avril 25, 2024

Smash Hit Combo – L33T

Avis :

A la fin des années 90 et au début des années 2000, un nouveau genre émerge de la scène Métal, le Nu-Métal. Vu comme une hérésie par les puristes, il s’agit d’un mélange entre des riffs purement Heavy, voire Death, et un chant en rap. Parmi les groupes les plus connus, il y a bien sûr Limp Bizkit, et la France ne va pas tarder à avoir son lot de formations qui singent ce style. Pleymo et Enhancer seront les fers de lance d’un genre qui ne prendra pas vraiment, même si aujourd’hui, on a encore quelques résistants, à l’image de Smash Hit Combo. Originaire d’Alsace, le groupe se forme à la fin des années 2000 et s’inspire de ses aînés pour sa musique, très agressive, avec de gros riffs bien gras et un chant rappé très rapide.

Utilisant les jeux vidéo comme outil principal pour écrire leurs textes, la formation va rapidement se faire connaître, offrant alors un album tous les deux/trois ans. L33T est le quatrième effort de Smash Hit Combo et il va se démarquer des autres albums par une petite différence, la venue d’un chant en anglais, ce qui déroutera les fans et fera du tort au groupe, qui s’est toujours vanté de chanter en français. Pourvu de deux disques distincts, l’un tout en anglais avec le chanteur None Like Joshua, et l’autre tout en français avec HP, on peut dire que les frenchies ont vu grand, et c’est peut-être ce qui explique leur petite absence, car depuis, ils n’ont sorti qu’un petit EP en 2021. Mais revenons à ce double-album ambitieux.

Déjà, on va noter quelques différences d’écriture entre celui en anglais et celui en français. Une écriture qui se veut plus mature dans la version anglaise, avec des thèmes plus intéressants et des moments plus percutants. Must Divide en est un exemple flagrant, où l’on sent bien que le groupe n’est pas là pour faire dans la dentelle. On peut aussi citer Blinded avec son démarrage qui fait très Mathcore et son riff sauvage qui nous met K.O. très rapidement. Bref, on en prend plein les oreilles, mais on retiendra aussi une voix un peu trop nasillarde et qui parfois ne s’accorde pas avec les mélodies. Ainsi, malgré des textes plus travaillés, on reste sur un ressenti ambigu, où l’on aurait aimé que le groupe fasse mieux.

A contrario, la version française est plus ambitieuse dans le chant. On retrouve un chant crié puissant et proche d’un Deathcore virulent, alors que les paroles rappées sont parfaitement maîtrisées, notamment dans la rythmique et la façon de scander les paroles. Die and Retry est par exemple un parfait melting-pot du mélange des deux chants. Cependant, les paroles demeurent écrites à la truelle. C’est bien simple, c’est ultra régressif et on a parfois l’impression que c’est un gosse de quinze ans qui a écrit les textes. Plan B ou Spécimen sont des passages qui frôlent parfois l’exaspération, tant c’est mal écrit ou exprime des sentiments adolescents un peu désuets. Mais d’un autre côté, c’est ce qui fait le charme de Smash Hit Combo, qui ne s’est jamais caché de son aspect un peu beauf.

Pour le reste, on navigue tout de même en terrain connu pour les amateurs du genre. C’est très régressif, c’est très percutant dans les mélodies, avec des accès Mathcore complexe qui frôlent parfois la musique électro. L’énergie est communicative et les deux albums ne s’arrêtent jamais. Si ce n’est pour Falls Apart en version anglaise, qui pourrait presque s’apparenter à une ballade (du moins pour le groupe) ou Blackout dans la version française, où là on est dans quelque chose de plus dark. Globalement, on ne peut qu’être satisfait de cet effort qui offre ce que l’on est venu chercher. Pour autant, les multiples références aux jeux vidéo, les quelques passages sur Batman avec Arkham Asylum, démontre comme un refus de grandir, du moins dans les paroles, et c’est dommage de ne pas voir le groupe évoluer depuis quelques années.

Au final, L33T n’est pas un album raté ou désagréable, mais il possède comme un manque d’équilibre. La version anglaise possède des paroles mieux écrites, mais on est moins touché par les mélodies, alors que la version française est assez régressive sur les textes, mais fournit une énergie mammouth dans les compositions. En fait, on fait face à un album qui a deux faces qui ont du mal à coexister, et qui pourtant s’assemble bien l’une à l’autre. Un sentiment dichotomique étrange, qui a son charme, comme il peut rebuter plus d’une personne.

CD1

  • Rise and Fall
  • Spin the Wheel
  • Falls Apart
  • Must Divide
  • Evil Within
  • Blinded
  • Parasite
  • No One to Save
  • Mind Split
  • The Prayer
  • Again
  • Plan B (version française)

CD2

  • RPG
  • Spécimen
  • Die and Retry
  • Blackout
  • Ras le Bol
  • Point de Non Retour
  • Arkham Asylum
  • Game Over
  • New Challenger
  • Inclassable
  • Court-Métrage
  • Plan B (English Version)

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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