octobre 16, 2025

Donnie Brasco – L’Infiltration Empathique

De : Mike Newell

Avec Al Pacino, Johnny Depp, Michael Madsen, Bruno Kirby

Année : 1997

Pays : Etats-Unis

Genre : Biopic, Policier

Résumé :

En 1978 à New York, l’agent spécial Joe Pistone est désigné par le FBI pour infiltrer le clan Bonanno, une des familles les plus puissantes de la côte Est. Il contacte un modeste porte-flingue de l’organisation, Lefty Ruggiero, auprès duquel il se fait passer pour un spécialiste en joaillerie du nom de Donnie Brasco. Coupé de son milieu, Donnie va peu à peu s’identifier à ceux qu’il doit détruire.

Avis :

Dans les années 70, le FBI décide d’infiltrer un réseau de mafieux afin de coffrer le plus de malfrats possibles. A ce moment-là, Joseph Pistone est désigné pour jouer le rôle d’un joailler et de rentrer dans al famille de Lefty Ruggiero, l’un des bras droits du plus grand mafieux de la côte Est. L’infiltration va durer plusieurs années, jusqu’à un point de rupture où Joe Pistone embrasse pleinement son rôle de Donnie Brasco, et ressente de l’empathie pour son « patron », qui va se faire doubler par des mecs plus jeunes que lui. Forcément, cette histoire couchée sur livre va inspirer un grand nombre de scénaristes, et plusieurs noms seront pressentis pour passer derrière la caméra. Et si Stephen Frears a eu le projet entre les mains pendant un long moment, c’est finalement Mike Newell qui va hériter du bébé.

Datant de 1997, Donnie Brasco pourrait se voir comme un polar à l’ancienne, un biopic qui joue sur toutes les ficelles du policier pour mieux nous tenir en alerte. Cependant, le choix de Mike Newell peut surprendre, car ce dernier sort plutôt de la comédie, notamment avec Quatre Mariages et un Enterrement. Pour autant, le casting vise à rassurer tout le monde. Al Pacino dans le rôle d’un parrain de la pègre, ce n’est pas nouveau, et on sait que le comédien excelle dans ce genre de rôle. Puis voir Johnny Depp comme jeune premier qui oublie presque sa vraie vie pour devenir un mafieux à part entière, c’est assez inattendu, et plutôt plaisant. Bref, tout porte à croire que Donnie Brasco va être de ces polars hard boiled, qui a le mérite de s’inspirer d’une vraie personne, qui aujourd’hui vit dans l’anonymat et sous protection policière.

« Al Pacino est immense »

La toute première chose qui frappe dans ce film, c’est clairement son montage. Durant un tout petit peu moins de deux heures, le réalisateur ne veut pas perdre de temps, et il va demander un montage abrupt, avec des coupures nettes. Le début se passe dans un bar, on y entend une discussion de mafieux, on va Johnny Depp accoudé au bar, et Al Pacino qui demande de qui il s’agit. Il lui montre alors un bijou, qui s’avèrera être du toc, et les deux compères vont rapidement faire connaissance et devenir inséparables. Cela pourrait paraître assez sec, mais en faisant ainsi, le réalisateur va permettre à cette relation de grandir et d’évoluer dans le bon sens du terme. C’est-à-dire que l’on sent un respect entre ces deux personnes, alors même que l’un d’entre ment comme un arracheur de dents.

Si l’alchimie se fait entre les deux personnages, c’est aussi parce que le script travaille énormément le background des protagonistes. Al Pacino est un mafieux, mais c’est aussi un looser magnifique. Il n’arrive pas à créer d’attaches avec son fils, qui est un toxico, et sa femme est une naïve qui semble tout le temps heureuse, malgré les mauvais coups. Si on pourrait croire que le film humanise un homme de la pègre, c’est aussi pour mieux cerner la mission et le devenir de Joe Pistone, qui va devenir de plus en plus Donnie. Lui aussi ressent de l’empathie pour ce personnage haut en couleurs, qui essaye de se faire une place dans le milieu, mais se fait toujours dépasser par de jeunes loups plus affamés que lui. Il va sans dire qu’Al Pacino est immense dans ce rôle, arrivant à trouver un juste milieu entre calme et nervosité.

« Le film joue constamment sur cette personnalité qui change, qui évolue. »

Quant au personnage joué par Johnny Depp, on va aussi ressentir de l’empathie pour lui, et pourtant, il y a des passages qui montrent qu’il devient un vrai démon. Le scénario rend à nous faire croire que c’est un jeune premier ambitieux, qui n’a pas de famille, et n’a donc rien à perdre dans cette histoire, et pourtant, c’est tout le contraire. En effet, on va voir par la suite qu’il est marié et qu’il possède trois filles. Cependant, son boulot le bouffe littéralement, et les choses qu’il parvient à faire quand il rentre chez lui, c’est de ranger les choses, et faire des reproches à sa femme. Forcément, la situation se tend avec la durée de la mission, et le changement de caractère d’un homme, qui va devenir, petit à petit, un mafieux à son tour. Le film joue constamment sur cette personnalité qui change, qui évolue.

Si on pourrait imputer au film quelques longueurs, notamment en milieu, lorsque Michael Madsen devient le nouveau grand parrain, doublant ainsi ce pauvre Lefty, ou qu’encore les affaires dans lesquelles baignent les différents cartels sont trop flous, le long-métrage demeure très efficace dans son déroulement, dans sa mise en scène, et dans son envie de présenter des personnages forts et attachant. Néanmoins, le final arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Le gang de mafieux découvre qu’il y a une taupe, les pistes divergent, mais on sent bien que Lefty Ruggiero (Al Pacino) a des doutes sur son jeune protégé, qu’il considère plus que son fils. La dernière scène passe trop vite et n’est clairement pas à la hauteur de tout le film. Il reste alors la remise de récompense au policier, expédiée manu militari, démontrant tout le cynisme de la situation pour un si long boulot.

Au final, Donnie Brasco est un excellent film, qui s’inspire grandement des polars à l’ancienne pour raconter son histoire, tout en développant un montage brut, qui ne laisse aucun temps mort. Mike Newell sait ce qu’il veut raconter, et ne tourne pas autour du pot pour entamer cette relation étroite entre un flic infiltré et le mafieux dont il doit se rapprocher. Si on peut regretter une fin qui nous laisse sur notre faim, et un léger ventre mou en son milieu, Donnie Brasco reste un film largement recommandable, pour un type hors-normes qui a risqué sa vie et son mariage pour une maigre récompense.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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