juillet 27, 2024

The Raging Project – Future Days

Avis :

On le répète de façon inlassable à chaque fois que l’on chronique un album de métal français, mais qu’il est difficile de se faire connaître dans ce pays quand on fait une musique dite extrême, ou tout du moins qui ne rentre pas dans les codes du mainstream, de l’entertainment ou d’un cadre urbain. Pourtant, les projets sont nombreux et d’une qualité incroyable. Il suffit de regarder du côté d’Ivan Jacquin, un stakhanoviste accompli, qui alterne sa passion pour la musique et celle pour l’écriture. Auteur, compositeur, interprète, l’homme possède plusieurs cordes à son arc, et il a déjà prouvé son talent via Foreign, un one man band de Power Prog impressionnant. Aujourd’hui, l’artiste revient avec un nouveau projet, qui aura mis du temps à maturer. Car oui, The Raging Project trouve ses fondements en 2007, via la forme d’un duo d’Electro-Métal.

Seulement, faire ce style de musique en France, c’est dur. Et malgré un EP paru en 2009 et un accueil critique plutôt chaleureux, le groupe va entrer en hiatus, et Ivan va se concentrer sur son projet Foreign. Mais courant 2021, la flamme se ravive, et l’artiste décide de ressortir les vieilles bobines et de réimaginer ce qu’aurait pu être Project Rage. S’armant de patience, faisant appel à plus d’une douzaine de musiciens pour l’aider dans l’élaboration de son album, c’est en Février 2024 qu’arrive The Raging Project, et le premier album, Future Days. Plongeant à corps perdu dans un Métal Progressif avec quelques insertions électro (et d’autres), ce premier effort est, encore une fois, impressionnant de maîtrise, de talent, ne rentrant dans aucune case, et se voulant profondément original. Ivan Jacquin signe un skeud qui fait appel à tout ce qu’il aime et le résultat est plus que probant.

L’album débute avec une introduction qui annonce la couleur. The Warning est une entrée en matière assez sombre, qui met en avant le côté électro prog du groupe, et on se sent happé par cette histoire, notamment grâce au chant qui se veut nerveux et presque désespéré. Une chose qui va revenir souvent dans l’effort, ayant un regard assez critique envers notre humanité et le mal que l’on fait à notre planète. Rage ! déboule alors et sans être un titre ravageur, il monte crescendo en embrassant pleinement son côté progressif. C’est percutant, le chant vire parfois à un rap virulent, et globalement, c’est très intéressant. Don’t Want ira plus vers un Prog assez classique, avec une structure complexe, et des riffs qui font mouche à chaque fois. On pourrait presque y voir du Fear Factory en plus calme, avec les quelques ajouts électro.

Quand arrive Colère, on va être surpris. Non pas par la musique, même si le clavier prend une place très importante dans l’ambiance du titre, mais surtout par le chant, qui est en français. La voix est superbe et le morceau est un moment très plaisant, devant lequel il est dur de ne pas headbanger. Et on prend pleinement la mesure poétique des paroles, ce qui est un plus indéniable. Even if I Bleed sera l’un des meilleurs morceaux de l’album. Le riff reste en tête, tout comme le refrain, avec un chant féminin qui vient s’ajouter et apporte une douceur inattendue. Une superbe réussite qui prouve le travail titanesque d’un seul homme (ou presque). I Wanna Dance va venir marquer une rupture au sein de l’effort, de par sa courte durée, mais aussi de par son aspect presque jovial et distrayant. Il possède même un aspect Depeche Mode.

Ambient marquera aussi une rupture assez nette. Long morceau qui se veut planant en son début, on ressentira une foule d’émotions nous parcourir devant sa première moitié. Il y a un petit côté ballade des années 90 qui s’en dégage et c’est à la fois rétrograde, mais très agréable à l’écoute. Puis au bout de quatre minutes, le titre décolle et nous foudroie au plus profond, avec un chant féminin de toute beauté. Bref, il s’agit d’une sacrée pièce maîtresse pour cet album. Turn, au même titre que I Wanna Dance, sera un morceau nerveux, puissant et très court, permettant alors de se défouler après un monument. Puis déboule le gros pavé On Earth et ses dix minutes. Là encore, le travail fourni est ahurissant et le titre est une réussite absolue où l’ennui ne pointe jamais le bout de son nez.

Procession sera le deuxième morceau (sur trois) à être en français, et il peut apparaître comme étrange dans son démarrage. On a la sensation écouter une sorte de Synthwave perchée avec des paroles mystiques. Sauf que la narration est maîtrisée, elle a un lien très fort avec tout le reste de l’album, et il s’agit d’un pur titre progressif, qui ne va faire que monter crescendo. Wrath va revenir à une sonorité plus brute, plus épaisse, avec un riff vif et percutant. Ici, on est dans un métal prog qui frappe fort et noue avec les plus grands groupes, comme Dream Theater par exemple. Enfin, Même si je Saigne vient clôturer l’effort de la plus belle des manières, avec des paroles qui restent en tête, un refrain catchy et une mélodie ultra accrocheuse. Bref, l’un des meilleurs morceaux de l’album, et cela donne envie de relancer l’album encore, et encore.

Au final, Future Days, le premier album de The Raging Project, est une réussite sur tous les plans. Non seulement l’album est complet, mais il est long, maîtrisé et doté d’une qualité technique qui force le respect. Quand on sait qu’il n’y a quasiment qu’un seul type derrière le projet, ça montre tout le talent et l’investissement de cette personne. Bref, encore une fois, il s’agit d’une autoproduction française, dans un domaine de niche qui n’est jamais mis en avant, et c’est vraiment dommage, car ça en vaut vraiment la peine.

  • The Warning
  • Rage !
  • Don’t Want
  • Colère
  • Even if I Bleed
  • I Wanna Dance
  • Ambient
  • Turn
  • On Earth
  • Procession
  • Wrath
  • Même si je Saigne

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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