
01. March of the Elf King
02. Eternal Destiny
03. The Elven Dream
04. Oraekja (Erick the Viking)
05. Wayfaring Journeymen
06. Julianna (Queen of the Dark Star)
07. Nordania
08. The Kingdom of Light
09. The Ice Demons of Ragnarok
10. Forgotten Alliances
11. Love Knows no Distance
12. Echoes in Time
13. Arrows of Cronon
14. Ominous Glory
15. To a Future Unknown
Note : 18/20
Par AqME