
Avis :
Pilier du Hardcore américain, Biohazard s’est rapidement imposé sur scène avec ses textes engagés, ses riffs incisifs, et surtout sa propension à mélanger le métal avec des influences rap. Si les polémiques ont aussi contribué à la mise en avant de la formation, c’est avant pour ses qualités artistiques que Biohazard est devenu un monument du Hardcore. Fondé en 1987, c’est en 1990 que le groupe sort son premier album, éponyme, avec la formation suivante : Evan Seinfeld au chant et à la basse, Billy Graziadei à la guitare et au chant, Danny Schuler à la batterie et Bobby Hambel à la gratte. Si on notera quelques changements de line-up, le groupe tient bien la route, jusqu’en 2006, année d’une première séparation. Le groupe se reforme néanmoins en 2008, mais ne proposera qu’un seul album en 2012 avec Reborn in Defiance.
Treize ans d’attente, c’est plutôt long, et on aurait pu croire que le groupe était fini, puisque tout un chacun vaquait à ses occupations. Mais le retour providentiel d’Evan Seinfeld va changer la donne, et le groupe américain nous sert un nouvel album avec la formation originelle. Comment en pas être heureux d’entendre nouvelle, surtout quand l’album s’intitule Divided We Fall, prônant la lutte des classes et un éveil quant à ceux qui nous dirigent et nous divisent. Oui, Biohazard est bel et bien de retour, et ça fait rudement plaisir. Surtout qu’après plusieurs écoutes, ce dixième album est un énorme uppercut dans la tronche, tentant d’éveiller les consciences via un Hardcore old school puissant, virulent, engagé, et qui ne fait aucune concession. Un retour en grâce donc qui démontre que même proche de la soixantaine, on peut avoir une pêche d’enfer.
Et tout démarre avec un petit Fuck the System, qui est un doigt d’honneur envers tous les dirigeants, qui divisent pour mieux régner. Le groupe joue encore et toujours de son double chant, avec des passages plus rappés qui frappent fort, et surtout un riff imparable qui donne irrémédiablement envie de se jeter dans la fosse. Dès le premier titre, la formation démontre sa colère, sa hargne, et nous délivre un gros pamphlet bruyant et fédérateur. Et Forsaken d’enfoncer le clou avec un titre à la rythmique folle, qui envoie du lourd, affichant en prime une superbe ligne de basse. Les riffs sont imparables, on ressent une petit vibe Bodycount dans tout ça, avec quelques envolées solistes à la Slayer. En clair, on en prend plein les oreilles, et on en redemande tellement c’est bon. Eyes on Six tiendra sa petite introduction bien lugubre avant de lâcher les chevaux.

En abordant Death of Me, la rythmique sera un peu moins rapide, mais les riffs seront plus lourds, tout comme l’ambiance qui sera plus sombre. Plus ramassé, le titre demeure ultra efficace et sans doute plus complexe que les autres pistes. Word to the Wise ne tergiversera pas bien longtemps avant de nous balancer un riff surpuissant, porté par une batterie habitée qui ne laisse rien au hasard. On plonge en plein dans un Hardcore old school qui va vite et qui dénonce à tout va. Un vrai plaisir régressif et puissant. Fight to be Free résonne comme un cri du cœur et envoie du très lourd. Encore une fois, le groupe fait parler son expérience et offre un titre qui a tous les atouts pour devenir un futur classique. War Inside Me sera aussi un excellent titre, avec en prime en très bon solo.
Jouant sur plusieurs tableaux, et s’amusant avec des éléments hip-hop, Biohazard offre S.I.T.F.O.A., un morceau vivace qui fait écho à Bodycount, encore une fois, mais qui détient sa propre identité. Le titre est vraiment plaisant et donne une patate d’enfer. Tear Down the Walls revient à un Hardcore plus simple et limpide, où le chant crié prend toute sa puissance. C’est d’une efficacité effarante, et cela donne vraiment envie de partir à la révolution. I Will Overcome ne fera pas dans la dentelle non plus, annonçant alors une fin d’album tonitruante, à faire trembler tous les murs du monde. Enfin, Warriors clôture l’ensemble sur un chant fédérateur, où les chœurs s’expriment pleinement pour apporter un surplus monumental de colère et de hargne. Un dernier morceau qui donne forcément envie de retourner prendre une grosse tarte dans la tronche, tout en hurlant sur les injustices de ce monde.
Au final, Divided We Fall, le dernier album de Biohazard, vaut son pesant de cacahuètes. Les treize années d’attente valaient largement le coup, tant le groupe semble ne pas avoir perdu sa hargne et sa colère envers un système de plus en plus injuste. Brassant un Hardcore à la fois classique et terriblement porteur, les américains ne subissent aucune pression et ne font aucune concession sur leur musique, qui se veut old school, mais sacrément efficace. Bref, un skeud qui ressemble étrangement à un gros coup de parpaing dans la tronche.
- Fuck the System
- Forsaken
- Eyes on Six
- Death of Me
- Word to the Wise
- Fight to be Free
- War Inside Me
- S.I.T.F.O.A.
- Tear Down the Walls
- I Will Overcome
- Warriors
Note : 17/20
Par AqME
