septembre 26, 2025

The Raven Remastered

Résumé :

L’histoire débute à bord de l’Orient-Express et se termine au Caire. Pendant le périple, le gendarme Zellner fait équipe avec le policier Legrand pour traquer le célèbre voleur de bijoux qui se fait appeler le Corbeau.

Avis :

Quel que soit le média, les romans d’Agatha Christie sont une source d’inspiration opportune pour les créateurs et scénaristes. Dans le domaine vidéoludique, nombre de ses classiques ont fait l’objet d’adaptations. En raison du cadre policier, ces histoires s’accordent particulièrement bien avec le jeu d’aventures, comme le point’n click. Pour n’avancer que les plus connus, ce fut le cas de Mort sur le Nil et Meurtre au soleil, au cours des années 2000. Il arrive également que l’œuvre de la reine du crime constitue une base référentielle pour d’autres projets. Ce qui se vérifie avec The Raven, un titre qui multiplie les hommages et les allusions à son modèle littéraire.

Si l’histoire prend place dans les années 1960, le parallèle avec Le Crime de l’Orient-Express demeure évident. D’ailleurs, le train mythique est le cadre du premier acte. Certes, les enjeux divergent. Il n’en reste pas moins que le rapprochement va au-delà du simple clin d’œil ou de la référence appuyée. Cet aspect constitue à la fois la principale force et la grande faiblesse du titre de King Art Games. On y retrouve ce charme, un rien désuet, des meilleurs romans policiers. Cela tient à la singularité, voire à l’exotisme des lieux visités, ainsi qu’à un panel de personnages aux motivations aussi disparates que nébuleuses ; du moins pour la plupart d’entre eux.

De ce côté, l’approche est immersive et efficace pour mettre en condition le joueur. Pour autant, la comparaison avec les récits originels présente beaucoup trop de similarités. Outre le célèbre train, il est difficile de faire l’impasse sur Mort sur le Nil ou Énigme en mer lorsqu’on aborde la croisière qui part pour l’Égypte, puis l’incursion au musée du Caire. Là encore, les intrigues possèdent leurs propres tenants et aboutissants. Cependant, la présente histoire manque d’identité, tant elle ne se départit pas de cette impression de revivre les plus grandes œuvres d’Agatha Christie. S’il s’agit de l’intention initiale, elle écarte tout semblant d’originalité.

Avec son physique ventripotent, son crâne dégarni et, surtout, sa fameuse moustache, le personnage principal, Anton Jakob Zellner, constitue un ersatz d’Hercule Poirot. Son sens de l’observation, sa capacité à distinguer les plus infimes détails, à mener des interrogatoires avec fermeté… Tout est repris et calqué sur le caractère et les compétences de l’inspecteur belge. À ce niveau, on peut s’interroger sur les limites autorisées entre inspiration, hommage et plagiat. Ici, ces notions sont floues, pour ne pas dire tendancieuses. Et il ne suffit pas d’une origine différente (suisse, en l’occurrence) ou d’un prestige bien moindre pour changer la donne.

Exception faite d’un dernier chapitre qui fait la lumière sur un point de vue antagoniste, l’histoire demeure plaisante à suivre, même si elle ne présente pas de grandes fulgurances. La faute à une réalisation plate qui manque de vigueur et pâtit de moyens techniques désuets. Le style animé se prête bien à l’ambiance, ainsi qu’à la direction artistique. On regrette toutefois des déplacements rigides, à l’aune d’animations d’un autre âge. Il n’est pas rare de voir le personnage se positionner avec de multiples mouvements pour s’adresser à un interlocuteur ou interagir avec l’environnement. À ce titre, la caméra n’aide guère à fluidifier l’ensemble.

En ce qui concerne les énigmes, elles ne présentent pas de difficultés particulières. Ce qui est demandé demeure assez évident, tandis que la gestion de l’inventaire reste minimaliste. La plupart du temps, il suffit de combiner les bons objets pour résoudre les puzzles. Néanmoins, certaines actions contextuelles nécessitent parfois d’analyser à plusieurs reprises la scène ou d’interroger les suspects suivant la même logique. Pour les joueurs novices, il existe un système de points pour faire la lumière sur les éléments importants du cadre. Cela sans oublier le carnet de notes qui peut suggérer les pistes à privilégier. Du reste, le gameplay et le récit demeurent très accessibles.

Côté durée de vie, on oscille entre 10 et 15 heures pour conclure l’aventure. Ce qui reste assez honnête pour le genre. En parallèle de l’histoire principale, on distingue quelques intrigues secondaires qui sont rapidement passées en revue. En matière de rejouabilité, il faut se contenter de la quête des trophées afin de trouver les moindres détails disséminés çà et là. Celle-ci est connexe à l’appréciation générale au terme de chaque chapitre pour évaluer la qualité des investigations. Faire de l’excellent travail constitue la récompense la plus haute. Dans ce genre, le fait de relancer une partie dans l’immédiat présente un intérêt limité. Cela s’explique par la familiarité avec les ficelles narratives.

Au final, The Raven est un jeu d’aventures qui manque d’identité. De l’hommage initial, on découvre une copie carbone des plus célèbres ouvrages d’Agatha Christie. Cela sans oublier un protagoniste dénué de la moindre singularité. La faute à une réappropriation presque caricaturale de la figure d’Hercule Poirot. On peut aussi regretter une réalisation datée et sans envergure. Les déplacements restent laborieux, tandis que les expressions faciales ne sont guère flatteuses. L’atmosphère générale demeure néanmoins appréciable pour les amateurs de romans policiers à l’ancienne. En somme, un titre accessible au plus grand nombre qui se concentre sur le rapprochement avec ses inspirations littéraires. Cependant, l’ensemble se montre archaïque dans ses mécanismes et trop focalisé sur le caractère référentiel de son univers pour en faire une incursion vidéoludique marquante.

Note : 12/20

Par Dante

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