avril 27, 2024

Inunaki – Le Village Oublié

Titre Original : Inunaki Mura

De : Takashi Shimizu

Avec Ayaka Miyoshi, Ryota bando, Tsuyoshi Furukawa, Hina Miyano

Année : 2019

Pays : Japon

Genre : Horreur

Résumé :

Le village d’Inunaki, au Japon, est surnommé  » le Village Hurlant « . Une psychiatre de la région, Kanade Morita, possède un sixième sens, qui la tourmente depuis l’enfance. Un jour, son frère Yuma et sa petite amie décident de jouer à se faire peur, lors d’une expédition nocturne dans le village. Sans le savoir, ils vont réveiller la terrible malédiction qui frappe le village…

Avis :

Takashi Shimizu est un réalisateur japonais qui a connu un énorme succès dans les années 2000 grâce à deux téléfilms tout d’abord, Ju-On, puis leur adaptation au cinéma avec The Grudge. Sa notoriété devient internationale lorsque Hollywood lui confie la direction du remake américain, qui sera un gros succès, et sa suite, qui causera certainement le début de sa perte. Alternant alors des projets au Japon et aux States, le cinéaste aura beaucoup de mal à retrouver le succès, à un tel point que ses films ne seront plus destinés aux salles de cinéma, mais au marché du DTV, alimentant alors des rayons en nanars improbables. En 2019, Shimizu attaque un cycle autour des lieux maudits japonais et tente de renouer avec un cinéma d’épouvante plus simple et plus épuré. Inunaki laissait donc planer un certain retour aux sources pour le réalisateur, mais malheureusement, ce ne sera pas le cas.

Le film débute comme un found-footage, avec deux jeunes qui veulent se faire peur en visitant le village maudit d’Inunaki. On a donc droit à de la caméra à l’épaule et à quelques passages un peu vomitifs, mais le réalisateur arrive à tendre une ambiance étrange et malsaine. En effet, pour arriver à ce village, il faut traverser un tunnel, et derrière chaque plan de caméra, on décèle des mouvements, des ombres, des jambes, que ne voient pas les protagonistes. Cela renforce une atmosphère sombre et effrayante, qui va rapidement décroître lorsque Shimizu décide de revenir à une mise en scène plus conventionnelle. Là, on perd en intensité, et les effets si discrets mais omniprésents prennent trop de place. Le charme se brise aussi à cause d’une mise en scène peu inspirée et de moments désuets, comme ces bras qui passent à travers des barreaux.

« Il manque une cohérence entre le début du film et sa suite. »

Par la suite, le film ne va faire que décliner en qualité. Il y a une grosse rupture de ton quand on va aborder la famille de la jeune fille qui s’est fait peur dans le village. On va y rencontrer sa grande sœur, pédiatre, qui a un don, puisqu’elle peut voir des fantômes. De là, le réalisateur souhaite jouer avec les cordes d’une horreur insidieuse qui va pourrir les relations entre deux familles. On aura droit à des saynètes qui évoquent L’Exorciste, notamment lorsque la nana se pisse dessus en marchant et en chantant une chanson traditionnelle. Mais cela ne suffit pas à raccrocher les wagons, ni même à nous faire ressentir la moindre empathie. Il manque une cohérence entre le début du film et sa suite, qui va alors parler du village, de sa malédiction, et de ses accointances avec cette grande sœur.

On sent que le cinéaste veut injecter du fond à son histoire, en y intégrant un background assez fort, expliquant alors la déliquescence de ce lieu. On y verra l’horreur de l’être humain qui, par attrait pour l’argent, va vouloir délocaliser tout ce village pour en faire un lieu touristique. Mais comme ces habitants sont considérés comme des animaux, on trouvera de la torture, de la maltraitance, ce qui expliquera alors la malédiction du lieu. Mais cela ne suffit pas à nous tenir, surtout lorsque le film part dans un délire déroutant où certains habitants du lieu ont obtenu le pouvoir de se transformer en chien. Le film part alors en eau de boudin et finit par nous terrasser d’ennui, alors même que son contenu pouvait trouver une résonance sur un sujet d’actualité, avec la bétonisation à outrance et le côté vénal des agents immobiliers.

« Le film manque d’équilibre entre ce qu’il veut montrer et ce qu’il veut raconter. »

En parlant de fond, on notera aussi le ridicule de cette légende autour d’humains qui peuvent se transformer en homme-chien agressif. La légende ne tient pas debout, et seuls les effets spéciaux de la transformation tiennent un peu la route. L’arrivée des fantômes est aussi un moment assez malaisant dans le film, puisque le réalisateur décide de faire appel à une sorte de superposition d’images pour les rendre flou, mais l’incrustation est très mal faite, et les effets spéciaux sont catastrophiques. Cela nous sort du film, en plus de montrer les limites d’un budget qui a dû être tout riquiqui. On ne peut qu’en vouloir à Shimizu qui a poussé tous les potards dans le grand-guignol, sans jamais essayer de faire quelque chose de plus intime et de plus « délicat ». Ou tout du moins de ne pas avoir un juste équilibre.

Car au niveau du gore, ou des mises à mort, on a droit à quelques moments qui auraient pu être intéressants, mais qui sombrent souvent dans le n’importe quoi et l’incompréhension. Il faut dire que les fantômes sont bien énervés au bout d’un moment, et ils attaquent quiconque passe près de leur demeure. Il y a alors de bonnes idées, comme les jeunes qui se font piéger dans la cabine téléphonique, mais il y a beaucoup d’autres choses hasardeuses qui ont du mal à prendre. Là encore, le film manque d’équilibre entre ce qu’il veut montrer et ce qu’il veut raconter, tombant souvent dans une surenchère un peu débile, où le ridicule ne connait pas de limite. Le cinéaste tente néanmoins de raconter une histoire avec une certaine épaisseur, reliant une famille avec une malédiction qui va prendre une ampleur inattendue. Mais ce n’est pas suffisant.

Au final, Inunaki est un film décevant qui ne réhausse en aucun cas la filmographie de Takashi Shimizu. Si le début laisse augurer un bon moment de flippe avec des fantômes et un village abandonné, on va vite se rendre compte que le faible budget et l’histoire alambiquée ne vont jamais prendre, nous laissant sur le carreau plus d’une fois. C’est dommage, on avait bon espoir, mais c’est l’ennui qui l’emporte face à la peur, qui ne durera que l’instant de l’introduction.

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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