avril 24, 2024

Evocation – The Shadow Archetype

Avis :

Le métal est une musique qui, on le sait, doit trouver des chemins de traverse pour arriver jusqu’à nos oreilles. Considéré comme une musique extrême et ultra-violente, le genre est pourtant bouillonnant, avec des sous-genres à ne plus savoir qu’en faire, des festivals qui font toujours le plein et des fans qui demandent à ce que cette musique soit plus mise en avant. Seulement, l’imagerie diabolique colle à la peau du métal, comme l’image de banlieusard voyou colle au rap. Et cela coûte à de nombreux groupes de qualité, qui n’arrivent pas à vivre de leur art, et décident de raccrocher les cordes pour faire autre chose. C’est le cas d’Evocation, groupe de Death mélodique suédois fondé au début des années 90. Car même si la vie du groupe fut tumultueuse, rien ne laissait présager un hiatus indéfini en 2019, deux ans après la sortie de leur dernier album.

Car oui, Evocation n’a duré que deux ans dans les années 90 avant de se séparer pour divergences musicales. Cependant, en 2005, la formation décide de se reformer pour de bon, et de sortir des albums de façon stakhanoviste. En effet, entre 2007 et 2012, ce n’est pas moins de quatre albums qui sortent, plutôt bien accueillis par la presse et le public. On sent néanmoins une baisse de régime à partir de cette époque, puisqu’il faudra cinq ans pour que le groupe accouche de The Shadow Archetype, cinquième et dernier opus de la bande. Après des retours plutôt mitigés, et des difficultés à remplir les salles, le groupe décide de se séparer en 2019, avec comme motif, une baisse de motivation et d’énergie. Et c’est dommage, car cet album est très bon, restant dans un Death mélo confortable, énergique et puissant.

Après une introduction très sombre (Into Ruins), le groupe balance un premier gros morceau qui donne immédiatement envie de se casser la nuque. Condemned to the Grave balance la sauce dès le début, et pourrait même se voir comme un titre Groove, que ne renierait pas un certain Lamb of God. C’est simple, c’est brutal, mais ça fait parfaitement le travail et ça donne forcément envie d’aller vers la suite. A noter aussi un côté mélo assumé, avec notamment une gratte particulière lors du refrain. Modus Operandi sera du même tonneau, et va vraiment jouer sur un aspect à la violent et percutant pour mieux nous accrocher. C’est véloce, ça tabasse du fût à tout va, mais c’est fait avec le cœur et une belle envie d’en découdre. Alors certes, on peut trouver cela un poil répétitif, mais ça reste d’une énergie folle.

Children of Stone va venir porter sa pierre à l’édifice, avec cette fois-ci une meilleure recherche sur l’ambiance. C’est lourd, c’est sombre et on sent que les thèmes abordés ne sont pas là pour faire joli. D’ailleurs, le groupe en profite pour mieux nous bastonner avec des riffs lourdauds et massifs. The Coroner sera peut-être un peu en dessous du reste, non pas à cause d’une technique érodée, mais plus à cause d’un manque cruel d’identité. C’est rapide, ça frappe fort, mais ça reste très (trop ?) classique pour vraiment marquer. The Shadow Archetype sera plus appréciable, laissant une grosse place au chanteur pour poser son growl granuleux et surpuissant. Puis Blind Obedience viendra apporter un peu de douceur dans ce monde de brutes. Il s’agit d’un interlude relativement calme, à la guitare sèche, avec une petite voix en fond qui permet de souffler avant d’entamer la fin du skeud.

Car les quatre derniers titres ne sont pas là pour faire de la figuration. Survival of the Sickest viendra frapper fort, avec notamment un début juste avec la voix du chanteur qui va nous calmer direct. Le titre rentre dans la catégorie du Death Mélo, toujours avec des lignes de guitares très douces dans les refrains, permettant d’apporter un peu de mélancolie dans ce gros morceau. Sulphur and Blood s’accorde à être encore plus lourd sur ses riffs, et va tabasser sévère. Quant à Imperium Fall, on aura encore une fois un bel accès de rage et de colère, permettant alors de jouer sur une vitesse d’exécution qui fait du mal à la nuque. Enfin, Dark Day Sunrise clôture l’album de la plus belle des façons, avec un titre long et beau, jouant à fond la carte du mélo, tout en gardant un aspect très sombre.

Au final, The Shadow Archetype, le dernier album d’Evocation, est une belle réussite, qui frappe vite et fort. Si on peut lui reprocher quelques moments un peu redondants et une prise de risque minimale, force est de reconnaître que c’est ultra efficace et que l’on a envie de se démonter la nuque à presque tous les titres. Il est triste de voir que cela n’ait pas forcément marché pour le groupe, qui après des années d’effort baisse les bras, faute de motivation et d’énergie pour se battre pour sa musique, et pour une meilleure mise en avant…

  • Into Ruins
  • Condemned to the Grave
  • Modus Operandi
  • Children of Stone
  • The Coroner
  • The Shadow Archetype
  • Blind Obedience
  • Survival of the Sickest
  • Sulphur and Blood
  • Imperium Fall
  • Dark Day Sunrise

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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