Résumé :
L’aventure Layton : Katrielle et la conspiration des millionnaires fait partie de la série des célèbres jeux d’énigmes « Professeur Layton ». Sorti sur Nintendo 3DS en 2017, le jeu revient cette fois-ci sur Switch dans une édition Deluxe aux graphismes intégralement retravaillés en HD. Plus de 40 énigmes inédites ainsi que tous les anciens DLC payant sont présent dans cette version.
Avis :
Initiée en 2007 au Japon, la saga du Professeur Layton aura marqué le monde du jeu vidéo. Mettant en scène un détective amateur d’énigmes, le joueur devait, pour avancer, résoudre des casse-têtes de plus en plus retors pour s’en sortir. La DS était un support idéal pour cela, avec son stylet qui permettait de jouer de façon différente. Dix ans plus tard, le professeur Layton a disparu et c’est sa nièce qui a pris la place, Katrielle. Tout d’abord sorti en 2017 sur 3Ds, puis remasterisé en HD pour la Switch, la jeune fille a la lourde de tâche de succéder à de gros succès. Malheureusement pour nous, le jeu ne sera pas à la hauteur de nos attentes. Sans être catastrophique, ni même réellement mauvais, le jeu de chez Level-5 souffre de la comparaison et manque de fluidité dans sa narration.
Déjà, au niveau de l’histoire, on reste dans quelque chose de totalement anodin. Ici, le professeur Layton a disparu pour on ne sait quelle raison, et c’est sa nièce, Katrielle, qui reprend le cabinet. Elle doit se faire un nom et les premières enquêtes vont lui permettre de s’attirer les faveurs des sept dragons, des millionnaires aux problèmes divers et variés. Au fil de l’intrigue, on va découvrir qui sont ces sept personnages, jusqu’à une dernière enquête qui réunit tout le monde. Le twist final se veut une surprise, en lien avec les sept millionnaires. Le problème avec tout ça, c’est que ça reste très en surface et ne correspond pas vraiment au style de jeu auquel on fait face. Il y a un réel problème entre les énigmes et la narration, puisque ces deux médiums, qui doivent être intimement liés, sont finalement sans cohérence entre eux.
Prenons un exemple tout simple, dans l’une des enquêtes, Katrielle est accusée de meurtre. Elle décide de fuir la police qui est à ses trousses. On doit donc déplacer l’héroïne de quartier en quartier pour qu’elle ne se fasse pas attraper. Pour autant, nous avons le temps de fouiller les maps pour trouver des énigmes cachées et les résoudre. Même le chien, notre compagnon, ne comprend pas cela et nous le dit de façon équivoque. Une pirouette scénaristique qui fait grincer des dents. De plus, les énigmes n’ont rien à voir avec les enquêtes en cours. On peut très bien chercher l’animal de compagnie d’une bourgeoise, et résoudre une énigme sur des robots qui doivent mettre des fraises sur des gâteaux. Tout cela crée un ensemble brouillon et qui nous sort du jeu, et surtout de l’histoire. Ou plutôt des histoires, puisque le soft offre douze enquêtes à résoudre.
Et encore, dire à résoudre est un bien grand mot, puisqu’il suffira de cliquer sur des personnages disponibles sur les maps, de faire défiler le dialogue, et le tour est joué. Il n’y a pas de choix dans les narrations, et donc on suit l’intrigue comme on lirait un roman. De ce fait, il n’y a aucun intérêt ludique à mener les enquêtes, puisque l’aspect « jeu » réside uniquement dans les énigmes. Pour peu que l’on soit exigeant, l’écriture des douze enquêtes est très puérile, et on va plus s’ennuyer qu’autre chose. Pire, lorsque l’on finit d’explorer tous les éléments d’une enquête (et après avoir complété un puzzle de… six pièces !), Katrielle résolve le tout en racontant n’importe quoi et en faisant plus appel à son instinct qu’à une véritable enquête. On nos prend vraiment pour des bœufs.
Cependant, le jeu n’est pas totalement mauvais. Les énigmes sont nombreuses et variées et permettent de ressentir un vrai plaisir. Le niveau de difficulté est assez gérable, même si certaines demanderont plus de patience que d’autres. On aura droit à des taquins, des jeux de placement, de logique, de mathématiques, ou encore des mots à trouver. L’ensemble, hétérogène, permet de faire fi de ces histoires rocambolesques et sans grand intérêt. Si on retrouve une certaine redondance à fouiller les maps à la recherche de pièces S.O.S, d’objets cachés (sans intérêt dans le jeu si ce n’est un aspect collection) ou d’énigmes, puisqu’à chaque fois, il y a le même nombre de pièces (3) et d’énigmes (1), cela permettra d’augmenter sensiblement la durée de vie du jeu (environ 20h pour tout finir). Donc, tout n’est à jeter dans Katrielle.
Les graphismes sont eux aussi assez jolis. Le soft a été repensé en haute définition et cela se ressent sur les animations des personnages. Les quelques cinématiques, inspirées des animés, sont chouettes et peuvent se voir comme une récompense lorsque l’on a fini une enquête. Même les musiques sont agréables. Il se dégage une certaine mélancolie de l’ensemble et c’est le genre de jeu auquel on va jouer quelques minutes histoire de résoudre une énigme de façon calme et posée.
La durée de vie augmente aussi avec une pléthore de petits jeux, comme un labyrinthe où il faut faire sortir le chien, ou encore un restaurant où il faut trouver les plats préférés de quelques personnages. Rien de mirobolant, mais ça peut faire passer le temps. Tout comme les énigmes bonus qui sont, pour la plupart, très faciles. Enfin, il est possible de passer du temps à décorer le bureau de Katrielle, ou même à lui acheter des fringues pour la changer.
Au final, L’Aventure Layton – Katrielle et la Conspiration des Millionnaires est un jeu qui n’est pas à la hauteur de ses aînés. La narration n’est pas forcément intéressante et surtout, elle manque de cohérence avec les énigmes, qui sont posées, pour la plupart, de façon aléatoire et sans aucun rapport avec l’enquête en cours. Il est tout à fait possible de rusher l’histoire et de ne faire que quelques énigmes obligatoires pour passer au niveau suivant, ce qui pose tout de même un problème quant à l’essence même du jeu. Aussi sympathique soit-il, ce Katrielle manque de fond, et donc d’intérêt…
Note : 12/20
Par AqME