Avis :
Mastodonte de la scène Métal, membre du Big Four lorsque l’on parle de Thrash américain, Megadeth est une institution à lui tout seul, et chaque album est attendu avec une certaine fébrilité. Cependant, il s’agit aussi d’une formation fragile, qui doit s’acoquiner avec le tempérament fougueux de son frontman, Dave Mustaine. En effet, connu pour son caractère bien trempé, le guitariste et chanteur du groupe fait sans cesse des va-et-vient avec ses musiciens, tant et si bien que parfois, l’on si perd. Pour ce seizième album, alors même que Mustaine sort d’un cancer de la gorge, il décide de bouger un peu les lignes de son line-up, gardant alors Kiko Loureiro d’Angra pour faire les solos, rappelant James LoMenzo pour les lignes de basse (qui était déjà dans le groupe entre 2006 et 2010) et garde Dirk Verbeuren (Soilwork) aux fûts.
Ainsi donc, The Sick, the Dying… and the Dead ! fait suite à Dystopia, qui n’a pas forcément remporter tous les suffrages. On est assez loin des débuts du groupe, même si on reconnait la patte Megadeth, et que certains morceaux vont toujours mouche. Qu’en est-il avec ce nouvel opus, qui semble promettre une ambiance moins nihiliste, et un univers plus western ? La première réaction que l’on va avoir, c’est que tout cela reste assez mou du genou. Du moins dans sa première partie, qui a du mal à s’installer, avec de longs morceaux et des partitions de guitare bien fichues, mais qui manquent d’impact. Fort heureusement, la deuxième partie envoie un peu plus, avec des morceaux plus courts, plus efficaces, où les riffs donnent bien envie de se déloger la nuque. De ce fait, en l’état, ce seizième skeud s’avère plaisant, mais il aurait pu être mieux.
L’album s’ouvre avec le titre éponyme de la galette, et si le titre est plutôt agréable, il constitue un petit peu les frustrations des premières écoutes. Le titre est trop long, le solo est plutôt attendu, et la batterie est trop martiale pour pleinement convaincre. De plus, on sent qu’au niveau du rythme, il manque un peu de nerf à l’ensemble pour vraiment nus emporter. C’est loin d’être mauvais, mais pour du Megadeth, c’est presque quelconque. Heureusement, Life in Hell va redorer un peu le blason du groupe. Moins long et moins complexe dans son univers, on retrouve un Dave Mustaine plus à l’aise dans un chant typique et granuleux. Rythmiquement, le titre est plus intéressant, et ne se contente pas d’une ambiance un peu travaillée pour tricoter autour. Ça va droit au but, et c’est comme cela que l’on aime le groupe.
Et puis on sent que Kiko Loureiro est plus à l’aise là-dessus, devenant alors bien plus inspiré. Night Stalkers va revenir vers quelque chose de plus tortueux où l’ambiance prévaut sur le reste. L’apport d’Ice-T est surprenant, mais il reste tout de même vu comme un happening plus que comme un featuring pertinent. Après, le morceau est solide, mais il lui manque un petit truc en plus pour nous faire tiquer. Ce sera le même cas avec Dogs of Chernobyl, qui s’amuse avec une introduction à base de compteur Geiger et autres aboiements de clébards, mais globalement, le titre ne marque pas plus que ça et c’est bien dommage. Quant aux deux autres titres qui arrivent ensuite, ils sont carrément transparents, surtout Sacrifice qui est un morceau random, sans identité. Junkie a au moins le mérite d’avoir un refrain percutant qui reste bien en tête.
Et étrangement, c’est après l’interlude Psychopathy que le groupe reprend vraiment les choses en main. Killing Time manque peut-être de rugosité dans les riffs, mais il s’avère un titre ultra efficace dont le refrain est catchy en diable. Mais ce sera surtout avec Soldier On ! que l’on retrouvera un Megadeth inspiré et fortiche. Le morceau est une tuerie, avec une vraie identité et une volonté de tout casser sur son passage. On retrouvera un peu de ça avec Célebutante et son introduction ultra percutante, même si le titre est à l’image du groupe, sans doute un peu trop, avec un manque d’originalité. Mission to Mars va prendre des risques, qui s’avèreront payants, avec un vrai travail sur l’atmosphère. Et même si on sort un peu du cadre « western », ça reste bien foutu. Et We’ll Be Back démontre l’envie de Mustaine de revenir pour tout casser.
Au final, The Sick, The Dying… and the Dead ! est un album qui piétine un peu au début, mais qui trouve un bon rythme de croisière dans sa seconde partie. Montant crescendo, on retrouve le bon Megadeth après l’interlude, où Kiko Loureiro peut s’exprimer un peu plus, et où la rythmique prend une bonne petite claque derrière la nuque. Bref, ce n’est pas le meilleur album de Megadeth, loin de là, mais ça reste du pur Thrash à l’ancienne, qui permet d’entendre la bonne rémission de Mustaine et d’espérer quelques albums supplémentaires.
- The Sick, the Dying… and the Dead !
- Life in Hell
- Night Stalkers
- Dogs of Chernobyl
- Sacrifice
- Junkie
- Psychopathy
- Killing Time
- Soldier On !
- Célebutante
- Mission to Mars
- We’ll Be Back
Note : 14/20
Par AqME