avril 27, 2024

Family Business- La Beucherie est Ouverte

D’Après une Idée de : Igor Gotesman

Avec Jonathan Cohen, Gérard Darmon, Julia Piaton, Olivier Rosemberg, Liliane Rovère

Pays : France

Nombre d’Episodes : 18 (3 saisons de 6 épisodes)

Genre : Comédie

Résumé :

Joseph, 35 ans, fourmille d’idées de business… même s’il bosse toujours malgré lui dans la boucherie casher de son père Gérard. Lorsqu’il apprend de source « sûre » que le cannabis va être légalisé, c’est la révélation. Son idée de génie : transformer, à l’aide de sa famille et de ses potes, la boucherie familiale en « Beucherie »…

Avis :

Faire rire en série, en France, c’est plutôt compliqué. Car si on excepte les formats courts comme le furent Kaamelott ou encore Scènes de Ménage et consorts, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Il faut dire qu’en France, niveau série, on préfère taper dans le dramatique ou dans l’engagé. Igor Gotesman, à qui l’on doit notamment le film Five, a eu l’idée saugrenue de mettre en scène une famille juive qui va tomber dans la culture de cannabis. Un scénario qui laissait présager de drôles de situations, porté par un casting idéal, avec notamment un Jonathan Cohen que l’on voit partout et un Gérard Darmon en père grognon. Et c’est ainsi que Family Business, l’une des premières productions Netflix française, va voir le jour, pour notre plus grand bonheur.

Une beucherie

Le script se déroule sur trois saisons. La première est là pour planter le décor et montrer l’ascension de la famille dans le milieu du cannabis. Tous les membres vont se manipuler, se monter le bourrichon pour mettre en place un trafic juteux qui est promis à un bel avenir si le ministre de la santé tient ses promesses de légaliser le cannabis. Bien entendu, rien ne va se passer comme prévu, et cette première saison sera idéale pour présenter les personnages et leurs relations. Ainsi donc, on va découvrir les blessures d’un père qui a perdu son amour de toujours et qui veut garder la boucherie, tant les souvenirs lui pèsent. Un père dur avec son fils, qu’il voit comme un looser, mais qu’il admire pour sa ténacité. Le fils, quant à lui, ne veut absolument pas être boucher et souhaite trouver un concept novateur pour gagner beaucoup d’argent.

Manque de bol, il rate à chaque fois ses coups, se faisant planter par ses potes, ou n’arrivant jamais à concrétiser ses objectifs. La relation père/fils est donc houleuse, mais on sent un profond amour entre les deux personnages. La sœur, lesbienne, va être un peu la résistance de cette famille, celle qui tente d’apaiser à chaque fois, car c’est la seule à avoir les pieds sur terre. Malheureuse en amour, elle trouve tout de même son compte avec cette famille farfelue. Une famille qui gravite autour de la grand-mère, une femme forte, grande gueule et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Enfin, on découvre aussi les amis de la famille, entre Olivier le meilleur ami qui est toujours dans les mauvais coups, Ali qui doit s’imposer pour avoir la confiance, ou encore Aida, la copine, sœur d’Ali et de Youssef qui vient de sortir de prison.

Guerre des gangs

Une fois tout ce petit monde mis en place, Family Business va prendre le temps d’installer l’intrigue qui tourne autour du trafic de cannabis. Les relations se tendent lorsqu’Aida apprend cela, elle qui refuse de parler à son frère qui sort de prison, alors qu’il est tombé pour le même méfait. Cependant, leur culture est tellement bonne qu’elle attire le regard de certains gangs, dont celui d’une femme frappadingue qui va tout faire pour les faire chanter. La série devient alors plus lugubre, et un peu plus folle. La deuxième saison démarre sur les chapeaux de roues, avec un Joseph qui veut arrêter le trafic pour récupérer sa femme et ses trois enfants. Manque de pot, ce n’est pas la volonté de la famille qui commence à amasser un paquet de pognon. Des choix devront alors être faits entre l’argent et la famille.

Avec cette deuxième saison, la série part plus loin dans les délires et tape dans le politiquement incorrect, ce qui manquait cruellement à la première saison. Certaines scènes sont cocasses quand d’autres frôleront le gore. Certains personnages s’imposeront, comme la grand-mère qui devient sénile, ou Clémentine, la copine d’Olivier, le meilleur ami, qui est complètement tarée. Visant toujours plus gros, la série prend des allures de Prison Break déjantée avec un final qui appelle à une troisième saison. Le problème avec cette deuxième saison, c’est que parfois, elle va tellement loin que l’on frôle l’improbable et certaines séquences manquent d’impact. Par exemple, lorsque ça veut créer de la peur, avec les enfants de Joseph, ça ne marche pas vraiment, la faute à un scénario qui est toujours dans la gaudriole et oublie parfois d’être plus sérieux.

Le Cartel

Enfin, la troisième saison va partir beaucoup trop loin. Alors certes, ce ne sera pas un réel défaut, car Igor Gotesman annonce dès la fin de la deuxième saison que cette troisième partie serait folle, mais on restera un petit peu sur notre faim. Il faut dire que les thèmes sont trop nombreux et que certaines situations sont grotesques. On pense à Clémentine et ses allusions au sexe qui prennent trop de place. On peut aussi citer son segment avec Youssef, qui frôle souvent le n’importe quoi et manque de liant avec l’intrigue. Fort heureusement, on se rattrapera avec la famille enfermée dans cette église, qui trouvera un nouveau trip avec des champignons hallucinogènes, permettant alors tout et n’importe quoi. L’épisode où Joseph et Olivier sont complètement explosé est vraiment sympathique, même si on ressent un gros manque de budget pour faire un truc à la Danny Boyle.

L’autre point faible de cette troisième saison provient du méchant, Léonard, qui manque de charisme et d’impact. Certes, il est imprévisible et sa voix lui confère un caractère un peu débile, mais l’acteur n’est pas très bon et il n’est pas à la hauteur du casting de la famille, qui est vraiment dingue. On regrettera aussi l’absence de la grand-mère, Ludmila, qui part faire des cultures de cannabis en Amérique du Sud. On se rattrapera alors avec ce médecin allemand raciste et complotiste, donnant lieu à de savoureux dialogues entre lui et Joseph qui va tout faire pour sauver son père.

Au final, les trois saisons permettent à Family Business d’avoir une fin et de proposer quelque chose de vraiment différent dans le sillon des séries françaises. Sans être un monument du genre, la série d’Igor Gotesman sait se faire plaisante, drôle et décomplexée, chose qui manque atrocement dans l’audiovisuel français. Mais en plus de cela, elle tisse de belles relations entre les personnages, démontrant que la famille est ce qu’il y a de plus important, et qu’elle peut se construire au fil du temps, en fonction des rencontres que l’on fait et des aventures que l’on vit. Bref, une série plus que conseillable, malgré une dernière saison un peu en deçà du reste.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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