
De : Alvaro de Arminan
Avec Mike Vogel, Eliza Dushku, Iman Nazemzadeh, Naike Rivelli
Année : 2009
Pays : Etats-Unis, Espagne
Genre : Horreur
Résumé :
Des étudiants découvrent un jeu ancien doté de pouvoirs démoniaques. Chaque fois que quelqu’un perd, il meurt dans d’atroces souffrances…
Avis :
L’année 2009, pour le cinéma d’horreur, a été l’une des plus prolifiques et des plus qualitatives. On peut noter par exemple le remake de La Dernière Maison sur la Gauche de Dennis Iliadis, Jusqu’en Enfer de Sam Raimi, le décrié Halloween 2 de Rob Zombie ou encore le délire gore Dead Snow. Bref, il y en avait pour tous les goûts, et on pourrait encore en citer une bonne dizaine. Mais au milieu de tout ce bazar, on retrouve aussi pas mal de navets, ou encore des films qui sont sortis en salle pour surfer sur une vague financière. Open Graves fait partie de ces très mauvais films qui bénéficient d’une mise en avant via son casting, ou tout du moins son atout charme, ici Eliza Dushku. Sorte de Jumanji qui croiserait Destination Finale, on ne peut pas dire que le long-métrage d’Alvaro de Arminan soit une réussite.

D’un point de vue scénaristique, rien ne vaut vraiment. Le début essaye d’être prometteur en nous plongeant dans une Espagne médiévale en 1492, alors que l’inquisition punit une sorcière en la torturant à tout va. On y voit un jeu en bois jeté au feu, puis on va rapidement arriver sur une plage, de nos jours. Enfin, à l’époque du film, puisqu’il a aujourd’hui plus de seize ans. Alors qu’il se balade en ville, un touriste américain se voit offrir ledit jeu par un antiquaire en fauteuil roulant et lors d’une soirée bien arrosée, tout le groupe de jeunes décide de faire une partie. Malheureusement, les prédictions du jeu sont funestes, et quand les joueurs commencent à mourir les uns après les autres, des questions commencent à fleurir, et les jeunes découvrent qu’il faut finir le jeu pour avoir un souhait, et donc revenir en arrière.
« les situations sont grotesques, la faute à un manque d’idées flagrant »
Le concept aurait pu être sympathique, s’il n’était pas tiré par les cheveux, et porté par des personnages complètement transparents et sans le moindre intérêt. Aucun des jeunes ne possède un background intéressant, et les seuls choses pour les différencier, c’est qu’il y a un queutard dans cette histoire, qui se tape une blonde et une brune, il y a un gros lourd et un timide, ainsi que le héros qui tombe amoureux de l’héroïne. Et c’est tout ! Rien n’est plus travaillé, et il faudra se contenter de cela pour espérer avoir un peu d’empathie. Sauf que les situations sont grotesques, la faute à un manque d’idées flagrant, et à un insecte qui cause les morts totalement à côté de la plaque, une libellule. Rien ne va, et surtout, le film ne pose pas les bonnes questions. Il n’y a aucun fond.
Le film pourrait poser des réflexions sur l’importance de la vie, sur l’infidélité qui peut être punie, ou encore avec des personnages porteurs d’un message, mais il n’en sera rien. Pire, notre héroïne possède des livres un peu inquiétants chez elle, mais cela ne choquera pas notre héros, un peu benêt. Par conséquent, on se retrouve souvent avec des séquences inutiles, parfois gênantes, comme lorsque l’une des nanas fait une séance photo dans une scierie, en maillot de bain, avec une hache dans les mains. On sent que le réalisateur réalise un fantasme, car cela n’est pas là pour donner du poids à son intrigue, et encore moins pour donner de la crédibilité au personnage, qui demeure une cruche sans nom. On voit que tout cela est fait pour flatter l’œil de l’ado attardé qui regarde ça (et qui peut potentiellement se palucher là-dessus).
« à la rigueur, le film fait quelques tentatives dans le gore »
Quand on en arrive à un tel constat, on essaye de se raccrocher à ce qui peut paraître un peu positif. Et à la rigueur, le film fait quelques tentatives dans le gore. Alors c’est léger, mais ça a le mérite d’être notifié. Le scénario essaye d’être assez original dans les différentes mises à mort, et cela donne lieu à des séquences un peu cracra. On pense à ce premier bougre qui chute d’une falaise, se retrouve paralysé et va se faire becqueter vivant par des crabes. Le coup du type qui se fait mordre par une nuée de serpents, ou encore la fille qui vieillit à grande vitesse sont autant de morts rigolotes, mais qui pêchent un petit peu par des effets spéciaux qui étaient déjà datés pour l’époque. Et puis on sent vraiment l’inspiration autour de Destination Finale, à l’image de cette mort par accident de voiture.
Néanmoins, malgré ces quelques fulgurances gores, le film reste désuet de par sa mise en scène. C’est relativement terne, l’ensemble manque cruellement de point de vue, et in fine, Open Graves ressemble à n’importe quelle production indigne des salles de cinéma, et qui voit son avenir dans les bacs à dvd pas chers. Et ce qui est assez étonnant, c’est qu’Alvaro de Arminan a pourtant un bagage cinématographique important. Quand on jette un œil sur sa carrière, il a commencé comme second assistant réalisateur pour Pedro Almodovar sur des films comme En Chair et en Os et Tout sur ma Mère. Visiblement, le bougre n’a rien appris de ces expériences, et il reste aujourd’hui encore un parfait inconnu. Il est d’ailleurs retourné faire ses assistances à la réalisation, mais sur des téléfilms espagnols…

Au final, Open Graves est un très mauvais film qui a essayé de surfer sur la vague des bons films d’horreur des années 2000, mais qui a lamentablement échoué. On sent que le réalisateur mise tout sur sa tête d’affiche, mais même la pauvre Eliza Dushku se demande ce qu’elle est allée faire dans cette galère. Ringard, aux effets spéciaux dépassés et au scénario qui ne raconte rien, on peut dire qu’Open Graves est un navet, qui a dû laisser un goût amer dans la bouche de son réalisateur, qui retournera alors dans l’assistance de réalisation, mais pour la télé.
Note : 04/20
Par AqME
