De : Kyle Rankin
Avec Chris Marquette, Ray Wise, Deborah Geffner, Brooke Nevin
Année : 2009
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Horreur
Résumé :
Un jeune homme se réveille et se retrouve coincé dans un cocon géant au mur de son bureau. Après s’être aperçu que le monde était infesté d’insectes aliens géants, celui-ci décide de rassembler des gens du peuple pour combattre ces étranges aliens.
Avis :
Les insectes ont toujours été un bon moteur pour susciter la peur. Qu’ils soient petits comme des fourmis ou des tiques, ou alors énormes comme des tarentules, l’insecte trouve son heure de gloire dans les films d’horreur. Et si on a des films très sérieux plutôt intéressant comme L’Horrible Invasion, on retrouve aussi de nombreux nanars qui s’amusent à faire augmenter de taille nos chères bestioles à six pattes. Ainsi, entre vrai film d’horreur et nanar cynique, on peut trouver des films qui s’essayent à mélanger les deux, pour obtenir une comédie horrifique sympathique. A la manière d’un Arac Attack, Infestation tente de sortir du lot en mettant en avant des insectes qui dominent le monde, et un jeune geek pénible qui va tenter de sauver le monde. Sans être un chef-d’œuvre du genre, Infestation fait son petit effet, et il est dommage de passer à côté. Explications.
Attaque à six pattes
Dès le départ, on est mis dans l’ambiance avec la présentation sommaire du personnage principal. On va faire la connaissance d’un jeune branleur placé dans un bureau par son père alors qu’il préfèrerait faire des cocktails au Mexique. Cynique, prétentieux, cherche merde, on ne peut pas dire que l’on ressente de la sympathie pour lui. Mais d’entrée de jeu, après cette présentation, on plonge dans le vif du sujet. Le jeune homme se réveille dans un cocon, libère quelques collègues et se rend compte que la ville est infestée d’insectes géants. En formant une petite communauté hétéroclite, tout ce petit monde décide alors de cramer la ruche principale pour plus de calme. C’est ainsi que démarre un road trip qui va laisser pas mal de monde sur le carreau.
Sans jamais chercher à faire compliqué, le scénario de Infestation se veut simple et direct. Le réalisateur sait qu’il a un tout petit film entre les mains, et il ne va pas chercher à faire de grands effets. Bien au contraire, le métrage se révèlera à hauteur d’homme, sans jamais chercher à péter plus haut que son cul. Le but est donc de faire marcher les personnages et de dévoiler, petit à petit, le caractère de son personnage principal, de le faire évoluer pour montrer que s’il est con, c’est pour se protéger. Se protéger de son père, mais aussi du jugement des autres. Cette invasion va lui permettre de se découvrir, de prendre confiance en lui, et d’être moins stupide avec les gens qui l’entourent. Un script vu maintes fois, certes, mais qui prend place dans un contexte étonnant, avec des insectes géants autour.
1001 Pattes
Ce road trip, qui va permettre au héros de se découvrir, est aussi semé d’embûches et de d’épreuves. Et c’est là l’une des grandes forces de ce film, ne jamais vraiment s’arrêter et proposer un divertissement honnête. Le voyage est long et il arrive plein de bricoles à cette équipe de bras cassés. Entre la blonde qui va se faire volontairement enlever à cause d’un chagrin d’amour, les insectes géants qui déboulent de n’importe où, ou encore la découverte de mutants mi-homme mi-insecte, on en a pour notre argent. Alors certes, la structure est assez redondante. On a droit à une attaque, une disparition ou un enlèvement. Mais cela permet de ne jamais s’ennuyer et de voir avec quoi cette équipe de misère va tenter de survivre. Une survie précaire, bancale, qui va susciter parfois des moments de rire ou d’horreur. Malheureusement, le ton du film est lui aussi mal équilibré, la faute à une présence trop forte d’humour, et trop peu de moments flippants. Mais cela vient bien évidemment des personnages.
Et c’est ici que l’on va évoquer les points faibles du métrage, les protagonistes. Pour qu’un film comme celui-ci fonctionne, il lui faut des personnages attachants et/ou drôles, et/ou creusés. Et ici, on n’aura rien de tout ça. Si le héros est empathique par sa bêtise et son aspect jeune adulte blessé par son père exigent. Si Ray Wise assure le show en s’énervant pour son fils dans le rôle du paternel dégueulasse et rigide. Pour le reste, on repassera. On aura bien la blonde, présentatrice de la météo, qui nous montrera ses seins, mais elle ne servira à rien et on ne comprendra pas bien son attirance envers le jeune héros. D’ailleurs, sa réaction par jalousie est stupide. Le crush du héros, et héroïne pour le coup, aurait pu être intéressante, mais elle n’est jamais vraiment exploitée. Quant aux autres, ce ne sont que des pions, comme ce père black et son fils musculeux mais sourd et certainement un peu débile. Le film manque de personnages marquants ou de seconds couteaux efficaces et c’est bien dommage.
Pixels et coccinelles
Outre les personnages qui sont inconsistants, le film n’arrive pas vraiment à donner corps aux antagonistes, les insectes. Si le parti pris d’alterner les séquences en CGI foireux et en marionnettes bien fichues peut être compris, il est dommage de voir que cela crée une certaine rupture. C’est-à-dire que les effets numériques sont vraiment moches, et ont tendance à nous sortir du film. Tandis que les effets « traditionnels » sont plus intéressants mais ne sont pas suffisamment exploités. De ce fait, c’est à partir de là que l’on voit les limites d’un tel film. Il compose avec son budget et flirte parfois avec des ambitions bien trop grandes. C’est un peu ce qui se passe dans le final, qui se la joue Starship Troopers, avec une reine à abattre et des actes héroïques improbables. Le problème, c’est que l’insecte en question est fait en pixels et cela fait mal aux yeux.
A contrario, les mutants sont vraiment bien fichus et foutent une trouille pas possible. Il est dommage que cela ne soit vraiment utilisé qu’une seule fois dans tout le film. Le reste du temps, on aura droit à des personnes qui se transforment, mais qui vont rapidement se faire dessouder. Et le concept de l’homme-araignée qui revient au moins trois fois, c’est bien redondant et démontre le manque de budget du métrage. On aura même droit au running gag avec le petit chien du père du héros, c’est dire si ça devient lourd…
Au final, Infestation n’est pas un film désagréable. Il s’agit d’une toute petite comédie horrifique qui fait mumuse avec des insectes géants. Malgré tout, malgré les reproches que l’on peut lui faire, malgré le scénario ridicule, malgré des personnages peu attachants, il est difficile de ne pas trouver ce métrage sympathique. Déjà parce qu’il déborde d’honnêteté et d’une envie de bien faire, mais aussi parce qu’il contient son lot de moments intéressants et tente de se démarquer de la concurrence. Bref, sans être un excellent film, Infestation remplit son office de petit film divertissant.
Note : 12/20
Par AqME