De : Kimble Rendall
Avec Jessica Napier, Molly Ringwald, Simon Bossell, Sarah Kants
Année : 1999
Pays : Australie
Genre : Horreur
Résumé :
Un groupe d’étudiants en cinéma, emmené par la dynamique Raffy, décide de terminer un film d’horreur laisse inachevé quatorze ans auparavant, après que sa réalisatrice, Hilary Jacobs, ait été sauvagement assassinée. En dépit de la désapprobation de leur professeur M. Lossman, jadis assistant à la mise en scène sur « Hot Blooded », le film interrompu, les étudiants sont enthousiastes. Ils parviennent à convaincre Vanessa Turnbill, la star du film, de revenir jouer son rôle. Mais le tournage, dans une maison isolée de tout, va être… mortel.
Avis :
Depuis sa plus tendre enfance, Kimble Rendall est un passionné de cinéma. A un tel point que très rapidement, il se met à faire des films en 8mm à son lycée, puis il va devenir monteur pour la BBC et les grandes chaînes nationales australiennes. Il réalisera par la suite quelques clips et des spots publicitaires, pour créer une société de production et un groupe de musique à succès, Le Hoodoo Gurus. Bref, il semblerait que toutes les étoiles soient alignées dans la vie de Kimble Rendall pour connaître le succès, et son premier long-métrage sera alors un slasher méta, dans la veine de Scream. Décidé sur un bout de table pour rendre hommage à un genre en désuétude en Australie, le jeune réalisateur décide de réunir une équipe et de faire un film, dans le film. Mais parfois, les envies ne suffisent pas.
Cut est un film qui se croit malin et qui va constamment jouer sur un double tableau. Dans un premier temps, on va suivre le tournage d’un film d’horreur qui tourne au cauchemar, l’interprète principal ne supportant plus les brimades de la réalisatrice, qui est très hautaine, et qui va tout simplement la buter. Des années plus tard, la fille de la réalisatrice décide de terminer ce film maudit, puisqu’à chaque fois que quelqu’un pose les yeux dessus, il finit par mourir. De ce fait, avec un tel postulat, on comprend bien que le réalisateur veut parler de la difficulté à faire un film d’horreur, en partant de la production jusqu’au recrutement du casting, puis il a aussi envie d’en faire un divertissement sanglant et un peu bas du front. Malheureusement, malgré de bonnes intentions, le film se perd dans une vacuité sordide.
« Comment ressentir la moindre peur lorsque l’on se fout royalement des personnages tués ? »
Il faut dire que le plus important dans un film d’horreur reste les personnages, et là, on est clairement dans le bas du panier. Si l’on excepte la productrice, la réalisatrice et l’actrice principale, tout le reste du casting ne sera pas vraiment important. Que ce soit la costumière, l’ingé son ou encore la maquilleuse, tout ce petit monde ne sera là que pour se faire descendre en un petit peu plus d’une heure et quart. Pas le temps donc de tergiverser et de présenter correctement ces gens et ce qui les lie, il faut aller à l’essentiel. Mais comment ressentir la moindre peur lorsque l’on se fout royalement des personnages tués ? C’est là le plus gros défaut du film qui ne fait aucun effort et aligne des protagonistes sans épaisseur, rentrant dans des clichés qui ont la dent dure.
Alors oui, à quelque part, le film se veut parodique, avec sa scène de sexe qui tourne mal ou quelques références à des classiques du genre (Halloween, par exemple), mais comme il y a une réflexion derrière, sur le film d’horreur, sur son utilité et son succès auprès des jeunes, on ne peut que constater une certaine malhonnêteté intellectuelle. D’autant plus que le film donne des éléments de réflexion qui sont peu originaux, comme le coup de l’exutoire et du fait que l’horreur dédramatise les faits divers qui se passent dans la vraie vie. N’y avait-il pas autre chose de plus engageant à dire ? On sent que le film patauge dans son fond et n’arrive pas vraiment à dire des choses intéressantes, voire même intelligentes. Alors pour cacher cela, on a droit à quelques moments parodiques et débiles, qui ne marchent pas.
« Même sur une partie horreur pure, c’est très peu inspiré. »
D’ailleurs, même sur une partie horreur pure, c’est très peu inspiré. La plupart des meurtres sont hors-champs, avec parfois quelques giclées de sang pour montrer un petit impact. On pense par exemple à cette pauvre nana qui se fait sauter la tête par une machine à percussion. Mais tout cela reste très timide, à l’image des morts par le feu, qui partent en courant. Kimble Rendall n’arrive pas vraiment à se servir de son boogeyman pour créer de la tension et une sensation de force inéluctable. Même sur la fin, lorsque l’on connait le secret de ce monstre, on reste sur une attente interminable qu’il décède, dans des effets spéciaux douteux. D’autant plus que cela renvoie à une résolution débile qui démontre la force des films d’horreur, ou tout du moins des personnages cultes comme Freddy ou Jason. C’est d’une paresse…
Au final, Cut est un mauvais slasher qui a réussi à faire son buzz au début des années 2000, mais on se demande bien pourquoi et comment. Pas forcément intéressant dans ce qu’il raconte sur l’industrie du cinéma d’horreur, carrément raté dans la présentation de ses personnages, et d’une platitude affligeante dans ces moments d’horreur, on ne peut pas dire que le premier métrage de Kimble Rendall soit une réussite. On arrive même à trouver le temps long, alors que le film ne dure qu’une heure et quart…
Note : 05/20
Par AqME