Magma – Si le Volcan s’éveille

De : Cyprien Vial

Avec Marina Foïs, Théo Christine, Mathieu Demy, Mikaël Blameble

Année : 2025

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Katia Reiter dirige l’Observatoire Volcanologique de Guadeloupe depuis une dizaine d’années. Elle forme un duo de choc avec Aimé, jeune Guadeloupéen auquel elle transmet sa passion du métier. Alors qu’elle se prépare pour une nouvelle mission à l’autre bout du monde, la menace d’une éruption majeure de la Soufrière se profile. L’ile est aux abois et Katia va devoir assurer la sécurité de la population…

Avis :

« Magma« , qui est le troisième de Cyprien Vial, est né au départ d’un souvenir. Lorsqu’il était jeune, le réalisateur avait visité la Soufrière en Guadeloupe. Ce jour-là, il pleuvait beaucoup, et l’odeur de soufre y était très présente. Cyprien Vial se souvient que ce jour-là, il a eu une sensation étrange. Une sensation qui était à la fois effrayante et galvanisante en même temps. Par la suite, lors du premier confinement, le réalisateur est tombé sur le documentaire de Werner Herzog, « La Soufrière« . Le film raconte un événement traumatique survenu en 1976. Dès lors, l’idée a commencé à faire son chemin.

« Magma » était un film qui m’intéressait d’emblée, car il est très rare que le cinéma français s’aventure dans le film catastrophe. Enfin, c’est ce que la bande-annonce laissait présager, et même si l’on s’attend à une sorte de « Pic de Dante » à la française, alors on va être déçu, car ce n’est absolument pas ce que Cyprien Vial nous offre. Non, « Magma » est un film qui s’arrête avant tout sur la possibilité d’une éruption, et tout ce que cela engendre. Très intéressant dans ce qu’il raconte, « Magma » est un film qui met en avant et pointe du doigt à la fois le principe de précaution. Un principe qui, sur le papier, est une bonne idée, mais qui une fois passé à la réalité, peut avoir des répercussions assez terribles.

«  »Magma » est un film qui s’intéresse aux rapports qu’il peut y avoir entre les vulcanologues et les autorités »

Katia, la cinquantaine, dirige le centre vulcanologue de la Guadeloupe depuis une dizaine d’années. Parmi ceux qui travaillent avec elle, Katia transmet sa passion à Aimé, un jeune homme d’une vingtaine d’années. Alors que le volcan est paisible, il se pourrait bien qu’il entre dans une éruption majeure. Beaucoup de signes et d’éléments sont présents, et en même temps, d’autres indiquent le contraire. Après une petite explosion, les autorités sont aux abois et décident de faire évacuer le sud de l’île… Mais pour combien de temps ?

L’idée de faire un film autour de la Soufrière, volcan toujours actif de la Guadeloupe, est une bonne idée. Comme je le disais, pour ceux qui avaient envie de spectaculaire, sachez que ce ne sera absolument pas le cas ici, mais ce n’est pas pour cela que le film est décevant, ou inintéressant, bien au contraire. Ici, Cyprien Vial s’aventure dans une étude des conséquences au cas où la Soufrière exploserait. Tenu par un scénario solide, qui évite de se faire pompeux en s’aventurant dans un jargon géologique qui s’écouterait parler, « Magma » est un film qui s’intéresse aux rapports qu’il peut y avoir entre les vulcanologues et les autorités, notamment avec le préfet, dont ils doivent rendre des comptes.

C’est très intéressant d’avoir les deux visions d’un élément, et ce qui amène au fameux principe de précaution. Ce parapluie que les autorités peuvent déployer, qui protège mais qui n’est pas sans conséquences. Ici, sous la possibilité d’une éruption imprévisible, une partie des habitants de l’île est évacuée et relocalisée, mais jusqu’à quand ? Une fois le parapluie ouvert, le film questionne l’idée de le refermer, et c’est là que ça devient compliqué, car beaucoup de choses entrent en ligne de compte. Les éléments du volcan, la pression des habitants qui ne comprennent pas forcément les décisions prises, d’autant plus lorsqu’il ne se passe rien finalement.

« Marina Foïs, excellente en vulcanologue qui a bourlingué »

Puis la peur de la responsabilité, et si après des mois, au moment où l’accord de rentrer chez soi est donné, il se passe quelque chose, qui serait responsable ? Le scénario est solide et intéressant, alliant intérêt et une certaine forme de suspens. Avec ça, le film offre aussi des personnages dont les rapports sont là encore intéressants, entre une Katia, Marina Foïs, excellente en vulcanologue qui a bourlingué, et au-delà de ça, qui vient de la métropole, et un jeune homme, Aimé, attaché à sa terre, qui voit en Katia un mentor, même s’il peut y avoir pas mal de frictions et de divergences de points de vue. Leur relation est riche, elle a du fond, c’est ce qui fait qu’elle est intéressante.

Avec ça, « Magma » offre une échappée en Guadeloupe. Cyprien Vial met très bien en scène l’ambiance de l’idée, les virées sur le volcan, beaucoup de moments où il est question d’interpréter les signes sur place, qui s’allient avec les avancées technologies. Puis avec ça, il y a l’idée d’imprévisibilité du volcan, comme le personnage le dit, « On parle d’un volcan actif », ce qui laisse suggérer que malgré tout, il y a toujours une part d’élément que personne ne peut prévoir. Après, au milieu de tout cela, reste toutefois que parfois le film traîne de la trame, et dans sa dernière partie, il veut imposer du suspens, beaucoup de suspens, mais ce changement de ton a du mal à marcher. Heureusement, face au reste du film, c’est finalement assez peu, et ça ne restera pas en mémoire, face à ce que le film est capable d’offrir de bon.

Ainsi, ce troisième film de Cyprien Vial est franchement intéressant. « Magma » est une étude du principe de précaution, c’est une étude de la peur des autorités, tout comme c’est une étude aussi de la réaction des habitants et du peuple, face à des décisions qui peuvent être mal perçues. Si le film est parfois un peu longuet, alors même qu’il ne fait pas une heure et demie, il n’en reste pas moins que sur son ensemble, on ne regrette pas de s’y être arrêté. À voir donc, si jamais vous avez la chance qu’un cinéma le joue près de chez vous, car oui, on reste quand même dans un cinéma d’auteur qui risque fort mal d’être distribué.

Note : 14/20

Par Cinéted