Avis :
Quand on est fan de métal et de cinéma d’horreur, il y a une figure incontournable dans le domaine, Rob Zombie. Il devient connu à la fin des années 80 en fondant White Zombie. Puis par la suite, il va se construire une sorte de carrière solo en son nom, tout en s’entourant de musiciens tels que John 5 à la guitare. En parallèle de ça, il va faire son petit bout de chemin dans le cinoche, proposant des films d’horreur efficace au début, puis de plus en plus mauvais. Rob Zombie est un stakhanoviste. Il bosse tout le temps, que ce soit dans le cinéma ou dans la musique et il propose de manière régulière des œuvres qui restent fidèles à son image, bordéliques, bouillonnantes, référencées et ultra généreuses. Cela permet d’avoir des fulgurances géniales comme des moments plus branques. La preuve avec cet album.
Comme à son habitude, Rob Zombie propose un album fourmillant d’idées et blindé de titres. Dix-sept pour être exact, mais comme à chaque fois, sur tous ces titres, certains ne sont que des interludes de quelques secondes, essayant de créer une sorte d’ambiance au sein de l’album. Et on va commencer par-là, car c’est bien l’un des points faibles de l’album. En effet, si certains artistes arrivent à créer une ambiance tout du long, à mettre des sonorités qui correspondent à un thème (comme le dernier Chevelle avec son exploration spatiale), ici, c’est un peu le bordel. Six ne servent strictement à rien et coupent même le rythme de l’album. C’est dommage car cela a tendance à nous sortir du délire qui demeure assez bon au demeurant. Rob Zombie, à force de parfaire son image de gros maboul décérébré, oublie de fournir de la cohérence à son album.
Outre ces interludes, on trouvera une paire de morceaux qui dépasseront à peine les deux minutes. Deux titres qui pourraient presque se voir comme de longs interludes, mais aussi comme des morceaux à part entière. The Much Talked of Metamorphosis est un titre instrumental tout doux, à la guitare sèche, qui démontre que le groupe est capable de fournir des titres plus soft, moins gras, et totalement maîtrisé. Néanmoins, ce titre fait office d’hors-sujet au sein de l’album. C’est le seul qui est comme ça et il tombe comme un cheveu sur la soupe. L’autre morceau est The Satanic Rites of Blacula, un titre punk dans l’âme, qui tabasse bien, surtout sur la batterie et son intro rigolote, mais qui se termine bien trop vite. Il s’agit d’un morceau qui a du potentiel, mais qui n’est pas pleinement exploité ce qui est dommage.
Pour le reste, Rob Zombie nous gratifie de titres qui sont très bons, très enjoués, avec des riffs puissants et gras. The Triumph of King Freak (a Crypt of Preservation & Superstition) est une entrée en matière très puissante, avec un groove à faire danser les morts. Toujours accompagné de John 5 et Piggy D, le chanteur se lâche complètement sur un morceau qui évoque les belles années de White Zombie. L’ensemble est dense, cohérent, et on pardonnera même les morceaux éthérés au sein des titres, qui, encore une fois, nous sortent du délire un peu virulent. A force de trop en faire, le groupe propose à chaque des passages qui manquent de vigueur et qui parfois tombent à plat. Un peu comme le moment « électro » au milieu de Shake Your Ass – Smoke Your Grass. Un titre absolument génial mais qui se perd en cours de route.
Enfin, certains longs titres ne tiennent pas vraiment la route. Soit parce qu’ils sont trop légers et manquent de moments marquants, soit parce qu’ils sont trop… bordéliques. Le plus bel exemple demeure 18th Century Cannibals, Excitable Morlocks & a One-Way Ticket on the Ghost Train. Déjà, le titre est bien long, et le morceau l’est tout autant. Puisant ses références dans la country et s’imaginant dans un western horrifique à tendance bis, le chanteur oublie de faire quelque chose de percutant et cohérent. Les ruptures tombent à plat et le titre est bine trop long pour être un bon moment. A l’image de l’album, c’est un maelström d’idées perdues dans une sorte de mélodie un peu mal torchée qui a de bons moments, mais qui nous laisse sur le carreau.
Au final, The Lunar Injection Kool Aid Eclipse Conspiracy, le dernier album de Rob Zombie, nous laisse le cul entre deux chaises. Il y a dedans de très bons morceaux qui sont perdus dans un déluge d’idées mal branlées et montées à la truelle. Un peu à l’image de ses derniers films, Rob Zombie veut tellement en faire qu’il en oublie la cohérence et la « propreté », préférant jouer sur son image crasse et ses montages crapoteux. Cependant, il reste fidèle à son image, à son univers, et rien que pour ça, il mérite tout notre respect.
- Expanding the Head of Zed
- The Triumph of King Freak (a Crypt of Preservation & Superstition)
- The Ballad of Sleazy Rider
- Hovering Over the Dull Earth
- Shadow of the Cemetery Man
- A Brief Static Hum & Then the Radio Blared
- 18th Century Cannibals, Excitable Morlocks & a One-Way Ticket on the Ghost Train
- The Eternal Struggles of the Howling Man
- The Much Talked of Metamorphosis
- The Satanic Rites of Blacula
- Shower of Stones
- Shake Your Ass – Smoke Your Grass
- Boom – Boom – Boom
- What you Gonna do with that Gun Mama ?
- Get Loose
- The Serenity of Witches
- Crow Killer Blues
Note : 14/20
Par AqME