avril 24, 2024

Trois Nuits par Semaine – Dans l’Univers Fascinant des Drag

De : Florent Gouëlou

Avec Pablo Pauly, Romain Eck, Hafsia Herzi, Harald Marlot

Année : 2022

Pays : France

Genre : Romance, Comédie

Résumé :

Baptiste, 29 ans, est en couple avec Samia, quand il fait la rencontre de Cookie Kunty, une jeune drag queen de la nuit parisienne. Poussé par l’idée d’un projet photo avec elle, il s’immerge dans un univers dont il ignore tout, et découvre Quentin, le jeune homme derrière la drag queen.

Avis :

Sorti de la Fémis, Florent Gouëlou est un jeune cinéaste qui, pour son film de film de fin d’études, s’est lancé dans un court-métrage documentaire en forme de road-trip entre lui et son père. Un road trip où se croisent choc des générations, confidences, masculinité, affaires de famille et déjà l’univers du drag. D’ailleurs, c’est en écrivant ce film qu’il va faire la connaissance de Cookie Kunty. Le réalisateur le dit lui-même, l’univers du drag croisait si bien la route de son film, qu’il a écrit un personnage de Drag Queen, puis petit à petit, il a fini par le devenir lui-même dans la vraie vie.

Dès lors, cet univers s’imposait trop, et c’est encore lui qu’il a choisi pour son premier film, « Trois nuits par semaine« . Se posant comme une magnifique pépite pleine de brillant, le premier film de Florent Gouëlou propose tout un tas de choses, qui fait que son film est d’une très grande richesse. Abordant l’univers des Queens au travers d’une rencontre magnétique qui ira vers une histoire d’amour, le jeune cinéaste a tout compris et surtout, il livre un film qui sait de quoi il parle, qui montre ce qu’on n’a pas vraiment l’habitude de voir, et mieux encore, au bout du compte, « Trois nuits par semaine » se fait renversant. Bref, des pépites comme celle-là, on rêve d’en voir toutes les semaines !

Baptiste, vingt-neuf ans, est en couple avec Samia depuis huit ans déjà. Samia est dans sa dernière année d’étude en médecine. Pour cela, Samia fait du bénévolat, la nuit, dans les rues de Paris, pour aider et dépister les toxicos, et ceux qui ont pris un risque lors d’un rapport sexuel. Un soir, Baptiste, qui aime faire de la photo, vient sur le lieu de travail de Samia et il va faire la rencontre de Cookie Kunty, une Drag Queen qui fait aussi du bénévolat. Cette rencontre imprévue, hors du temps et de son milieu, va bouleverser et attirer le jeune homme, au point qu’au fur et à mesure, toute sa vie va être remise en question.

« Trois nuits par semaine » est une odyssée aussi bien qu’une réflexion intime sur l’amour et le courage.

L’univers des Drag Queen, c’est un univers fascinant et mystérieux à la fois. On pourrait même dire que c’est un univers tenu secret, tant, du moins du côté de notre cinéma, les films autour de ce sujet se font rare. D’ailleurs, en y pensant, hormis « Pédale douce« , « Chouchou » et bien sûr « La cage aux folles » qui approchent le sujet, je n’en vois pas. « Trois nuits par semaine » pourrait donc bien être le premier film français à se dédier entièrement aux Drag Queens et pour le coup, Florent Gouëlou va le faire à merveille.

Pour approcher ce milieu et nous le faire découvrir aussi bien que son personnage principal, le réalisateur va nous raconter cet univers à travers une histoire d’amour naissante, embarquant son personnage à corps perdu dans cette histoire. Parfaitement écrit, parfaitement raconté, oscillant entre romance, drame, comédie et film qui tient quelques allures politiques, Florent Gouëlou mélange habilement tout ceci et il en tire le meilleur. « Trois nuits par semaine » est une odyssée aussi bien qu’une réflexion intime sur l’amour et le courage. Au travers de son scénario, le réalisateur descend en profondeur dans l’univers des Drag Queens, parlant aussi bien de la libération des esprits et des sentiments, que la douleur des corps pour des shows et des performances, qui sont bien plus préparées qu’il n’y paraît.

« Florent Gouëlou livre un film qui a de la chaleur, de la lumière, du magnétisme. »

De plus, à travers les yeux de Baptiste qui découvre tout ça, le réalisateur questionne la sorte de dualité qui peut exister entre le garçon (ou la femme) derrière la Drag Queen, et la Drag Queen elle-même. Ces questionnements sont touchants, justes et surtout, ils résonnent réels et c’est ce qui fait partie de la saveur de cette histoire, et cette histoire d’amour. Car oui, comme je le disais, « Trois nuits par semaine » est une histoire d’amour. Une histoire aussi imprévue qu’elle bouleverse la vie du personnage de Baptiste.

Là encore, le film pose de justes réflexions, avec ce garçon qui se laisse totalement embarquer, qui saisit l’instant présent, et même si ce dernier peut avoir des conséquences, il y a comme quelque chose qui fait qu’il ne peut faire autrement. À travers Baptiste et cette relation, Florent Gouëlou pose des questions autour du sentiment amoureux, sur la différence, sur le courage, la cohabitation ou encore le milieu social de ces hommes et ces femmes, et ici, c’est tout simplement beau.

Pour rendre vivant toutes ces histoires et ces artifices qui amènent au spectaculaire, Florent Gouëlou livre un film qui a de la chaleur, de la lumière, du magnétisme (franchement, la scène de la rencontre qu’on apercevait déjà dans la bande-annonce est incroyable), de la positivité et derrière tout ça, son film est tout simplement vivant. « Trois nuits par semaine » est un film qui vit dans ses spectacles, mais aussi en dehors de la scène. Le réalisateur arrive très bien à mélanger le spectaculaire et l’intime, la romance et le drame, la comédie et ce qu’on appelle le drama-Queen. Puis il y a l’humour qui matche parfaitement. Ici, tout est fait pour être merveilleusement accueilli, d’ailleurs, l’une des Drag le dit haut et fort « – Tout le monde est le bienvenu au royaume des Drag », et c’est vrai.

« Pablo Pauly livre une interprétation bouleversante. »

Pour ce film, Florent Gouëlou a tenu à ce que de véritables Drag Queens soient à l’écran et ainsi, pour en venir tout de suite au fait, Cookie Kunty n’est pas vraiment un personnage, puisque c’est une Drag Queen qui existe bel et bien en dehors de l’écran, tout comme Quentin (enfin Romain Eck) le garçon derrière le maquillage, le corset, les faux ongles et les paillettes. Le jeune homme, et la belle Drag qui se pose comme la Reine des Drags, y sont bouleversants et merveilleux à suivre. Les autres personnages secondaires qui peuplent ces shows, ce road trip, ou simplement la vie de Baptiste, sont tout aussi excellents et bien incarnés par une brochette de comédiens et de Drags qu’on prend plaisir à découvrir.

Puis au-dessus d’eux, pour incarner ce garçon qui se laisse totalement happer dans cette histoire et par ses sentiments, le réalisateur a choisi Pablo Pauly et quel choix merveilleux. Pablo Pauly avait déjà été renversant dans des films comme « Patients » et « Trois jours et une vie« , mais ici, avec le personnage de Baptiste, nul doute qu’il trouve son plus beau rôle. Le rôle de Baptiste est difficile et il faut du courage pour l’interpréter, et tout comme son personnage plonge à corps perdu dans cet univers, Pablo Pauly fait de même, et livre une interprétation bouleversante. Il y a beaucoup de fragilité, beaucoup de délicatesse et de retenue chez l’acteur et il crève littéralement l’écran de bout en bout de film. En un sens, avec ce film, on retombe amoureux de Pablo Pauly, comme on l’avait fait lorsqu’on l’avait découvert.

Immense coup d’amour, bouleversant et magnifique, subtil, pailleté, spectaculaire et intime en même temps, ce premier film pour Florent Gouëlou est une merveille qui réussit tout ce qu’il entreprend. Ode à l’amour, ode à la tolérance ou au courage, tenu par des acteurs ô combien sublimes… Franchement, c’est un sans-faute ! C’est bien simple, j’en sors et j’ai déjà envie d’en reprendre, « trois… six… ou neuf nuits par semaine »…

Note : 18/20

Par Cinéted

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