Titre Original : The Train
De : John Frankenheimer et Arthur Penn
Avec Burt Lancaster, Paul Scofield, Jeanne Moreau, Suzanne Flon
Année : 1964
Pays : Etats-Unis, France, Italie
Genre : Guerre, Thriller
Résumé :
En 1944, le Colonel von Waldheim fait évacuer des tableaux de maîtres du Jeu de Paume pour les envoyer en Allemagne. Labiche, un cheminot résistant, est chargé de conduire le train transportant ces objets d’art.
Avis :
John Frankenheimer est un monstre sacré du cinéma américain. Mort en 2002, le réalisateur a laissé derrière lui une filmographie des plus impeccables, notamment quand on descend en dessous des années 80 avec des titres comme « L’ange de la vengeance« , « Un crime dans la tête« , « Le prisonnier d’Alcatraz« , « Grand Prix » ou encore « Second, l’opération diabolique« . C’est d’ailleurs l’un des films de cette période sur lequel on s’arrête aujourd’hui.
Alors que Coin de Mire sort dans des éditions magnifiques et numérotées une collection de chefs-d’œuvre ou du moins de classiques, aujourd’hui, on s’arrête sur « Le train » de John Frankenheimer, film avec ni plus ni moins que Burt Lancaster, Jeanne Moreau, Michel Simon ou encore Suzanne Flon, autant dire du très lourd. Excellent film de guerre porté par une idée aussi géniale qu’elle pousse à la réflexion, John Frankenheimer nous livre là un film intense et magnifique qui traverse le temps avec grâce. C’est bien simple, lorsqu’il convole tranquillement sur ses soixante ans, il n’a pas pris une seule ride et mieux encore, il reste une source d’étonnement.
Août 1944, les alliés sont pratiquement à Paris, le Colonel von Waldheim décide alors de faire évacuer des tableaux de maître en Allemagne afin d’enrichir le pays de ce patrimoine français. C’est Paul Labiche, un chemineau français, qui est en charge de conduire le train en Allemagne. Avec l’aide de la résistance, il va tout mettre en œuvre pour que le train et surtout ces tableaux inestimables ne quittent jamais le territoire français…
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre quand je me suis plongé dans « Le train« . « Le train« , c’est un film dont je connaissais la réputation, et au-delà de cela, j’aimais l’idée du film, cette intrigue qui, je l’imaginais, pouvait donner un film pour le moins original et finalement, une fois ma séance finie, c’est un film diablement intéressant que j’ai découvert. Un film qui derrière toute l’action et ce scénario impeccable, tient une belle réflexion, la vie humaine vaut-elle d’être sacrifiée pour des œuvres d’art aussi inestimables qu’elles peuvent être et c’est là que personnellement le film m’a le plus pris et touché.
« Le train« , c’est donc un scénario impeccable de sa première à sa dernière scène. C’est un scénario très rythmé qui enchaîne les moments de bravoure et les scènes d’action spectaculaires. John Frankenheimer nous offre là un divertissement de très haute volée qui trouve comme je le disais un très beau fond derrière son idée de base.
Avec ce film, John Frankenheimer aborde aussi bien l’idée évoquée plus haut, que la résistance française et plus particulièrement celle des cheminots français qui ont mis de sacrées bâtons dans les roues de l’armée allemande. D’ailleurs, un carton apparait en début de film, dédiant justement ce film aux cheminots français. Installant beaucoup de suspens au sein de son film, « Le train » surprend par son histoire, ce qui étonnera, car si l’on y regarde de plus près, dans son fil rouge, le film de John Frankenheimer demeure très classique et c’est peut-être là qu’on voit la talent du bonhomme qui arrive à nous tenir en haleine avec un film qui étonne sans apporter de réelles surprises. Seul petit hic au milieu de toutes ces qualités, le fait que l’Europe complète parle anglais. Si ça se faisait et ça se fait encore, j’avoue que la démarche est franchement dérangeante.
Si le film fonctionne si bien, c’est aussi grâce à la mise en scène de Frankenheimer qui livre un film sombre, peut-être un poil caricatural quand on s’arrête sur les Allemands, mais le tout marche parfaitement. « Le train« , c’est aussi bien un film d’aventures, d’action, qu’un film humain qui prend le temps quand il en a besoin pour s’arrêter sur ses personnages.
John Frankenheimer nous offre aussi de grandes scènes, des moments intenses, des moments d’évasion ou d’affrontement spectaculaires. Il faut aussi noter la qualité des effets spéciaux qui n’ont absolument pas vieilli. Autre point merveilleux, la façon dont le réalisateur a de filmer les visages de ses personnages. En deux plans, ils sont iconisés, et Frankenheimer nous donne envie de les suivre n’importe où.
Bon, en même temps, il est difficile de ne pas iconiser des acteurs aussi talentueux que Burt Lancaster, Jeanne Moreau, Paul Scofield, Michel Simon, Suzonne Flon, Charles Millet, Albert Rémy, tant leur simple présence crève l’écran. John Frankenheimer a vraiment réuni un casting impeccable. Un casting de gueules de cinéma qui arrive autant à embarquer son spectateur qu’à le toucher.
Excellent de bout en bout, étonnant alors qu’il est classique, « Le train » de John Frankenheimer est un grand film de guerre et au-delà de ça, derrière, en sous-texte, il est aussi un grand film qui pose une question belle, profonde, étonnante… Des tableaux, aussi prestigieux soient-ils, méritent-ils qu’on y perde la vie. Et derrière ça, plus en profondeur encore, l’art est-il plus important qu’une vie… Bref, c’est passionnant de bout en bout !
Note : 18/20
Par Cinéted