D’Après une Idée de : Steven Zaillian et Richard Price
Avec John Turturro, Riz Ahmed, Bill Camp, Poorna Jagannathan
Pays: Etats-Unis
Nombre d’Episodes: 8
Genre: Policier
Résumé:
Au lendemain d’une virée nocturne bien arrosée, le jeune Naz, d’origine Pakistanaise, se réveille aux côtés d’une jeune femme baignant dans son sang. Cette dernière a été poignardée et il ne se souvient de rien. Inculpé pour ce meurtre, il est désormais prisonnier du système judiciaire où, parfois, la vérité passe au second plan. Un avocat bon marché mais tenace se propose de l’aider.
Avis:
Qui est Steven Zaillian ? Eh bien, c’est un grand scénariste que l’on retrouve derrière de sacrés bons films. À son actif, il détient « L’Éveil » de Penny Marshall, « La Liste de Schindler » de Steven Spielberg, « Mission impossible » de Brian De Palma, « Gangs of New-York » de Martin Scorsese, « L’Interprète » de Sydney Pollack, ou dernièrement le « Millénium » de David Fincher et ceci n’est qu’une liste non-exhaustive du bonhomme, alors quand ce dernier écrit une série, produite en prime par HBO, dont on connaît la qualité et qu’en plus, il revient à la réalisation dix ans après ses « … fous du roi« , alors forcément « The Night Of » a tendance à titiller l’intérêt.
Diffusée l’année dernière et portée par un bouche à oreille excellent, « The Night Of » de Steven Zaillian, c’est un peu la série que personne n’attendait et qui a mis à peu près tout le monde d’accord et à la découverte de ces huit épisodes, on comprend aisément pourquoi un tel engouement.
Série pénale, « The Night Of » est un très bon jeu de manipulation. Très vite, la série sait nous mettre dans le bain, et une fois sa machination lancée, on aura bien au mal à s’arrêter. Chaque épisode en appellera un autre et chaque indice, témoins et évènements, installera un doute permanent, pour un suspens jubilatoire et agaçant.
Une nuit, Nasir, un jeune étudiant d’origine pakistanaise habitant New-York, fait la connaissance d’Andréa. Alors qu’il se rendait à une fête, il change ses plans, car le contact passe bien entre lui et la jeune et sublime Andréa. Après un petit arrêt face à l’Hudson, Nasim ramène Andréa chez elle. Cette nuit-là, Nasim et Andréa se drogue et font l’amour. Quand Nasim se réveille, il retrouve Andréa morte, criblée de coups de couteau. Paniqué, il fuit la scène de crime avec l’arme du crime. Nasim va se faire arrêter par une patrouille deux rues plus tard. Tout, absolument tout, accuse Nasim, pourtant, il se sait innocent, enfin l’espère-t-il…
« The Night Of » est donc une excellente série judiciaire. Plongée dans une ambiance aussi réaliste que glaçante et noire, les deux showrunners nous ont concoctés une série qui est loin d’être aussi simple et évidente qu’elle en a l’air. Parfaitement dosé et tenu, « The Night Of » est une belle leçon de manipulation, ou pas…
Le point fort de la série, c’est son écriture qui sait parfaitement où elle va et qui sait emporter son spectateur avec doute. Ce qui est génial avec « The Night Of« , c’est ce sentiment de se faire avoir. Proposant un premier épisode qui est une leçon de séduction, « The Night Of » nous invite à suivre la nuit cauchemardesque d’un jeune homme. Timide et réservé, on suit cette rencontre totalement hasardeuse. On sourit et l’on craint « ces préliminaires » étranges. On est touché par la sensibilité de ce jeune homme. Puis la série bascule dans l’horreur et l’horrible. Dès lors, presque impuissant, on assiste à un savoureux concours de circonstances qui conduira à l’arrestation du personnage. On a presque l’impression d’une fatalité qui s’est jetée sur ce pauvre Nasim (incroyablement tenu par Riz Ahmed qui continue sa très belle percée en terre d’Amérique). Tout l’indique comme le tueur, mais nous spectateur, on le sait innocent. Et c’est là le génie total de la série, puisque à partir de ce premier épisode, Steven Zaillian va alors peu à peu nous faire douter de ce que l’on a vu et de ce qu’on ne veut pas croire. À partir de là, de cet épisode, beaucoup de suspens émerge, et pourtant la série ne cesse de jouer la carte du doute. C’est assez terrible comme on se fait prendre au jeu, au point de s’en agacer et de vouloir voir les épisodes au plus vite pour être délivré au final. Un final totalement réussi et d’une grande intelligence. Un final qui apporte de la réflexion, des conséquences, et même une critique de la justice américaine. D’ailleurs, toute la série n’est qu’une critique cinglante.
Et en plus de tenir une très bonne ligne scénaristique sur son fil rouge, « The Night Of » va aussi nous plonger aussi bien dans l’univers carcéral que dans l’univers juridique. Ainsi, on suit l’évolution de ce jeune homme timide, au visage angélique, obligé de s’endurcir pour faire face et de l’autre côté, la série nous montre l’envers du décor d’un procès et d’une enquête. Chaque partie regroupe leurs preuves et s’assure de la réussite de leur côté. Bref, en plus de jouer la carte du suspens et de la passion avec l’histoire de Nasim, « The Night Of » se permet d’être intéressante et instructive, et même drôle, jouissant d’un humour assez particulier, mais bien vu.
Enfin, « The Night Of » est tenu par des acteurs magnifiques, drôles et tragiques. Steven Zaillian et Richard Price ont réuni un sacré beau casting. En plus de Riz Ahmed, on trouve un excellent John Turturro, qui n’a pas été aussi passionné depuis des lustres. On découvre Bill Camp dans le rôle d’un inspecteur pointilleux. On découvre aussi la sublime Amara Karan. On se régale devant la composition de Jeannie Berlin. Puis que dire de Michael K. Williams si ce n’est une question : qu’est-ce qu’Hollywood a attendu pour le mettre bien plus sur le devant de la scène ?
HBO frappe encore une fois un grand coup avec cette mini-série qui est un petit bijou d’intrigue et de suspens. Très noire, très marquante, et pleine d’espoirs, on se passionne pour ces huit épisodes. Et le dernier, qui fait ni plus ni moins qu’une heure et demi, conclut « The Night Of » tout en beauté, en frisson, et même en émotion.
Note : 17/20
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Par Cinéted