avril 24, 2024

Sentinelle

De : Julien Leclercq

Avec Olga Kurylenko, Marilyn Lima, Michel Nabokov, Martin Swabey

Année : 2021

Pays : France

Genre : Thriller, Action

Résumé :

Klara qui a trente-trois ans. Elle est interprète dans l’Armée Française. Après avoir connu les horreurs de la guerre en Syrie, elle est mutée à Nice au sein de l’Opération Sentinelle. Là, auprès de sa mère et de sa sœur Tania, elle tente de se reconstruire. Mais un soir, après une sortie en boîte de nuit, Tania est retrouvée à moitié morte sur plage. Elle a été violée et tabassée. Klara va alors tout mettre en œuvre pour retrouver les agresseurs et venger sa sœur. Cette traque sans merci la mènera sur les traces d’Yvan Kadnikov, le fils d’un puissant oligarque russe de la Côte d’Azur…

Avis :

Des médisants diront que Netflix, c’est le vide absolu. Créateur de contenu et non plus d’œuvres, il faut néanmoins laisser à Netflix le fait de produire des films dans le monde entier et de laisser sa chance à quelques réalisateurs connus, ou pas. Et c’est un peu le cas de Julien Leclercq. Réalisateur français qui vise uniquement à produire du thriller d’action nerveux, on ne peut pas dire que sa filmographie respire le chef-d’œuvre. Pire, elle est ponctuée de films que l’on préfère oublier, tant ils sont mauvais. Pour autant, la plateforme de streaming lui fait confiance en 2020 avec La Terre et le Sang, où Sami Bouajila affrontait des dealers pas gentils dans une scierie. Le film est raté, totalement, mais ce n’est pas pour autant que Netflix et le réalisateur baissent les bras. Et pourtant, Dieu seul sait qu’ils auraient dû…

Sans Tinelle

Le film débute dans un pays en guerre, où l’armée française va subir une attaque terroriste, laissant Klara avec un joli traumatisme. De retour en France, à Nice, elle s’engage dans l’opération sentinelle, mais son syndrome post-traumatique prend souvent le dessus et elle fait quelques bavures. Un jour, sa sœur est retrouvée violée et tabassée. Klara va alors mener son enquête et découvrir qu’un riche russe est à l’origine des violences faites à sa sœur. Le pitch est très simple. Julien Leclercq ne lambine pas, va à l’essentiel et veut frapper fort avec ce qui s’apparente à un revenge movie burné. Mais ce ne sera pas vraiment le cas. Le principal défaut de ce film provient de son écriture et de ses personnages dont on se fout pas mal. Il n’y a pas de caractérisation, pas d’effort fourni pour ressentir de l’empathie envers Klara.

On nous fournit une jeune femme blessée, psychologiquement, mutique malgré une sœur enjouée, et qui va ne faire que subir sans jamais vouloir se soigner. Le film n’aborde jamais le trauma comme élément perturbateur du film. Klara reste avec ses problèmes, vit mal avec ça, mais ne semble pas décidée à aller mieux. Pire, Sentinelle va pousser le vice à démontrer que la vengeance et la violence exacerbée peut servir de catharsis à son mal. La scène de fin est assez équivoque là-dessus. Les personnages secondaires sont insipides, voire inutiles, et le grand méchant est une caricature qui ne sert strictement à rien. On veut bien comprendre la démarche du cinéaste qui veut fournir un cinéma vif et sans concession, mais cela ne marche pas car on a la sensation d’un script écrit à la va-vite et de personnages fonctions insipides.

Pub géante

L’autre gros point négatif de ce film, c’est sa mise en scène. Déjà, il faut savoir que Julien Leclercq a de gros soucis dans la majorité de ses films, l’éclairage. A force de vouloir de la lumière naturelle, on ne voit rien dans ses métrages. Pour Sentinelle, on a l’impression qu’il a fait un effort, même s’il n’en faut pas beaucoup pour éclairer Nice. Bref, ici, ce n’est pas ça le problème, c’est sa propension à filmer l’inutilité au ralenti. Pourquoi cette fin au ralenti où l’on voit l’héroïne faire un footing ? Pourquoi filmer l’explosion du début au ralenti ? L’esthétique n’a pas vraiment sa place ici et concrètement, ça alourdit le métrage. Et cela, c’est sans compter sur des scènes d’action qui semblent accélérées et qui sont souvent illisibles. Notamment celle dans les toilettes de la boîte de nuit où les cuts sont beaucoup trop nombreux.

Sentinelle a un souci de mise en scène qui aboutit à un souci de rythme. Malgré sa faible durée, environ une heure et quart, le film ennuie plus qu’autre chose. Alors cela provient des interactions factices mère/fille ou gentil/méchant, mais aussi d’une absence totale de fond. Le film ne raconte rien, ne propose rien à réfléchir, si ce n’est une publicité géante pour l’armée française. Il ne manque plus que le sponsor et un petit « engagez-vous » sur le générique de fin. C’est tout de même dingue de vouloir faire un film d’action nerveux, et de ne rien en faire, hormis trois scènes de baston, dont on se fout éperdument parce que le personnage central est antipathique au possible. La pauvre Olga Kurylenko donne de son corps (dans tous les sens du terme) et pourtant, elle ne parvient jamais à transcender son personnage.

Rien à foutre

Avec ce film, on a clairement la sensation que Julien Leclercq n’en a rien à foutre. De ses personnages, de son histoire, si ce n’est de faire un plan de baise lesbien gratos et de mettre en avant quelques plans d’action décérébrés. Il s’en bat tellement les couilles, que même la cohérence est jetée sous le tapis. L’héroïne n’est jamais punie pour ses dérives lors des rondes. Elle rentre en tenue de soldat dans la baraque surprotégée du russe sans jamais se faire repérer. Elle se fout royalement de sa sœur, qui fait un arrêt cardiaque et qui n’a pour seule obsession de retrouver la méchante qui a fait ça (et qui la trouve dans un hôpital gigantesque alors qu’elle ne l’avait pas vu auparavant). Bref, rien ne va dans ce film.

Au final, Sentinelle est un très mauvais métrage. On se demande même comment Netflix a pu mettre de l’argent dans un tel projet tant tout est bancal. Non seulement c’est moche et mal filmé, mais en plus de cela, le scénario est creux, les personnages sont inexistants et il n’y a même pas de fond. On valide clairement la vengeance comme bienfait pour combattre ses démons intérieurs. Bravo la morale ! Bref, un film à éviter de toute urgence et qui pourtant semble cartonner un peu partout… Monde de merde.

Note : 02/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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