avril 24, 2024

Au Revoir le Bonheur

De : Ken Scott

Avec François Arnaud, Antoine Bertrand, Louis Morissette, Patrice Robitaille

Année : 2023

Pays : Canada

Genre : Comédie

Résumé :

Lors des funérailles de leur père, quatre frères que tout oppose promettent de mettre leurs différends de côté pour lui rendre un dernier hommage. Accompagnés de leurs femmes et leurs nombreux enfants, ils se rendent à la maison d’été familiale pour faire leurs derniers adieux et répandre les cendres de cet homme qui a été si important pour chacun d’eux. Lorsque Nicolas, le plus jeune frère, perd l’urne contenant les cendres de leur père, les conflits commencent.

Avis :  

Il y a douze ans de cela, je me prenais une claque au cinéma avec « Starbuck« , une comédie venue du Canada où Patrick Huard se voyait être le père biologique de cinq-cent-trente-quatre enfants. Le film avait été un énorme succès que ce soit au Canada ou à l’international. Avec ce succès, Ken Scott est parti travailler aux Etats-Unis, où il a signé un remake de « Starbuck« , puis une autre comédie avec Vince Vaughn. Par la suite, avide d’expériences, Ken Scott est venu tourner en 2017 un film chez nous, « L’extraordinaire voyage du fakir« , film qui est passé inaperçu. Après douze années « d’exil », Ken Scott est de retour chez lui, au Canada, et cette fois-ci, c’est aux Îles de la Madelaine que le metteur en scène va poser sa caméra pour une comédie dramatique, aussi drôle qu’elle va être sensible et touchante.

Pour son sixième film, Ken Scott a décidé de s’aventurer sur le sujet du deuil, et derrière lui, le réalisateur s’aventure à parler de la famille à travers quatre frères qui s’aiment autant que leur relation peut être compliquée. Si l’on pourrait lui reprocher une intrigue assez banale, car on a déjà vu ce genre d’histoire, Ken Scott démontre qu’il est capable du meilleur avec quelque chose de déjà-vu. Résultat des courses, on rit, on est ému, et surtout, on adore être en compagnie de ces quatre gars qui « se brassent le canadien »…

« Merveilleux, ce film est tout simplement merveilleux. »

Le patriarche de la famille Lambert vient de mourir après s’être battu contre une maladie. Avant de trépasser, l’homme avait promis à ses fils qu’il irait une dernière fois avec eux dans la demeure familiale d’été. Or, Philippe Lambert n’a pas pu tenir cette promesse. Ses quatre fils, qui sont tous plus différents les uns que les autres, ont décidé alors d’aider leur père en emportant ses cendres avec eux, pour lui rendre un dernier hommage. Ainsi, toute la famille Lambert, les frangins, leurs blondes et toute la marmaille, se retrouve pour une semaine qui va être loin de se passer comme prévu, et derrière ça, qui risque fort bien de changer leur vie.

Merveilleux, ce film est tout simplement merveilleux. Pour son nouveau film, le québécois Ken Scott nous offre l’alliance parfaite entre la comédie et le drame au sein d’un film qui va distiller ses délices de bout en bout. Alors c’est vrai que dans son idée, « Au revoir le bonheur » est un film qui peut véhiculer des craintes, car on a déjà vu ce genre d’intrigue où une famille se retrouve à la suite d’un décès. D’ailleurs, bien souvent, à force de refaire le même film, beaucoup d’entre eux nous ont fait passer des moments de cinéma très oubliables. Avec Ken Scott, ça ne va pas être le cas, bien au contraire, car avec cette histoire déjà vue, le cinéaste arrivera à renouveler un peu le genre, et surtout, nous offrir une réunion de famille pas comme les autres. La principale qualité de cet « Au revoir le bonheur« , c’est qu’il est un film de personnages, et l’on va adorer suivre ces personnages.

« Au rayon des sentiments parcourus et des discussions entre ces quatre frères, on y trouvera de l’amour bien sûr… »

Écrit par Ken Scott lui-même, « Au revoir le bonheur » est une histoire qui nous propose des personnages qui sont tous plus différents les uns que les autres. Au sein de cette fratrie, on trouvera alors l’épicurien, le businessman, l’auteur torturé et le sensible. Avec une telle palette (et plus encore avec les personnages secondaires), Ken Scott nous entraîne dans un film riche, qui va savoir aussi bien parler des liens familiaux que du deuil et les différentes façons (ou pas) de gérer cet événement difficile. Tenant un texte très bien écrit, et excessivement bien joué par ses acteurs et ses actrices, « Au revoir le bonheur » sera capable de nous faire passer en un tour de manivelle du rire aux larmes.

Au rayon des sentiments parcourus et des discussions entre ces quatre frères, on y trouvera de l’amour bien sûr, de l’admiration, des envies, des rêves en couleurs, de la nostalgie, mais aussi de l’opportunisme, de la cruauté, des maux et des douleurs, puis, comme on l’image bien derrière ça, ça s’engueule (parfois même ça mange sacrément un char de marde), ça se marre, ça fait des virées en famille (et du coup, on en prend plein les yeux face aux magnifiques paysages des Îles de la Madelaine qu’on découvre), ça pleure, ça se casse le bicycle, ça se varlope, ça parle dans le casque, et surtout, malgré les discordes, finalement, tous ces personnages très soudés avancent ensemble et tous repartiront à neuf, et c’est ce qui va rendre le film très beau.

« Pour composer ces quatre frères, Ken Scott a savoureusement choisi ses comédiens et tous se posent comme des révélations … »

En plus d’avoir de très beaux personnages, le film est tenu par des comédiens merveilleux. Des comédiens drôles et touchants, voire plus, et derrière ça, des comédiens investis dans leurs personnages. Pour composer ces quatre frères, Ken Scott a savoureusement choisi ses comédiens et tous se posent comme des révélations (même si l’un d’entre eux nous est déjà connu). Ainsi, François Arnaud est génial en sorte de Roger Bontemps dépassé par lui-même et en même temps, il est tellement attachant. Louis Morissette tient un personnage qui ne se mouche pas avec des pelures d’oignon, ce qui fait que bien souvent, il nous tombe sur la rate ! Quant à Patrice Robitaille, on sera on ne peut plus touché de le voir niaiser avec le punk, avant de faire face à la musique. Puis enfin, il y a Antoine Bertrand qui incarne un adorable mourant malgré lui. Du côté des actrices, on retrouve avec joie et émotion Julie LeBreton.

Lorsqu’on fait le tour de toutes les émotions que nous offre le nouveau film de Ken Scott, « Au revoir le bonheur » tient toutes ses promesses. On rit, on pleure, et surtout, on adore passer du temps en compagnie de ces personnages. Ce retour de Ken Scott chez lui est une merveille avec laquelle il signe un superbe retour. On peut dire alors à Ken Scott que « Au revoir le bonheur » a de l’allure, beaucoup d’allure. Aller, à la prochaine chicane !

Note : 17/20

Par Cinéted

PS : Petit Lexique d’expressions Québécoise :

Se brasser le Canadien : S’engueuler.

Une blonde : Une femme/une copine.

Rêver en couleurs : Se bercer d’illusions.

Manger un char de marde : Se faire violemment insulter.

Se casser le bicycle : Se casser la tête, trop réfléchir inutilement.

Se varloper : Se faire critiquer durement, ou carrément se battre.

Parler dans le casque : Se parler sans détour.

Repartir à neuf : Repartir à zéro.

Roger Bontemps : Personne joviale.

Ne pas se moucher avec des pelures d’oignon : Une personne qui se croit importante, au-dessus de tous, et qui est fière de montrer qu’elle est à l’aise financièrement.

Tomber sur la rate : Enerver royalement quelqu’un au point d’en être exaspérant.

Niaiser avec un punk : Hésiter à prendre une décision par crainte de foncer.

Faire face à la musique : Affronter les situations/braver la tempête.

Un mourant : Être drôle et amusant.

Avoir de l’allure : Être bon

À la prochaine chicane : Dire au revoir de façon amusée.

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