De : Miguel Angel Vivas
Avec Matthew Fox, Jeffrey Donovan, Quinn McColgan, Valeria Vereau
Année : 2016
Pays : Espagne, Hongrie, Etats-Unis, France
Genre : Horreur, Science-Fiction
Résumé :
Dans un futur proche, le monde est entré dans une nouvelle ère glaciaire. Frappée par une terrible épidémie, la planète est désormais parcourue par des hordes d’infectés sanguinaires. Jack, l’un des rares survivants, vit reclus avec sa fille de 12 ans qu’il tente de protéger. Mais sa fragile quiétude va voler en éclat lorsque une troupe d’Infectés repère son hameau isolé, l’obligeant à se rapprocher de son voisin Patrick, avec qui il partage un lourd secret…
Avis :
Depuis le succès mérité de La Nuit des Morts-Vivants de George Romero en 1969, le film de zombies s’est rapidement démocratisé et a pris un tournant intéressant lorsqu’il confronte l’homme face à sa cruauté. Pamphlet sociétal ou environnemental, au fur et à mesure des années, le zombie a permis de mettre en exergue plusieurs phénomènes de société, prouvant que le film d’horreur pouvait aussi être intelligent. Cependant, tout succès a son revers de médaille, et le zombie s’est tellement développé au cinéma, qu’il est devenu une figure iconique servant à tout et parfois n’importe quoi. Film volontairement gore, farce inepte et sans fond, le zombie s’est même vu décliné dans différents genres, comme la comédie, le drame, le film uchronique et même la science-fiction. Et quand tout semblait promis à un éternel recommencement du zombie, The Walking Dead est arrivé et a ravivé la flamme du mort-vivant.
Dès lors, la goule n’est plus le sujet principal de l’intrigue, c’est l’homme qui nous préoccupe et sa propension à vouloir survivre, quitte à tuer ses semblables plutôt que de s’unir pour combattre un ennemi commun. Et de tous les films post-apocalyptiques à tendance zombiesque de se rouler dans la fange en espérant prendre quelques pièces du jackpot, surfant sur une mode sans jamais y apportant du changement. Et si certains films sont plutôt réussis, comme pour Stakeland (même si on parle de vampires dedans), Pontypool ou encore La Route, Extinction aura bien du mal à sortir du lot malgré des intentions louables et un final plutôt réussi.
Le point de départ explique de façon frontale une hypothétique fin du monde. Un bus de survivant arrive dans une zone de quarantaine, mais malheureusement, une horde de zombies violents bouffent tout le monde, sauf deux hommes et un bébé. Très rapidement, le film fait un bond de neuf ans, pour montrer que ses deux hommes, unis par la même femme qui est désormais morte (l’un étant le mari et l’autre l’amant), ne se parlent plus et vivent chacun de leur côté, une maison face à l’autre. Le bébé a désormais grandi et Lou rêve de s’évader de cette maison, de rencontrer son voisin. A partir de là, le film sera rythmé par les sorties de Patrick pour aller chercher des vivres et l’éducation qu’apporte Jack à sa fille. Si quelques flashbacks nous en apprendront plus sur l’histoire des deux hommes et les raisons de leur dispute, le film va prendre beaucoup trop de temps pour étayer ses personnages et leur donner un peu de consistance. Et c’est par là que le film pêche grandement car à force de vouloir montrer que ses personnages sont bien travaillés et recherchés, le métrage manque de punch et d’action. Bien évidemment, un film ne doit pas seulement se porter sur l’action, mais il faut trouver un juste milieu, un équilibre salvateur, et c’est ce qui manque clairement à Extinction.
A force de palabres, le film ennuie, mais il est aussi perclus de petites scories qui font sortir le spectateur du film. Le premier défaut peut être un détail pour beaucoup de monde, mais lorsqu’on nous montre un monde glacial et blanc, et que lorsque les personnages parlent, il n’y a aucune vapeur d’eau qui sort des bouches, on sent vraiment le tournage en studio. Un tournage en studio qui empêche le réalisateur de prendre plus d’ampleur dans son métrage et notamment dans les mouvements. Au détour d’une scène en voiture, on verra un fond vert dégueulasse qui montre toutes les limites du film de Miguel Angel Vivas. Enfin, le film bouffe à tous les râteliers, sans jamais se montrer un peu plus original. Entre l’homme solitaire et son chien qui délire devant sa radio (scène identique de Rick Grimes et son téléphone dans The Walking Dead) ou encore le père surprotecteur qui cache un lourd secret avec son voisin d’en face, le film manque cruellement d’originalité et surtout de volonté de fournir du neuf.
Alors que reste-t-il ? Très clairement, le film possède deux très bons points pour lui. En premier lieu, il y a la présence des zombies, qui vont muter en quelque chose de différent et de plus violent. Si certains effets spéciaux sentent un peu la naphtaline, il y a une bonne gestion des créatures, de leur apparition et de leur design. Si le cinéma ibérique excelle là-dedans depuis l’avènement de Rec, Extinction rend honneur à ses bestioles violentes. Même leur évolution est presque logique et offre certains retournements intéressants. Mais surtout, le film vaut le coup d’œil pour son dernier quart d’heure. Alors oui, c’est peu pour un film qui dure près de deux heures, mais le film part en home invasion virulent et prenant. La mise en scène éclate, le cinéaste profite de ce huis-clos combattif pour jouer avec les pièces de la maison et surtout, certaines séquences s’avèrent assez stressantes, à l’image de cette petite fille qui se retrouve au piège dans une cave avec un immonde zombie. Il est juste dommage que la résolution du problème soit si téléphonée et que le seul passage pouvant mettre le doute soit éclipsé en trente secondes pour revenir sur les rails de la décence. C’est quand on voit ce dernier quart d’heure que l’on regrette le reste et notamment ce manque d’implication dans les personnages et cette volonté de créer des larmes dès qu’il y a un mort, comme ce pauvre chien qui joue les héros pour sauver son maître.
Au final, Extinction est un film qui ménage la chèvre et le chou mais qui rate de peu le coche du film de zombie sympathique. Trop lent et mal équilibré pour pleinement satisfaire le cinéphile, ce film, pourtant produit par Jaume Collet-Serra, déçoit durant une bonne heure, la faute à une mauvaise gestion du rythme et des personnages. Quand on voit la qualité du dernier quart d’heure, on ne peut qu’imaginer ce qu’aurait donné ce film avec plus de budget ou de restriction. Enfin, il en résulte un film honorable à défaut d’être passionnant et la petite Quinn McColgan est vraiment parfaite.
Note : 09/20
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Par AqME