De : Peter Thorwarth
Avec Peri Baumeister, Carl Koch, Alexander Scheer, Kais Setti
Année : 2021
Pays : Allemagne, Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Lorsque des terroristes tentent de détourner leur vol, une femme voyageant avec son fils et atteinte d’une maladie mystérieuse est forcée de dévoiler un sombre secret.
Avis :
Il semblerait que les avions soient une bonne base de départ pour fournir des scénarios d’épouvante. Outre des thrillers tendus à huis clos dans un objet volant où un simple tir peut coûter la vie à tous les passagers, l’avion est aussi un terrain idéal pour susciter la peur. L’enfermement, mais aussi l’altitude et cette sensation de faiblesse permettent dès lors de créer une tension palpable. Et de mettre n’importe quoi à l’intérieur. En effet, nous avons déjà eu des zombies, des serpents, des terroristes, et voici que maintenant, on nous sert des vampires. Blood Red Sky est un film produit par Netflix, qui vient chercher des allemands pour tisser une intrigue nébulaire autour d’une maman atteinte d’un étrange syndrome. Sans être un immanquable de la plateforme, on sera surpris par la tournure des évènements et par le côté addictif du métrage.
Des Vampires dans l’Avion
Le scénario va jouer sur plusieurs tableaux. En premier lieu, on a la sensation de regarder un thriller en huis clos avec des terroristes qui veulent faire s’écraser un avion. On commence par la fin, avec un avion qui atterrit en catastrophe et un petit garçon qui en descend. Après ce flashforward, on va voir cet enfant, avec sa maman qui est malade et qui doit partir aux States pour se faire soigner. De ce nouveau départ un poil dramatique, le film continue sur sa lancée de thriller, mettant en avant une poignée de terroristes aux enjeux plus que troubles. On y retrouve tous les clichés du genre, avec le fou qui tire à vue, le patron sûr de lui ou le spécialiste des explosifs. Mais très vite, le film va prendre une tournure fantastico-horrifique en dévoilant que la mère du petit n’est pas malade mais souffre d’être une vampire.
C’est à ce moment-là que tout s’emballe et que les choses vont déraper pour les terroristes. Les attaques mystérieuses vont se faire nombreuses et les passagers vont alors être tiraillés entre ce monstre sanguinaire et ces malfrats qui n’hésitent pas une seconde à tirer. Le script est alors assez malin pour tisser une dichotomie chez les personnages, qui devront faire des choix entre aider ce monstre qui lutte contre sa nature, ou alors la zigouiller, sous peine d’aider les méchants. Les prises de conscience sont mal équilibrées, avec des gens qui changent d’avis en très peu de temps, ou encore d’autres qui resteront figés dans leurs idées, la faute à un accident, ou à une vampire qui a du mal à lutter contre sa nature et à boire du sang. Pour autant, l’ensemble reste efficace, notamment grâce à un rythme soutenu et une bonne utilisation de l’espace confiné.
Qui est le monstre ?
Peter Thorwarth, qui a écrit le film choc La Vague en 2008, offre une mise en scène plutôt agréable. Sans être vraiment marquantes, certaines séquences s’avèrent efficaces et surtout, le réalisateur essaye de donner de la contenance à son héroïne à travers quelques passages percutants. On pense notamment au moment où elle brûle le plus méchant des terroristes avec un zoom avant sur ses yeux dans lesquels se reflètent les flammes. Une scène qui fait alors écho à un flashback. Car oui, le film est blindé de flashbacks qui peuvent déséquilibrés le rythme du film, mais qui ont l’avantage de donner de la contenance à l’héroïne. Ainsi, elle n’est pas qu’une vulgaire vampire, mais avant tout une maman courage qui a vécu un drame et qui va tout faire pour sauver son fils unique. On ne peut reprocher au film d’essayer de donner de l’épaisseur à son personnage central.
Blood Red Sky joue aussi sur le fait que sa principale protagoniste est un monstre, mais qu’elle est peut-être plus humaine que le reste des terroristes qui, eux, sont bien humains. Du moins en apparence. Comme de nombreux films de monstres, et notamment ceux de Guillermo Del Toro dont c’est le sujet de prédilection, ici, le méchant n’est pas forcément celui qui est difforme aux yeux de la normalité. Le vampire, malgré son aspect disgracieux, va tenter de sauver les passagers contre une bande de méchants qui ont bien l’air humain. Ce thème sera aussi travaillé via cette mère courage qui va lutter contre sa malédiction et qui va devoir céder à la tentation plus d’une fois pour venir à bout des méchants. Certes, ce n’est pas subtil, mais les différents flashbacks approfondissent ce sentiment inéluctable de malédiction et d’envie de s’en sortir, ici en faisant confiance à la science.
Les dents trop longues
Globalement, le film est plutôt réussi. Le mélange des genres est plutôt agréable et il y a un bon équilibre entre tout ça. Cependant, le film n’est pas exempt de défauts. A titre d’exemple, les acteurs ne sont pas toujours justes, et on pourrait reprocher une approche trop simpliste des terroristes dont les enjeux sont inconséquents. Dominic Purcell y fait une intervention minime et seul Roland Moller tire son épingle du jeu grâce à son physique massif. Le film étire aussi un peu trop ses scènes. Plus de deux heures pour raconter cette histoire de vampire dans un avion n’est pas l’idéal. Certains flashbacks sont en trop et il y a des répétitions dans l’action, notamment lorsque certains protagonistes s’enferment dans la cabine du pilote. Le réalisateur a de l’ambition, mais le script et les conditions de tournage ne sont pas réunis pour faire un « grand » film long.
Au final, Blood Red Sky est un film plutôt surprenant, car malgré son mélange des genres et son pitch grillé par une affiche et une promo qui spoilaient les origines du mal, il est plutôt réussi. Peter Thorwarth arrive à bien gérer son histoire et son rythme, tout en arpentant un huis-clos pas si évident que ça à mettre en scène. Sans être un immanquable de la plateforme, le film fait son taf de divertissement horrifique et s’avère moins bête que d’autres métrages d’horreur se déroulant dans un avion.
Note : 13/20
Par AqME