avril 25, 2024

L’Exorcisme de Hannah Grace

Titre Original : The Possession of Hannah Grace

De: Diederik Van Rooijen

Avec Shay Mitchell, Stana Katic, Grey Damon, Kirby Johnson

Année: 2018

Pays: Etats-Unis

Genre: Horreur

Résumé:

Une ex-policière déchue en désintoxication accepte un travail dans la morgue de l’hôpital où elle se soigne. Un jour, un corps sévèrement mutilé lui est confié. La jeune femme assiste alors à une série de meurtres qui la conduira à affronter une entité démoniaque.

Avis:

Dans le domaine du film d’horreur, il y a un sous-genre qui a fait les beaux jours des producteurs en s’inspirant de «faits réels ». Ce sous-genre, c’est celui de l’exorcisme. Si le plus marquant reste bien sûr celui de Regan dans L’Exorciste de William Friedkin, ces dernières années, on a bouffé du rite chrétien à toutes les sauces et avec tous les noms. De Le Rite avec Anthony Hopkins en passant par L’Exorcisme, de The Devil Inside en cherchant du côté des Dossiers Secrets du Vatican, on aura eu à boire et à manger dans ce sous-genre. Et toujours de surfer sur la punchline « tiré d’un fait réel ». Autant avaler des couleuvres, tant certaines histoires semblent improbables. Parmi tout ce lot de film d’exorcisme, il y en a un qui peut sortir un peu du lot, L’Exorcisme De Hannah Grace. Pourquoi ?

De l’horreur frontale

Le film débute rapidement avec une tentative d’exorcisme sur la jeune Hannah Grace. La jeune femme est possédée par un démon surpuissant, arrivant à éjecter un prêtre et à l’empaler sur une statue. De désarroi, son père l’étouffe avec un coussin. Quelques temps plus tard, on va faire la connaissance de Megan, une ancienne policière qui n’a pas su tirer sur un malfrat, ce qui a coûté la vie à son partenaire. Pour pallier à son addiction aux médocs, elle est engagée comme gardienne de morgue de nuit. Un beau soir, on lui emmène le cadavre d’Hannah Grace. Et très vite, des phénomènes paranormaux se passent dans la morgue. Le lieu, l’état du cadavre, ses origines, le stress post-traumatique de l’héroïne, tout est mis en œuvre pour installer une ambiance morbide et délétère autour d’un corps qui va prendre petit à petit vie. Et c’est là le point fort du film, qui ne lambine pas et fournit ce que l’on est venu chercher, de l’horreur, de la peur, de la frousse.

Ici, tout est mis en œuvre pour que l’on se sente mal à l’aise. La morgue, monstre de technologie au sein d’un endroit froid et bétonné, sert de cadre glauque à l’ensemble. Les néons sont placés en forme de croix, les lumières ne s’allument qu’au mouvement et parfois, lorsque rien ne bouge, elles s’allument, les murs gris et lisses font immédiatement penser à l’intérieur d’un cercueil. Bref, tout est posé pour que l’on pense à la mort prématurée de notre héroïne, face à un cadavre qui va faire des siennes. Outre ce cadre froid et morbide, le film joue constamment avec nos nerfs lors de séquence d’exposition qui mettent peuvent déranger. La position du corps, son état, entre brûlure et plaie béante, ses mouvements rigides, on sent que tout a été mis en œuvre pour faire de ce corps apparemment sans vie un personnage à part entière. Et tout cela contribue à instaurer une ambiance malsaine et glauque.

De l’horreur trop frontale

Néanmoins, ce qui fait la force du récit est aussi sa faiblesse. En fait, le film est bien trop généreux. Si certains films jouent constamment sur la suggestion, L’Exorcisme de Hannah Grace fait tout le contraire. On voit tout, tout le temps. Et cela va peser sur les mises à mort qui seront complètement ridicules. A chaque fois, c’est la même recette. Le cadavre s’anime, hurle, fait voler les gens, leur tord les membres, puis brise leur nuque. Le film se voulant frontal, on voit tout sans que cela nous marque vraiment. Fort heureusement, le fameux « tiré de fait réel » n’apparait pas sur l’affiche du film. Cet aspect bourrin va alors impacter l’ambiance. C’est-à-dire que les moments d’attente sont vraiment flippants, mais les passages de mise à mort, où les quelques moments d’action, vont être maladroits et déconstruisent finalement tout ce qui a été mis en place auparavant. C’est dommage, car l’ambiance est vraiment présente.

Mais l’autre défaut de ce film, c’est finalement son absence de thématique forte. Nous sommes face à un métrage qui ne critique rien, et qui peut se voir comme un simple divertissement. On aura bien un travail autour de l’addiction et de la rédemption, où la femme va devoir prendre les armes pour se sauver, mais ça reste très survolé au sein du récit. Tout comme les personnages secondaires qui ne servent pas à faire avancer l’histoire. Si ce n’est cette infirmière de nuit qui est en fit la marraine de notre héroïne et qui va tenter de la sauver de son emprise sur les cachets. Ou encore cet ambulancier débonnaire, qui est d’une grande sympathie et qui va redonner espoir et un peu de chaleur à l’ensemble. Pour le reste, c’est la douche froide, car personne n’aura une fonction intéressante, pas même l’ex petit copain flic à la gueule d’ange.

Performance

Si le film souffle le chaud et le froid durant toute sa durée, il n’en est pas de même avec les acteurs. Shay Mitchell est relativement intéressante dans son rôle d’ancienne flic tout chamboulée par son drame personnel et la destruction de sa vie sentimentale. Si elle est entourée de bons acteurs, elle crève l’écran et joue bien. Mais s’il y a bien une performance à saluer, c’est celle de Kirby Johnson qui joue de son corps et de son physique pour camper une Hannah Grace effrayante et enragée. Si les raisons de sa colère restent floues (en même temps, c’est un démon qui se régénère en tuant), elle est effrayante à souhait et s’investit intégralement dans ce rôle. Sa tenue, ses mouvements, son attitude, son regard, elle est bluffante et participe grandement à l’ambiance glaciale du film. Une ambiance froide qui se terminera d’ailleurs dans la chaleur.

Au final, L’Exorcisme de Hannah Grace n’en est pas vraiment un. Si le démarrage nous laisse à penser à un film avec des culs bénis et des versets de la Bible, il en sera tout autre. Film d’horreur qui mise tout sur ses aspects frontaux pour diluer une ambiance lourde qui aurait été parfaite avec un peu de finesse, le film de Diederik Van Rooijen se perd un peu en cours de route, mais peut prétendre à ce que l’on a fait de mieux en matière d’exorcisme depuis bien longtemps. Sans être la panacée, ce film se révèle assez efficace en son genre.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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